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Au cours d’une rencontre dite de haut niveau tenue à Bruxelles, l’Union Européenne et la CEDEAO invitent le gouvernement au dialogue avec l’opposition. Il est souligné également que la Vice- Présidente de la Commission, Catherine Ashton, a clairement défini les préoccupations de l’UE sur les élections et l’importance du dialogue avec l’opposition au gouvernement du Togo.
 
Le mot miracle est lâché, dialogue. Et depuis quelques jours les acteurs politiques notamment de l’opposition sont en transe comme si c’était une nouveauté. De quel dialogue parle t-on et pour quelle finalité ? Devraient se demander les togolais et les acteurs politiques qui ont passé leur temps pour ne pas dire leur vie à dialoguer avec un pouvoir réfractaire à la démocratie et non respectueux des accords issus des multiples dialogues en vue de trouver une solution définitive à la grave crise socio politique qui secoue le Togo depuis plusieurs décennies.
 
Face à un régime dictatorial qui totalise bientôt un demi-siècle de règne de père en fils, le seul et dernier dialogue qui mérite d’être effectué est celui qui doit négocier le départ du système en place qui relève d’une aberration politique dans une République appelée à respecter les canons de la démocratie.
 
De plus, au regard des derniers évènements qui ne sont pas en fait des nouveautés sous les Gnassingbé, marqués par les violations systématiques et récurrentes des droits de l’homme comme l’atteste d’ailleurs le rapport 2013 d’Amnesty International, avec les répressions sauvages des force de sécurité, la torture érigée en mode dans les centres de détentions, le refus délibéré de soigner les détenus soldé dernièrement par la mort d’Etienne Yakanou militant de l’opposition embastillé innocemment dans la ténébreuse affaire des incendies, l’instrumentalisation de la justice par Faure Gnassingbé, l’impunité érigée en mode de gouvernance pour ne citer que ces faits, il est judicieux de s’interroger sur l’opportunité réelle d’un dialogue avec un régime qui n’a pas intégré ne serait-ce qu’un seul instant la possibilité de quitter le pouvoir malgré les presque 50 ans totalisés.
 
Il est décevant de constater que l’opposition togolaise malgré la nature brutale et hors la loi du régime qu’elle combat depuis plusieurs dizaines d’années se laisse amadouer par les déclarations d’une communauté internationale qui se réveille subitement sur le cas du Togo et parle de dialogue.
 
Une communauté internationale alliée depuis toujours, de la dictature foulant ainsi au pied les règles élémentaires des droits humains et du droit international qu’elle chante tant et qu’elle invite les Etats à ratifier vaille que vaille. une communauté internationale dont le blason est terni du fait de ses prises de positions en faveur d’un régime sans scrupule incapable de protéger et de respecter le droit à la vie qui reste un droit sacré.
 
En effet, cette communauté internationale a toujours cautionné les assassinats du régime dictatorial des Gnassingbé, notamment le génocide de 2005 avec au moins 1000 morts et qui a porté Faure Gnassingbé au trône.
 
Que la communauté internationale dise aujourd’hui aux togolais qu’elle tient à ce que les élections soient transparentes et démocratiques laisse perplexe, car c’est la même à travers ses missions d’observation qui avalise les multiples hold-up électoraux au travers des formules consacrées devenues des maximes : « malgré les irrégularités constatées, elles ne sont pas de nature à remettre en cause la sincérité du scrutin ».
 
Cette communauté internationale dont l’opposition togolaise est trop respectueuse est ni plus moins une complice de la dictature togolaise, l’une des plus anciennes et féroces que le monde ait connu.
 
L’opposition togolaise au lieu de mordre une énième fois à l’hameçon d’un faux dialogue du duo, pouvoir togolais-communauté internationale, ferait mieux de réfléchir à la finalité d’un nouveau dialogue.
 
Un dialogue qui va déboucher sur des élections législatives à coup sûr truquées d’avance, où cette opposition se contentera de quelques sièges de députés avec d’ailleurs la possibilité que ces députés puissent être révoqués à tout moment de l’hémicycle par le plus « Faure » des togolais est une insulte au vaillant peuple qui, avec dignité reste debout dans la lutte pour sa libération et non pour quelques sièges de députés.
 
Comme souligner plus haut, dialogue d’accord, mais un dialogue qui va régler définitivement la crise togolaise. Celui qui va négocier dans des conditions pacifiques le départ de ce régime qui tue à cœur joie ses propres citoyens dans le seul but de se pérenniser au pouvoir.
 
Un dialogue avec une finalité électoraliste rendra l’opposition togolaise complice de la dictature héréditaire des Gnassingbé et amis tout comme la communauté internationale. Il n’est plus à démontrer que face au régime en place, qui à toutes les institutions à sa solde, les élections ne peuvent être la solution. Si tel était le cas, les nombreux processus électoraux auraient débouché sur l’alternance et auraient déjà réglé la crise togolaise.
 
En réalité, la communauté internationale joue le chrono et son agenda car le Togo ne doit pas s’embraser. Avec toutes les zones de conflits, une de plus serait difficile à gérer. En plus le Togo malgré sa petitesse du point de vue superficie, représente des intérêts inimaginables pour cette foutue communauté internationale qui n’a d’autres choix que de berner l’opposition togolaise à travers des solutions de 5 ans de connivence avec le pouvoir de Lomé qui se taille toujours la part du lion. Des semblants de solutions qui n’ont font que retarder l’échéance de la chute d’un régime pourtant moribond qui se retrouve requinquer avec ses simulacres de dialogues.
 
Par ailleurs, il est à remarquer ce lapsus plutôt révélateur. Au cours de cette rencontre de Bruxelles, le Togo est cité parmi les pays à risque au sein de la CEDEAO. Un secret de polichinelle mais au moins avec cette rencontre c’est officiel maintenant. Un pays à risque avec des autorités qui représentent un véritable danger pour leurs citoyens et pour les autres pays de la sous région.
 
Il est togolaisement normal que le pouvoir qui a déjà mitonné son processus électoral aux résultats connus avec son allié Gilchrist Olympio ne peut que fustiger cette prise de position de ses amis de toujours, l’Union Européenne et la CEDEAO. Ce qui explique cette autre sortie malencontreuse mais sans surprise du ministre de l’administration territoriale, Gilbert Bawara, qui manque toujours des occasions de se taire. Pour lui et sans doute pour son mentor Faure Gnassingbé, « pas de dialogue avant les élections ».
 
L’opposition togolaise doit cesser de se leurrer. Tels des amis évoluant dans le même club avec des intérêts à sauvegarder, Faure Gnassingbé et sa communauté internationale trouveront une solution très amicale et si dialogue doit y avoir, il sera aux conditions du prince du Togo qui compte réaliser tel son père son bail illimité au pouvoir.
 
Quoi qu’il en soit le peuple togolais, de plus en plus conscient de l’enjeu et avide de voir un changement de régime aura à prendre ses responsabilités face à un pouvoir incapable de lui offrir le minimum malgré que tous les secteurs soient en ébullition. Un véritable paradoxe de la part d’un Chef d’Etat qui veut rester éternellement au pouvoir mais qui ne veut et ne peut satisfaire les revendications légitimes des gouvernés.
 
Une certitude. Sans le pouvoir togolais, avec sans l’opposition et la communauté internationale, les togolais prendront tôt ou tard leur destin en main et les récentes manifestations spontanées à l’intérieur du pays tout comme à Lomé la capitale sont une preuve de cette prise de conscience.
 
Comme quoi on ne peut tromper le peuple indéfiniment.
 
Fabbi Kouassi
 
 

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