Les médias n’ont-ils plus le devoir de recouper des informations en leur possession ? Suite à notre article consécutif à l’aveu du maire de la commune Golfe 5, des informations plus sensibles nécessitant une vérification plus sérieuse nous sont tombées entre les mains. Mais lorsque nous avons cherché à avoir l’avis du 1er responsable de ladite commune, mal nous en a pris. «Il paraît que si vous n’écrivez pas sur moi, vous ne mangez pas, puisque vous êtes au chômage par manque d’articles. Je vous autorise d’écrire encore sinon, vous aurez faim et vous risquez de devenir trop chétif », nous a balancé Aboka Kossi Agbenyega.

Être responsable en général et maire en particulier ne saurait s’identifier à un fleuve tranquille. Et si au temps de la vache grasse, on s’en est repu et on a usé et abusé des ressources d’une commune, il faut bien qu’en période de vache maigre, les mêmes qui s’étaient complu à dépenser aient l’humilité intellectuelle pour déterminer ce qui s’est entre temps passé pour que la commune en arrive à cette sécheresse de sa caisse.

« C’est un secret de polichinelle, à l’heure où nous parlons, les signaux sont au rouge. Notre cagnotte est creuse, j’allais dire presque vide…La caisse de la commune du Golfe 5 est vide. Nous n’avons même pas l’argent pour le carburant », avait avoué en substance Aboka Kossi lors de la 1ère session ordinaire de l’année 2022 tenue mi-avril. Des aveux suffisants pour que nous fassions des analyses sous la titraille : « Manque de ressources à la commune du Golfe 5 : Le maire Aboka rattrapé par sa gestion primitive ». « De 2,3 milliards FCFA en 2020, le budget de la commune a été revu à la baisse en 2021 et s’évalue à 900 millions FCFA. Chose curieuse, le budget est absorbé à 80% par les charges liées au fonctionnement », avons-nous relevé entre autres constats.

Mais nous étions loin d’imaginer que d’autres raisons pouvaient expliquer le caractère vide de la caisse de cette commune d’une part, et de savoir qu’après cet article, Monsieur le maire nous attendait au tournant.

Des informations font état d’un népotisme et d’un clientélisme troublants qui seraient à la base des difficultés auxquelles fait face le commune. Les faits révélés sont-ils avérés ? Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes adressé au maire en les termes suivants : « Nous avons des informations que nous souhaiterions équilibrer et qui ont rapport avec la gestion de la mairie.  C’est à propos des liens de parenté qui vous lieraient avec la SG, le DAF, le DAC (Directeur des affaires communales), la cheffe service d’abord. Puis des raisons qui justifieraient l’attribution de la gestion des marchés et de l’aménagement du parking sis au carrefour limousine, à la responsable de la société Lampe et Lumière. Il nous revient que si vous n’avez pas suivi les processus d’attribution de la commande publique dans ces deux situations, c’est par rapport au lien d’intimité qui existerait entre vous et la directrice de cette société. Nous souhaiterions avoir vos avis sur ces situations », lui avons-nous demandé, gentiment et poliment. Parce que nous avons appris que le DAF serait son cousin, c’est-à-dire le fils de Togbui Djidjoli, la SG serait sa cousine, fille de Togbui Awalegbedji, la cheffe de service serait la femme du DAF, et le DAC serait son neveu.

Quelques heures plus tard, la réponse tomba, drue : « Je ne vous réponds pas. La semaine passée, lorsque vous écriviez sur moi, vous n’avez pas demandé mon avis. Je ne vous réponds pas parce que vous allez encore déformer mes propos. Merci. Kossi Agbenyega ABOKA, Maire de la Commune Golfe 5 ».

Mais non satisfait d’avoir éconduit un journaliste à la recherche d’informations et qui a estimé impératif d’avoir la version du principal concerné, Kossi Aboka revient à la charge près plus tard. « Il paraît que si vous n’écrivez pas sur moi, vous ne mangez pas, puisque vous êtes au chômage par manque d’articles. Je vous autorise d’écrire encore sinon, vous aurez faim et vous risquez de devenir trop chétif », nous a-t-il asséné en plein dans le mille.

Est-ce mal si, pour recouper des informations, le journaliste va vers la partie en cause dans son article ? Parce que le népotisme étant une gangrène qui peut paralyser un maire dans la gestion de sa commune, surtout lorsqu’il découvre que les recettes prennent d’autres directions, il était trop hasardeux de ne pas interroger le premier responsable.

Les ma rchés publics étant un domaine que l’autorité tente de réglementer pour limiter les abus et autres marchés gré à gré, des accointances avec un ou des prestataires pourraient remettre en cause la qualité des travaux ou des prestations. Raison pour laquelle il existe la Direction nationale de contrôle des marchés publics (DNCMP) d’une part, et le comité de règlement des différends d’autre part, pour connaître des litiges liés aux attributions.

Dans le cas de l’attribution de la gestion des marchés à la société Lampe et Lumière, qu’est-ce qui peut justifier que le maire confie cette tâche à une de ses proches sans passer par un appel d’offres, surtout que c’est cette société qui est chargée de gérer les places, de collecter les taxes pour ensuite faire les comptes à la mairie  ? Pour le cas de l’aire de stationnement situé au carrefour de Limousine, on a découvert que c’est encore à cette société que cet autre marché public a été confié. Comment monsieur le maire peut-il justifier cela ? Nous avions révélé entretemps comment des véhicules de la mairie s’étaient mis au service de cette société pour convoyer les poteaux depuis le siège de cette société jusqu’à l’aire de stationnement. Un abus, purement et simplement.

C’est pour lui offrir l’opportunité de se défendre que nous avons pris langue avec lui. Mais nous avons pu gouter à son animosité. Après, c’est pour charger des médias au motif qu’ils n’équilibrent pas les informations.

Godson K.

Liberté

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