Manifestation-du-CST-au-Togo-500
A l’appel du Collectif Sauvons le Togo et de la Coalition Arc En Ciel, les togolais sont sortis par milliers pour crier leur ras le bol sur le pouvoir sanguinaire et dictatorial de Faure Gnassingbé.

Cette manifestation s’inscrit dans la série des trois lancées par les deux regroupements pour exiger la libération des responsables et militants de l’opposition détenus arbitrairement dans le dossier des incendies des marchés de Lomé et de Kara.
Les hommes semblent reléguer au second plan, les femmes togolaises vêtues de rouge et noir en signe de deuil et de danger sont devant la marche et la lutte et ce depuis la mort d’Etienne Yakanou, militant de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), décédé dans des circonstances suspectes entre les mains de la Gendarmerie Nationale dans le dossier ténébreux des incendies. Cette mort semble être le goutte d’eau qui a débordé le vase et depuis les femmes de l’opposition sont déterminées à obtenir la libération des détenus et celle du peuple togolais. Elles ne lésinent pas sur les moyens, elles implorent les mannes des ancêtres et aïeux de l’indépendance au travers de rites spirituels. Pour cette première journée de manifestations, des rituels ont été observés à certains carrefours de la capitale. Elles jurent par tous les dieux que les vrais responsables des incendies vont mourir de façon atroce notamment par la foudre.
La trame de la manifestation de ce jour reste le décès tragique d’Etienne Yakanou avec la présence effective de la famille Yakanou avec en tête le chef de famille.

La famille a remis solennellement et symboliquement le corps de leur frère, mari et père aux forces démocratiques pour qu’elles enterrent ce militant convaincu dans la dignité et que sa mort contribue à accélérer l’aboutissement de la lutte pour la libération du peuple togolais enclenchée depuis bientôt 23 ans.

Malgré la tristesse effroyable qu’elle traverse, Madame Yakanou que plusieurs manifestants ont vu affaiblie a pu rallier la chute de la marche sur l’esplanade du palais des congrès où tout en larmes elle a déclaré : « moi j’ai déjà perdu mon mari, faites tout pour que les autres détenus sortent ». L’émotion était à son comble et l’opposition à la lourde responsabilité d’obtenir effectivement la libération des détenus innocemment jetés en prison et dont la santé de la plupart se dégrade de jour en jour suite aux conditions inhumaines de détention.

C’est dans cette ambiance et à quelques pas du palais des congrès que les étudiants qui ont tenté plus tôt dans la matinée mais en vain d’obtenir la libération de leurs camarades détenus, devant les locaux de la gendarmerie se sont rendus compte que leurs camarades étaient entrain d’être jugés en catimini.

La tension est montée d’un cran et de violents affrontements ont opposé forces de sécurité et jeunes manifestants. De nombreux dégâts sont constatés. Le ministère de la fonction publique pas très loin du palais de justice est saccagé avec au moins 07 véhicules brûlés par les manifestants selon nos informations de même que les vitres de l’hôtel Palm Beach non loin du ministère ont essuyé des jets de pierres.
Les étudiants écopent après un jugement express, de 12 mois de prison dont 08 avec sursis. Une condamnation fantaisiste et rocambolesque qui ne contribue pas à faire baisser la tension au niveau des étudiants qui continuent de soutenir que leurs camarades sont embastillés arbitrairement car ils ne faisaient que réclamer leur droit, celui d’avoir de meilleures conditions d’études.

Il est à rappeler que depuis plusieurs années le gouvernement togolais, tels de véritables arnaqueurs, tourne en bourrique les associations estudiantines au travers d’accords bidons qui ne sont jamais respectés. Les étudiants semblent déterminer cette fois-ci à obtenir satisfaction à leurs doléances.
Malgré les scissions remarquées au niveau des associations estudiantines, la fermeture du campus, le refus des professeurs de ne pas dispenser des cours pour avoir été violentés par leurs jeunes frères, le mouvement de protestation ne faiblit pas et avec cette condamnation la situation risque de s’envenimer.

D’un autre côté la Synergie des Travailleurs du Togo (STT), rentrent en grève pour 48H, les jeudi et vendredi prochains. Comme pour les étudiants les fonctionnaires togolais sont fatigués du dilatoire dont use et abuse le gouvernement avec des promesses non tenues. Les travailleurs promettent durcir le ton si rien n’est fait après ce mot d’ordre de grève, il est à rappeler que le syndrome de la grève illimité reste vivace dans les esprits.

Tous les secteurs sont en ébullition et ce depuis le début de cette année. Il ne se lève plus de jour sans qu’un mouvement d’humeur ou une manifestation spontanée n’éclate sur le territoire. Que ce soit à l’intérieur du pays (Dapaong, Niamtougou, Badou, Kanté) tout comme dans la capitale, le Togo est entrain de brûler à petit feu.
Comme réponse, le régime de Faure Gnassingbé et la minorité dirigeante restent fidèles à la stratégie de la force. Aucune volonté d’éteindre ces feux qui risquent de les emporter pourtant si rien n’est fait. Faure Gnassingbé et compagnie qui ont tout à perdre, continuent de tordre le coup à la réalité avec des communiqués mensongers, de contourner les problèmes, de soutenir que tout va bien dans le meilleur des mondes et que le Togo est prêt pour des élections transparentes et démocratiques ce que ni le père ni le fils n’ont jamais réussi à organiser jusqu’à présent. La réponse aux différentes revendications et manifestations reste la répression policière systématique, aveugle et sauvage.

Tous les ingrédients se mettent en place pour un soulèvement populaire de l’avis de nombreux observateurs et ce avec la bénédiction du pouvoir de Faure Gnassingbé qui a montré ses limites dans la gestion du pays et qui se comporte comme un véritable sourd-muet et aveugle qui ne voit pas le déluge arrivé.
A cette allure, l’histoire risque de se répéter. Le souvenir du 05 octobre 1990 qui a failli emporter définitivement Gnassingbé père n’eut été les erreurs de l’opposition togolaise. Ce 05 octobre reste une symphonie inachevée dans le processus de libération du peuple togolais qui donne l’impression de renouer avec cette histoire, ce soulèvement populaire.

Il est à noter que ces répressions, au lieu de faire taire ou de terroriser les manifestants comme ce fut le cas depuis le bain de sang traumatisant de 2005 qui a porté Faure Gnassingbé au pouvoir, les galvanisent et semblent leur donner la force d’en découdre avec ses forces de sécurité qui se sont illustrées depuis bientôt 50 ans que dure le régime des Gnassingbé de père en fils, comme l’ennemi du peuple qu’elles n’hésitent pas à massacrer pour la pérennisation de la dictature.
Faure Gnassingbé prendra t-il la mesure de la situation pour éviter le pire à son clan et à ce pays ? Bien malin qui pourra répondre à cette interrogation.

fabbi kouassi

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