Le campus universitaire de Kara est transformé pendant toute la journée de lundi en un terrain de bataille où étudiants et forces de l’ordre s’affrontent. C’est dans ce climat tendu que les cours ont repris hier.
 
Lorsqu’on parle de crise universitaire, les Togolais ont la peur au ventre. C’est parce qu’ils se souviennent encore des manifestations estudiantines émaillées de violences qui ont eu lieu au début du mois de décembre de l’année dernière.
 
Et suite à ces manifestations, le gouvernement togolais avait invité les manifestants à la table de négociation. Au terme des discussions, des accords ont été signés entre les responsables des étudiants et le gouvernement. Malheureusement la mauvaise foi des autorités gouvernementales est à l’origine de nouvelles crises dans les universités du Togo.
 
s. Comme c’est souvent le cas, les étudiants ont répliqué au lancer de gaz lacrymogènes par des jets de pierres dans le camp adverse. Cette situation a duré pendant plusieurs heures. En plus, les forces de l’ordre étaient postées dans tous les grands carrefours pour réprimer une éventuelle sortie des étudiants en ville.
 
En effet, la police est allée pour empêcher les étudiants de tenir une assemblée générale qui a été prévue au cours de cette matinée. Ces dernies ont voulu, par cette assemblée générale, exprimer leur mécontentement et leur désolation face à la mauvaise foi du gouvernement
 
« Malgré la répression dont nous sommes victimes, nous allons lutter jusqu’au dernier souffle. Je me pose la question de savoir si les autorités togolaises sont conscientes de la misère dans laquelle se trouve l’étudiant togolais. Pourquoi le gouvernement ne veut pas faire sortir de l’argent ? Comment l’étudiant peut-il joindre les deux bouts surtout avec le système LMD, système dans lequel les cours sont vendus comme une marchandise sur la place du marché ? Les soi-disant gouvernants de ce pays doivent nous satisfaire pour que la situation ne s’aggrave pas », vocifère un étudiant en sociologie. Et un autre de la Faculté de Droit d’expliquer ce qui se passe : « Selon l’accord qui a été signé entre étudiants, autorités universitaires et le gouvernement, il y avait les conditions d’accès aux bourses et les étudiants ne répondant pas à ces conditions ne devraient se contenter que des tranches d’aide. Mais force est de constater que tous les étudiants répondant aux conditions d’attribution de bourses, malheureusement n’en bénéficient pas tous et c’est également une minorité qui bénéficie des tranches d’aide. C’est une situation anormale et nous demandons expressément au gouvernement de rectifier le tir ».
 
Depuis hier, les cours ont repris malgré une forte présence policière sur le campus universitaire. Tout groupe d’étudiants est dispersé par les forces de l’ordre. Les deux camps s’épient. En revanche, les responsables d’associations menacent d’appeler à de nouvelles manifestations si des solutions durables ne sont trouvées à leurs problèmes.
 
G. Jérémie (Correspondant Région de la Kara)
 
Liberte N° 1177 du 22 mars 2012