agbeyome_18mai2013


L’homme est parfois comme un caméléon. Il prend la couleur du milieu où il se trouve. Cette vérité, on la découvre avec certains leaders politiques qui se targuent du titre ronflant d’« opposition républicaine ». Un curieux concept imaginé pour tenter d’embrouiller les esprits faibles.
 
On s’abrite derrière cette nouvelle trouvaille pour prendre des positions alambiquées sur certains sujets politiques. En fait une girouette politique capable, sans scrupules, de piocher dans tous les râteliers. On a vu en effet ces opposants dits « républicains » qui naguère critiquaient vertement le pouvoir mais qui, depuis qu’ils sont « rentrés dedans », font l’apologie de ce même régime. Ces opposants étaient allés jusqu’à traiter Faure Gnassingbé de « délinquant ». Aujourd’hui, ils ne s’embarrassent guère pour s’afficher avec lui. Voilà la principale caractéristique de l’« opposant républicain ». Inconstant et versatile à souhait.
 
« Soyez mousquetaire ou abbé. Soyez l’un ou l’autre, mais pas l’un et l’autre » (Alexandre Dumas)
 
L’organisation des élections locales a été l’une des préoccupations politiques ces dernières semaines. L’opposition en a fait sa priorité. Les partenaires au développement du Togo ne sont pas en reste. Ils n’ont de cesse de demander au pouvoir de définir l’agenda des réformes politiques et celui des élections locales. Des appels auxquels est resté sourd le gouvernement. Les dernières élections locales au Togo, faut-il le rappeler, remontent à 1987. C’est d’ailleurs le seul pays dans la région ouest africaine à ne pas donner corps à la décentralisation et aux élections locales.
 
Une situation que trouve normale l’opposant républicain, Agbéyomé Kodjo. Pour lui, il faut continuer à prendre le temps, rien ne presse. « Le fait d’avoir pris du retard dans la décentralisation au Togo, c’est aussi une bonne chose », car, justifie-t-il, cela « a permis de voir les erreurs des autres et de ne pas tomber dans les mêmes erreurs ». Sauf que cela fait déjà 30 ans que le Togo traîne les pieds dans l’organisation des élections locales. Agbeyomé Kodjo peut-il nous dire combien de temps d’observation faut-il encore prendre afin de ne pas tomber dans les travers des autres pays ?
 
Ce qui est un peu gaga, c’est qu’il y a quelques semaines, le président de l’OBUTS servait carrément un autre son de cloche. Le 7 novembre 2015 en effet, le parti OBUTS avait organisé sa première université politique dont le thème avait porté sur les enjeux de la décentralisation. A l’occasion, voici ce que disait Agbéyomé Kodjo : «La dévolution des compétences municipales au profit de « délégations spéciales » mises en place depuis des décennies ne constitue pas un catalyseur de la démocratie locale de laquelle émergeraient des pôles de croissance et d’emplois, pour l’épanouissement de la jeunesse et des populations de base; souhaits que nous formons de tous nos vœux».
 
Il poursuit : « Dès lors, il devient, me semble-t-il, urgent que le processus de la décentralisation soit relancé afin qu’a brève échéance, des élections locales puissent être organisées afin de donner du souffle au champ politique, et libérer subséquemment le potentiel d’énergie et de richesses qui gisent dans nos collectivités locales ». Qu’est-ce qui s’est passé en quatre mois pour que l’opposant républicain change aussi radicalement ?
 
En tout cas, comme le dirait l’autre, Agbéyomé Kodjo est plus à plaindre qu’à combattre.
 
Médard Ametepe
 
source : Liberté Togo
 

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