Conseils des ministres délocalisés, c’est la trouvaille après la mise en place du gouvernement Klassou II. Après Tabligbo le 13 février dernier, c’est la ville de Kantè qui a accueilli Faure Gnassingbé et son gouvernement le mercredi 27 février à un peu plus de 460 km de Lomé.

Pour Faure Gnassingbé, c’est une logique de proximité avec les populations à la base. Il s’agit d’instaurer « le dialogue direct entre les membres du gouvernement et les populations ». La particularité du conseil des ministres, selon les concepteurs est de soumettre les ministres à un grand oral devant les populations sur les actions et les interventions de l’Etat au profit de la communauté concernée. Et après ?

Une organisation onéreuse

Des conseils de ministres délocalisés si le pays dispose des infrastructures de base pour accueillir l’exécutif, cela devait contribuer à toucher du doigt un certain nombre de réalités.

Mais lorsque pour cette réunion banale, pour motif de confort, le gouvernement est obligé d’ériger des tentes à coup de plusieurs dizaines de millions FCFA, cela repose fondamentalement la question de la bonne gouvernance. Pour la vadrouille de Tabligbo (80km de Lomé), il se rapporte que les dépenses avoisineraient 80 millions FCFA.

Kanté situé à 460 km de Lomé, on peut facilement deviner l’addition en tenant compte des escales à Kountoum (50 km de Bassar), la veille du conseil des ministres pour l’inauguration d’une centrale solaire photovoltaïque et du nouveau marché de Dankpen.

En clair, tout l’exécutif et les accompagnateurs de choix ont passé toute la semaine dans le nord du pays pour finalement des futilités. Au bas mot, ce tourisme sur le dos du pauvre contribuable qui a conduit le chef de l’Etat au Campus universitaire de Kara dépasserait plus d’une centaine de millions. Pour quel résultat ?

Et si ce sont finalement les adieux de Faure Gnassingbé

Le communiqué ayant sanctionné le conseil des ministres délocalisé à Kantè n’a rien d’extraordinaire. C’est la même platitude. La première communication présentée par la ministre chargée de l’économie numérique est relative au « New economy workshop », programme de formation du groupe ALIBABA, à destination d’institutions publiques togolaises pour le mois d’avril 2019.

Il faut rappeler qu’à la suite de la visite du Chef de l’Etat dans les locaux du groupe ALIBABA, en Chine, en septembre 2018, le ministère des postes, de l’économie numérique et des innovations technologiques a reçu, de la part du département de la coopération internationale dudit groupe, une invitation pour la participation des cadres et fonctionnaires des ministères et institutions de la République au « New economy workshop ».

Le « New economy workshop » est un programme de formation sur les outils de l’économie digitale. Cette formation durera trois (03) jours et permettra à une douzaine de fonctionnaires togolais de se familiariser notamment avec l’économie numérique et le e-commerce, l’agriculture et le e-commerce, les paiements électroniques et l’inclusion financière. Elle permettra également à notre pays de se rapprocher de l’un des plus grands groupes chinois afin d’explorer de potentiels accords commerciaux avec les entreprises asiatiques.

Cette invitation du groupe ALIBABA réaffirme une fois encore l’excellente relation d’amitié et de coopération qui existe entre la Chine et le Togo, lit-on dans ce fameux communiqué.

La deuxième communication présentée par le ministre de l’économie et des finances est relative au recensement des biens de l’Etat. Suivant les directives de l’UEMOA relatives au plan comptable de l’Etat et à la comptabilité des matières, le Togo a adopté le décret n°2015-053/PR du 27 août 2015 portant plan comptable de l’Etat et le décret n°2016-060/PR du 04 mai 2016 portant règlement général sur la comptabilité des matières appartenant à l’Etat et aux autres organismes publics.

Dans les divers, le ministre de l’économie et des finances a informé le conseil des ministres de la réunion de l’ensemble des acteurs de mise en œuvre du Plan National de Développement (PND), le 04 mars 2019. Cette réunion s’inscrit dans le cadre de la stratégie de communication mise en place pour accompagner le Gouvernement dans l’exécution du PND.

De même, un tour sera effectué dans toutes les localités du Togo pour informer les populations et les amener à connaître le label PND qui sera dévoilé.

Pour finir, le Président de la République a donné des instructions aux membres du Gouvernement d’analyser les préoccupations soulevées par les populations et de proposer des actions concrètes pour y répondre. Voilà ce pourquoi on a gaspillé plus d’une centaine de millions du contribuable.

Le fait remarquable lors de ce machin de délocalisation est la clochardisation de la population, que ce soit à Tabligbo ou à Kantè pour permettre à Faure Gnassingbé de faire un bain de foule.

Si après 14 ans passés à la tête du Togo et à un an de la fin de son 3ème mandat, c’est maintenant que Faure sent la nécessité d’aller vers les populations pour recueillir leur besoin, il s’agit simplement de la provocation et du gaspillage.

Pour certains observateurs, cette trouvaille de conseil de ministres délocalisé qui vient à la suite de la énième parodie électorale le 20 décembre 2018 sonne comme des adieux de Faure Gnassingbé au peuple togolais.

Ce n’est qu’une simple logique face à son incapacité à faire le bonheur des Togolais.

Kokou Agbemebio

 
Source : Le Correcteur No.863 du 04 mars 2019
 

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