On a cru épurés les démons du passé;
Ils reviennent toujours à l’instar des moustiques,
Diffuser leur venin avec leur acoustique
Qui crèvent les tympans au risque d’en casser.
 
Des gens meurent pour ça! Juste pour des réformes
Qui viendront sûrement après l’enterrement;
Combien de deuil faut-il? Combien d’adolescents
Doivent donner leur vie aux gens en uniforme?
 
Combien de gendarmes? Combien de policiers
Doivent donner leur sang pour qu’enfin on respire
Cet air du renouveau auquel chacun aspire,
Pour ne plus conspirer contre l’autorité?
 
Faut-il pour épurer l’air encor vicié,
De nouveau convoquer les gens charismatiques,
Les pasteurs, les imams, les prêtres catholiques,
Remettre des bougies sur d’autres chandeliers?
 
Que disent les vaudou, avec tous ces béliers
Qu’on a sacrifiés pour avoir la quiétude?
Que font donc ces totems dont on a l’habitude
D’invoquer les surnoms et les noms pour prier?
 
Les vieux, les dieux, même le Miséricordieux,
Demeurent silencieux à toutes les prières;
Ils accueillent pourtant, après les cimetières,
Les âmes des martyrs de nos combats foireux.
 
Dieu même est fatigué de ces incongruités
Qu’on lui sert chaque jour, quand sur les plateformes,
Chacun à tour de rôle, on cite les réformes,
Sans même en connaître vraiment tous les secrets.
 
Réservons nos balles pour de meilleurs combats;
Retenons nos cailloux pour que les uniformes
Qui maintiennent l’ordre comprennent les réformes,
Depuis le Lac Togo jusqu’à Namoudjoga.
 
Combattons les mains nues sans lancer des cailloux,
En sachant que bientôt l’avenir nous accueille
Avec des lauriers d’or qui brilleront, pareils
Aux standards des nations qui ne sont pas voyous.
 
De grâce, allons vite! Le temps nous est compté;
Le passé qui revient nous jette à la figure
Sa braise non éteinte et laisse des blessures;
C’est bien ce que disent les morts de Sokodé.
 
Joseph Kokou Koffigoh
Poème inédit
Lomé le 19 août 2017

 

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