La 1ère session ordinaire de l’année 2022 du Conseil municipal de la Commune du Golfe 5 a démarré le mercredi 13 avril. Une cérémonie d’ouverture présidée par le maire Kossi Agbenyega Aboka a été organisée à cet effet. On apprend au cours de cette cérémonie que les comptes de la commune sont dans le rouge. Il y a six mois, des conseillers municipaux avaient attiré l’attention du maire sur sa gestion désastreuse.

Le Golfe 5 dans le rouge

Face aux élus et aux médias, le conseil a annoncé sa volonté de mettre le cap sur la mobilisation des recettes municipales pour la concrétisation des actions de développement. Ce sera, selon les informations, les principales discussions lors de cette session, du fait de la situation économique de la commune. Ainsi, dans son allocution, le maire a insisté sur le civisme fiscal, déclarant que les caisses de la commune sont dans le rouge.

« C’est un secret de polichinelle, à l’heure où nous parlons, les signaux sont au rouge. Notre cagnotte est creuse, j’allais dire presque vide… La caisse de la commune du Golfe 5 est vide. Nous n’avons même pas l’argent pour le carburant », a-t-il déclaré, estimant que les conseillers municipaux font des sacrifices pour faire face aux différentes dépenses.

« Il nous faudra remuer les méninges pour huiler davantage le service de recouvrement, sensibiliser davantage nos concitoyens sur le civisme fiscal et trouver par la même occasion d’autres créneaux de mobilisation des recettes municipales en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail du personnel de la mairie et répondre un tant soit peu aux nombreuses sollicitations de nos frères, sœurs et parents qui ont porté leur choix sur nous », a-t-il soutenu.

Selon les informations, la situation financière de la mairie serait si critique que les indemnités des conseillers municipaux ont été suspendues. De 2,3 milliards de francs CFA en 2020, le budget de la commune a été revu à la baisse en 2021 et s’évalue à 900 millions FCFA. Chose curieuse, le budget est absorbé à 80% par les charges liées au fonctionnement. Dans un tel contexte de fonctionnement budgétivore, on ne peut s’attendre qu’à des difficultés. En outre, cela ne permet pas à la mairie de réaliser des infrastructures en faveur des populations. Comment en est-on arrivé là ?

Une gestion à la sauce RPT/UNIR

Il est indéniable qu’au Togo, la gestion faite par le régime RPT/UNIR est catastrophique, basé sur le clientélisme, le militantisme, la gabegie… C’est une situation semblable qui prévaut à la mairie du Golfe 5. D’abord, le maire s’est illustré par une folle envie d’avoir tout Lomé pour lui seul. Au lieu de se consacrer à la gestion de son territoire, le maire Aboka s’est engagé dans un conflit territorial avec les autres communes voisines à la sienne, principalement la commune du Golfe 7. Il a oublié que la gestion d’une commune est différente de celle d’une délégation spéciale.

D’ailleurs, les Togolais ont encore souvenance des « prouesses » qu’il a réalisées durant son règne à la délégation spéciale de la préfecture du Golfe. C’était une calamité. Ensuite, au lieu d’aller à la quête des recettes municipales, le maire s’est mis à détruire tout ce qui se trouve aux abords des routes de sa commune, privant ainsi les citoyens d’activités génératrices de revenus, mais aussi privant la mairie de taxes.

Mais le clou de cette gestion chaotique, c’est ce qui est fait des recettes collectées par les agents et les fonds mis à la disposition de la commune. Cette gestion est-elle saine ? Pas du tout, à en croire des élus municipaux qui ont tiré la sonnette d’alarme au risque de se retrouver sur la liste des « ennemis » du « tout-puissant » Aboka.

Dans une correspondance adressée, le 05 octobre 2021 à leur maire, 7 conseillers municipaux de la Commune du Golfe 5 ont pris le risque de l’interpeller sur sa gestion depuis le début de leur mandature. Ils ont exigé des explications ainsi que la convocation d’une réunion d’urgence pour discuter des maux dont souffre le conseil municipal. Les signataires parmi lesquels des élus de son propre parti politique ont déploré le fait que le maire se livre à de multiples abus, handicapant du coup le bon fonctionnement de la commune.

Aboka a été accusé d’avoir organisé des interventions musclées sur le terrain ayant occasionné d’importants préjudices aux populations sans en avoir avisé le conseil, et d’avoir attribué des marchés gré à gré à des entreprises qui lui conviennent, au mépris de la réglementation en vigueur en matière de commande publique, entre autres. L’ambiance y serait invivable.

Selon les dénonciateurs, cette gestion chaotique est à la base des maux dont souffre la commune et qui se manifestent par la paralysie des activités de la Commune, le déficit budgétaire, les difficultés de paiement des salaires, des factures et des indemnités de fonction et de sessions des conseillers municipaux. Dans leur courrier, ils ont exigé la tenue d’une réunion d’urgence du conseil « pour traiter tous ces maux à fond et prendre les mesures qui s’imposent pour l’avenir de la commune afin de mettre le conseil dans les dispositions de reprendre le travail pour répondre aux attentes de nos électeurs ».

Cette demande a été considérée par Kossi Aboka comme un affront, un crime de « lèse Aboka ». Mais aujourd’hui, revoilà l’homme qui claironne que sa commune n’a plus de ressources et qu’il faut y réfléchir. Sous d’autres cieux, il s’éclipserait pour laisser la place à ceux qui ont la capacité de bien gérer, de prendre la relève.

G.A.

Liberté n° 3602 du 15 Avril 2022

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here