La liberté des citoyens ne représente plus grand chose aux yeux de certains juges. Mais une autre étape est en train d’être franchie. Le meurtre se banalise au Togo, pour peu que ceux qui sont soupçonnés aient les bras longs. Et le juge se tait, malgré les indices graves qui appellent à une enquête impartiale. Un expert-comptable peut-il se trancher la gorge dans la nuit profonde, ouvrir sa porte, repérer l’emplacement du puits dans sa maison et s’y jeter ?
Le meurtre –nous insistons sur le terme- de feu Madjri Gagnon Ohini doit interpeller la justice togolaise pour que plus jamais, un tel scénario ne se reproduise. Car le fil avec lequel cet acte est tissé pue la conspiration. Rien qu’au vu des éléments qui nous hantent. Comment un homme, fut-il un fou, peut-il se trancher la gorge dans la nuit profonde, prendre le temps de repérer la porte de sortie de sa chambre, puis se diriger exactement vers le puits dans la maison pour s’y jeter ? Si l’ont dit « se trancher » la gorge, c’est juste un euphémisme, car le cou a été haché et le sol des toilettes était couvert de sang coagulé comme si on y avait abattu un animal; les images sont toujours là et si l’on se retient de les publier, c’est juste par respect pour la famille de la victime.
Mais suite à notre article paru le 17 juillet 2019, dame Kolagbé Amavia fait parvenir un droit de réponse que nous avons publié in extenso dans la parution N°2977 du 7 août 2019. Lequel commence par une phrase éloquente : « L’article parut dans votre Journal le Quotidien « LIBERTE », n°2962 du mercredi 17 juillet 2019 à la Page 3, sous le titre : « CRIME CRAPULEUX AU QUARTIER BE » appelle de ma part la réaction suivante: De prime abord, il est à relever que votre article parle de crime crapuleux, alors qu’il s’est agi d’un suicide. Votre article relate des faits erronés, des assertions et déclarations malveillantes de nature à causer un préjudice moral et matériel à ma personne et qui portent atteinte à mon honneur ».
Si cette femme s’est permis d’écrire qu’il s’est agi d’un suicide, et que nous avons relaté des faits erronés, cela veut dire qu’elle sait comment les choses se sont déroulées. Nous avons demandé à un officier de police judiciaire s’il a jamais entendu parler de suicide au cours duquel la victime se tranche la gorge, arrive à ouvrir sa porte et se jette dans le puits dans la maison. Il nous a ri au nez et répondu que ce n’est pas possible.
A la suite de ce meurtre, une autre scène s’est produite lors de la veillée funèbre. Selon les informations recueillies, dame Kolagbé faisait croire à tout le monde qu’elle aussi avait fait programmer une veillée de son feu mari Madjri Gagnon, le même jour où les parents de la victime devaient organiser une veillée pour la même personne. Mais dans les livres du secrétariat, aucune trace de la programmation demandée par dame Kolagbé Amavia . Elle avait fait confectionner des faire-part qu’elle faisait distribuer le soir-là. Nous avions appris qu’elle avait initialement tenté de faire annuler la veillée prévue par les parents de la victime…
Loin de nous toute idée d’accuser qui que ce soit, mais il revient au substitut et au juge d’instruction qui sont chargés de l’affaire d’y faire la lumière. La justice est prompte à déposer des citoyens pour des peccadilles, sans indice de preuve, mais lente à enquêter sur des meurtres de cette envergure. Ne dit-on pas que tous les citoyens sont égaux devant la loi ? Monsieur le ministre de la Justice, Pius Agbetomey, faites faire ce qu’il faut, en mémoire de cet expert-comptable que le Togo a perdu. Suicide selon dame Kolagbé ou crime crapuleux ?
Les citoyens et la famille vous observent !
Abbé Faria
Liberté No.3057 du Vendredi 29 Novembre 2019