Inculpé, jugé, condamné et envoyé en prison depuis juin 2021, Paul Missiagbeto recouvre sa liberté. Ceci, après neuf (09) mois de peine purgés contre quarante-huit (48) requis dont vingt et quatre (24) avec sursis. Si les combattants de la liberté se réjouissent de la relaxation du Conseiller spécial d’Agbéyomé Kodzo, des questions fusent, néanmoins au sujet des réels mobiles de cette libération presque passée inaperçue.

Enfin libre !

C’est une information rendue publique par Agbéyomé Kodzo, le candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) à la présidentielle de février 2020 dont est membre Paul Missiagbeto. «…le Conseiller spécial du Président Kodjo est libéré le vendredi 11 février 2022 après 9 mois de détention arbitraire », a notamment tweeté le Président national du Mouvement panafricain pour la démocratie et le développement (Mpdd). Ce dernier ne s’est pas privé, sur le coup, de se féliciter de cette libération qu’il juge être l’œuvre des «juges courageux». Le voilà libre enfin. Paul Missiagbeto revit depuis vendredi, une vie normale, auprès de sa famille.

Courage des juges ou effet Epu?

Satisfaction unanime certes. Mais face au silence qui l’entoure, nombreux sont les observateurs qui se questionnent sur les conditions dans lesquelles a intervenu cette libération. De sources proches de la Dmk, il nous revient que Paul Missiagbéto Yovo a été libéré sur décision de la Cour d’Appel en date du 10 février 2022. Une décision qui a annulé le jugement 1236/PR/2021 du 27 août 2021 qui condamnait donc l’homme du Mpdd à 24 mois de prison. La Cour d’Appel a par ailleus décidé de mettre les dépens à la charge du Trésor public. Si certains y voient un courage des juges, il apparaît tout de même que ce courage s’avère trop curieux. Ceci au point où certains analystes n’excluent pas une injonction politiqu. Une sorte de jeu de phare du pouvoir de Lomé à la DMK dans l’optique de l’inciter à rejoindre la table des discussions politiques en cours. Par ailleurs, cela résulterait du récent passage du Togo à l’Examen Périodique universelle en janvier dernier à Genève où l’une des recommandations essentielles aura été la libération des prisonniers politiques. Une réalité qu’a pourtant niée jusqu’alors le régime de Faure.

En effet, les travaux de la Coordination nationale des acteurs politiques ont fait place, en début de cette année 2022 au Cadre Permanent de Concertation (CPC) dont la première réunion s’est déroulée vendredi 21 janvier dernier à Lomé. Et sans surprise, cet énième cadre qui entend rassembler autour d’une même table les représentants de la majorité et de l’opposition pour discuter des questions politiques et de société, comme la lutte contre l’extrémisme et la promotion des droits de l’homme est de nouveau boycotté par la Dmk. Tout comme la Cnap, cette organisation des formations politiques et organisations de la société civile conditionne sa participation par des préalables. Notamment la libération des prisonniers politiques, et de façon globale, le règlement du contentieux électoral de février 2020.

On se demande, dès lors, si cette libération n’est-elle finalement pas un appât qui ferait mordre de l’hameçon à ce regroupement politique qui, soulignons-le, continue par réclamer la victoire de son candidat à la dernière présidentielle. Une lutte dont Paul Misiagbeto serait justement victime, aux dires de plusieurs autres analystes. Une hypothèse qui se révèle encore plus plausible au regard du mutisme qui entoure cette libération. Cela renvoie également, à l’hypothèse des retombées d’une éventuelle diplomatie de couloirs. Mais alors entre supputations, et questionnements, les yeux sont rivés vers la Dynamique qui se doit de communique. Soit une communication explicative sur le sujet, soit une hypothétique reconsidération de sa position vis-à-vis des travaux de ce nouveau cadre de discussions politiques qui est d’ailleurs en instance de formation de son bureau exécutif.

Plus loin, d’aucuns estiment que cette libération pourrait également être une stratégie de Lomé pour impressionner le comité des droits de l’homme des nations unies et bien d’autres organismes internationaux qui n’ont de cesse relever la restriction de l’espace des libertés publiques et individuelles au Togo.

Coup d’épée dans l’eau

Courage des juges ou effet Epu, l’un mis dans l’autre, cette libération, bien que salutaire, ne saurait être qu’un coup d’épée dans l’eau. Mieux, une certaine stratégie savamment pensée et mûrie par le laboratoire du régime cinquantenaire du père au fils. Sinon, elle devrait aussi s’étendre logiquement à d’autres acteurs qui se retrouvent dans le même pétrin que M. Missiagbéto. A l’image, par exemple, de l’opposant Djimon Oré. Arrêté depuis d’avril 2021, ce dernier est condamné le mois suivant (mai) à 2 ans de prison ferme, pour outrage aux autorités et diffusion de fausses nouvelles. Une éventualité qui paraît peu probable lorsqu’on connaît le poids relativement infime de cet acteur et de sa famille politique dans la balance politique du pays. Ce qui fait vraisemblablement de la Dmk, la meilleure cible à conquérir à tout prix.

Cependant, au regard des dernières évolutions de l’actualité nationale, une telle gymnastique ne ne saurait être suffisante pour entuber ces «nouveaux visages» d’un combattant désintéressé en faveur de la liberté et la bonne gouvernance. Plus intrépides, intègres et vigilants que jamais, ces derniers sont loin de laisser leurs ardeurs émoussées par ces artifices de décrispations.

Source : Fraternité / fraternitenews.info

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