La légalité ou non du syndicat des enseignants du Togo (set) empêche les lignes de bouger dans le bras de fer qui oppose ce syndicat au gouvernement. Malgré le nombre écrasant des enseignants qui depuis mardi dernier, répondent au mot d’ordre de grève, le ministre Dodji Kokoroko des enseignements refuse de changer son fusil d’épaule, depuis le fleuve Oti, il envoie des missiles aux grévistes qui ne font que revendiquer des conditions de vie et de travail meilleures.

Le SET exige une prime mensuelle de logement (50.000 F au moins) pour tout enseignant sans distinction en conformité avec la réforme de l’enseignement de 1975, une prime annuelle d’éloignement d’au moins 300 Fcfa/km. Il réclame également, le recrutement des enseignants volontaires exerçant ou ayant exercé dans un établissement public pendant 3 ans au moins et disposant de qualification professionnelle requise, une allocation de mutation (au moins 100.000 f pour l’interrégional et 60 000 f pour l’intra régional. Et si ces mesures ne sont pas observées, menace le SET, la grève sera reconduite jusqu’à satisfaction. Dans un communiqué, le ministre de la fonction publique, Gilbert Bawara et son collègue des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat, Dodzi Kokoroko déclarent que ce syndicat n’a aucune existence légale et que par conséquent, il ne peut pas appeler à une quelconque grève.

Ce qui signifie en d’autres termes que le mouvement de cessation de travail prévu du 24 au 25 mars prochains par le SET est illégal. Selon les deux ministres, « Aucun syndicat professionnel légalement constitué n’est enregistré à ce jour auprès des services compétents de l’Etat sous la dénomination du Syndicat des enseignants du Togo (SET) ». Conformément au Code du travail et aux dispositions du décret du 23 février 2022 relatif à la représentativité des syndicats professionnels et à l’exercice du droit de grève au Togo, précisent-ils, le préavis initié par le SET « est nul et de nul effet » car « l’existence légale ou la représentativité de l’organisation syndicale ne sont pas établies ». Déterminés qu’ils sont à aller jusqu’au bout de leurs revendications, les grévistes ont passé outre les menaces des deux ministres pour entrer en action. En réaction, le ministre Kokoroko, en visite de travail à l’intérieur du pays a lâché : « Mes premiers missiles tirés depuis le fleuve de l’Oti, feront des dégâts assez lourds. Je vous dis, il y aura des dégâts assez lourds. Parce que ceux qui s’entêtent à troubler le secteur de ’éducation seront purement et simplement exclus de la fonction publique. Voilà la décision assez claire et ferme qui sera appliquée dans les jours à venir », a déclaré le ministre. D’ores et déjà, M. Kokoroko annonce que le gouvernement se prépare à ajuster à la hausse, le nombre de postes à pourvoir lors du prochain concours de recrutement des enseignants. Le fait pour le ministre Kokoroko, sur le coup de la colère, d’exclure les enseignants grévistes de la fonction enseignante en les remplaçants par de nouvelles recrues, ne saurait normaliser la situation. Il risque de faire débarquer de jeunes enseignants sans expériences avérée dans une école togolaise sérieusement confrontée à la culture de l’excellence. Les cours qui seront dispensés dans ces conditions, risquent d’être vidés de toute substance. Pérorer autour de la légalité ou non du SET n’est pas le problème. La logique voudrait qu’on s’interroge plutôt sur la légitimité et la pertinence des revendications portées par ce syndicat dans lesquelles se retrouveraient, d’ailleurs, une majorité écrasante des enseignants, y compris des membres des syndicats de base des fédérations signataires du mémorandum d’entente.

Les ministres Kokoroko et Bawara seraient bien inspirés de se demander pour quelles raisons les fédérations et autres qui les aident à piler de l’eau en signant ce fameux mémorandum qu’ils défendent tant, ne volent-telles pas à leur secours pour faire entendre raison à leurs ‘’cama rades salut !’’ du SET», s’interrogions-nous dans notre précédente parution. Nous affirmions que l’histoire regorge de cas où des hommes d’Etat et non des moindres, éprouvés, engagent des discussions avec des mouvements sans représentativité aucune voire sans existence légale mais dont les revendications sont soutenues par une majorité écrasante. Pour les besoins de la cause, les mêmes discutent avec des hors la loi se revendiquant de l’extrémisme violent. Qu’est qui empêche le gouvernement d’engager des discussions franches et sincères avec le set pour éviter le pire ? Les sanctions ne sauveront pas les élèves togolais du désastre qui pointe à l’horizon. Lorsque les intérêts de la nation sont en jeu, il faut parer au plus pressé en attendant la suite des événements. C’est à cette épreuve courageuse que nous invitons nos ministres en charge de ce dossier. Surtout qu’à travers leurs réactions, les responsables du set se déclarent favorables à toutes discussions avec le pouvoir.

Le Changement N°777 du Jeudi 31 mars 2022

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