Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le Togo souffre de l’incapacité managériale de ses dirigeants. A plusieurs reprises, il est apparu comme dans toutes les dictatures que le pouvoir cinquantenaire entretient la misère du peuple. Il prend d’ailleurs plaisir à voir souffrir la population. Plusieurs illustrations patentes confirment cet état de fait.

Dans la crise généralisée de vie chère, le pouvoir de Gnassingbé Faure multiplie les acrobaties indigestes dont le summum est atteint avec les récentes mesures en quatre points, dit-on pour soutenir le pouvoir d’achat des populations, face au contexte actuel de vie chère. Ces nouvelles mesures s’articulent autour de quatre points principaux.

Suspension des remboursements de l’avance d’un mois de salaire Accordée en début d’année aux fonctionnaires des secteurs public, parapublic et aux retraités, l’avance d’un mois de salaire verra ses remboursements suspendus jusqu’à la fin de l’année, ceci dès le 1er mai. Suspension du paiement des taxes des tickets de marchés A partir du 1er mai et pour une durée de trois mois, le paiement des taxes des tickets de marché est également suspendu sur toute l’étendue du territoire. Une subvention de l’Etat sera accordée aux structures de gestion des marchés (EPAM et Mairies), afin de faire face au manque à gagner.

La mesure, rappelle le ministre de l’administration territoriale, “ne concerne pas les loyers de boutiques et de magasins”. Plafonnement des prix des produits locaux et importés Plusieurs produits locaux (maïs, sorgho, haricot, petit mil et riz) et importés (huile végétale, lait, farine de blé, concentrés de tomate) sont désormais plafonnés sur tout le territoire national.

Les nouveaux prix varient en fonction des différentes régions. A titre d’exemple, le bol de maïs de 2,5 kg devra dorénavant être vendu à 650 FCFA dans le Grand Lomé et la Maritime, 550 FCFA dans les Plateaux, 700 FCFA dans la Centrale et la Kara, et 600 FCFA dans les Savanes. Quant aux produits importés, ils seront exonérés de la TVA à l’importation. “Des contrôles stricts seront effectués par des équipes mixtes pour s’assurer de l’effectivité des mesures”, ont averti les ministres de l’économie et du commerce.

Baisse des taux d’intérêt pour les crédits FNFI Les crédits opérés par le Fonds national de la finance inclusive au niveau de certains produits (APSEF, AGRISEF, AJSEF, PS, PAF) verront leur taux d’intérêt baisser de deux points sur tout le territoire, particulièrement dans les zones les plus vulnérables. Cette baisse, précise le ministre de l’inclusion financière, est valable pour tous les crédits obtenus depuis le 1er janvier 2022.

Dans la réalité, ces mesures n’ont pas de grandes portées sur la grave situation que vit le pays. Au Togo, les fonctionnaires – environ 55.000 –ne représentent même pas 1% de la population. En quoi la suspension de remboursements de l’avance d’un mois de salaire impacte réellement la vie chère ? Quant aux taxes de tickets, c’est une bonne blague car la source de la cherté des produits provient plutôt des frais de péages et autres répercutés sur le prix d’achat qui corsent l’addition dans les marchés.

Le plafonnement des prix des produits locaux et importés aurait pu être intéressant si la production locale est bien entretenue. Comment peut-on plafonner le prix des produits qui connaissent la pénurie et surtout que les pauvres paysans se sont endettés pour mettre un peu à la disposition de la population. Le comble est cette affaire de « forte subvention de l’engrais chimique. »

Dans un communiqué en date du 30 avril 2022 du ministre de l’Agriculture , de l’Elevage et du Développement Rural , il est avancé qu’« en vue de soutenir nos braves agriculteurs en cette période de conjoncture difficile et en dépit des coûts de revient très élevés des engrais, le gouvernement togolais a une fois fortement subventionné le prix de vente des engrais et a fixé à 18.000 FCFA le prix du sac 50 kg de NPK 15 15 et de l’Urée 46% N. » contre 16 000 FCFA le sac de 50 kg l’année dernière. Or, au Bénin, le prix du sac de 50 kg de NPK est à 14.000 FCFA et 12.500 FCFA au Mali, pays en guerre et sous embargo.

Au surplus, le Togo est producteur de phosphate dont les serves servent à fabriquer de l’engrais. C’est de la même manière, le ciment est plus cher au Togo où on produit du clinker qu’au Bénin. C’est du simplement du cynisme.