« Au reste, lorsque j’ai prononcé que la sensibilité est la caractéristique de la bonté de l’âme et de la médiocrité du génie, j’ai fait un aveu qui n’est pas trop ordinaire, car si Nature a pétri une âme sensible, c’est la mienne » (Denis Diderot, Paradoxe sur le comédien)
 
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« J’accorde une grande importance à la décentralisation », c’est ce qu’a affirmé Faure Gnassingbé aux têtes couronnées qu’il a reçues hier à la nouvelle Présidence. Venant de Faure Gnassingbé, cela a de quoi étonner !
 
D’abord, il faut faire remarquer que la décentralisation est prescrite dans la Constitution togolaise. « La République togolaise est organisée en collectivités territoriales sur la base du principe de décentralisation dans le respect de l’Unité nationale. Ces collectivités territoriales sont : les communes, les préfectures et les régions. Toute autre collectivité territoriale est créée par la loi. Les collectivités territoriales s’administrent librement par des conseils élus au suffrage universel dans les conditions prévues par la loi », stipule l’article 141 de la loi fondamentale.
 
De plus, en 1998, une loi portant décentralisation avait été votée et révisée en mars 2007 pour devenir « Loi relative à la décentralisation et aux libertés locales ». Qui a prévu la création d’un certain nombre de collectivités locales dont 35 communes urbaines, 244 communes rurales, 35 conseils de préfectures et 5 conseils régionaux… Mais depuis, c’est toujours le statu quo.
 
A maintes reprises, Faure Gnassingbé avait promis l’organisation des élections locales, comme ce fut le cas lors des vœux à la nation fin 2012. « Comme chacun le sait déjà, l’année 2013 s’annonce comme une grande année électorale. Des élections législatives et des élections locales seront en effet organisées à la fin du premier trimestre. Le suffrage universel devra s’exprimer pour mettre en place une nouvelle législature, mais aussi pour insuffler un nouveau dynamisme à la démocratie locale », avait-il dit. Comme ses nombreux engagements qui n’ont jamais été honorés, les élections locales n’avaient pas été non plus organisées comme promis.
 
Curieusement, c’est après 11 ans comme président de fait, de nombreuses années comme ministre et 50 ans de règne familial que Faure Gnassingbé commence à accorder une grande importance à la décentralisation. « Plusieurs fois, on a parlé des élections locales, mais on n’a jamais réussi à les organiser. Le sujet occupe le débat politique, mais le gouvernement ne peut pas décider tout seul sans l’avis de vous », a lancé Faure Gnassingbé aux chefs traditionnels.
 
De report en report, le Togo a fait 30 ans sans organiser les élections locales. Le seul pays d’ailleurs dans la sous-région à ne pas réaliser la décentralisation de ses institutions. L’une des raisons qui sous-tend cette situation de régression démocratique, selon Faure Gnassingbé, est liée à l’insuffisance des infrastructures dans les localités.
 
Après 50 ans de règne sans partage de la famille Gnassingbé, Faure a le courage d’évoquer le manque d’infrastructures pour justifier la non organisation des élections locales depuis une trentaine d’années ! Si pendant ce règne au long cours, Faure Gnassingbé et son père n’ont pas été en mesure de doter les communes, préfectures, etc. d’infrastructures, alors qu’est-ce qu’ils ont réalisé au juste dans le pays? Peut-être ne le sait-il pas, cette révélation est un aveu d’échec patent des 50 ans de gouvernance des Gnassingbé. Et il devrait en tirer toutes les conséquences.
 
Source : Médard Amétépé, Liberté
 

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