Le 26 septembre prochain, les élèves « gnassingbélandais » devraient reprendre le chemin des classes, après plus de deux mois de vacances.
Mais dans sa magnanimité congénitale, et vu que les enseignants ont été super gentils au cours de l’année 2015-2016, n’ont pas fait grève et les résultats des exams ont été super positifs, « Woabé » a décidé de remercier toute la communauté scolaire en reportant la rentrée scolaire. Ce n’est donc plus le 26 septembre, mais le 17 octobre qu’elle se fera. Qui dit que « Faure-vi » ne pense pas à l’avenir des enfants togolais ?
Bon, on blaguait. Concernant la raison, pour dire vrai, c’est à cause du sommet sur la « sikrité » maritime qui se tiendra du 10 au 15 octobre prochain ? Les « assagnants » et leurs rebelles d’élèves représentent en fait des menaces pour cette rencontre comparable pour « Woabé » au retour de Jésus-Christ sur Terre. C’est possible qu’ils soient manipulés et troublent la quiétude du sommet à travers des manifestations de rue. En homme prévoyant, le « p’ti » ne voudrait prendre aucun risque. C’est le vrai fils de Gnass qui s’est simplement inspiré de son papa. On se rappelle que pour le sommet de l’OUA en 2000, le « Baobab » avait anticipé les vacances universitaires et les étudiants qui étaient très chauds à l’époque, évacués des cités. Un homme prévoyant voit le danger venir de loin.
A cette allure, les « Gnassingbélandais » ne sont pas à l’abri d’autres mesures draconiennes. C’est « Faure » probable qu’il soit interdit aux taxis et surtout aux Zed portant encore les anciennes immatriculations de travailler du 10 au 15 octobre, de même qu’aux riverains du quartier administratif de respirer avec les deux narines au cours de cette période, aux oiseaux et autres chauves-souris de survoler l’espace du Radisson Blu Hotel, aux couples de « faire la chose » pour préserver la sainteté du sommet…Il se pourrait même que l’Etat d’urgence soit décrété et un couvre-feu organisé 24 heures sur 24.
Finalement, on commence à regretter Docteur Gnassingbé Eyadema. Au moins avec lui, on sait que tant vaut l’école, tant vaut la nation. Mais avec le fils qui a limé ses fesses sur les bancs des écoles des Blancs, tant vaut la sécurité maritime, à bas l’avenir des enfants.
Après le report de la rentrée, celui des manifestations politiques ?
Qui a dit que les autorités togolaises ne savent pas sacrifier l’avenir de la jeunesse du pays sur l’autel d’un sommet sur la sécurité maritime et le développement ? Le communiqué lu est la preuve palpable des priorités de ceux qui gouvernent le Togo. Mais à ce rythme, on se demande si très bientôt tout le pays ne sera pas réquisitionné pour ne plus fonctionner, le temps du sommet à venir. Et ce sont les partis de l’opposition véritable qui pourront se faire du souci.
A plusieurs reprises, le gouvernement actuel s’est arrangé pour rejeter les projets et propositions de loi portant réformes constitutionnelles et institutionnelles. Et on se demande à quel saint les opposants doivent se vouer pour faire aboutir des revendications légitimes. Des langues prédisent qu’avec le rassemblement tenu au stade Oscar Anthony samedi 20 août dernier, reprendront les manifestations de l’opposition. Mais ne connaissant que trop bien le régime, il est fort probable que dans les jours à venir un autre communiqué ne vienne imposer un moratoire sur les manifestations, le temps du sommet. Eh oui, que ne feraient pas les autorités actuelles pour sécuriser ce sommet ?
Les vacances n’ont que trop duré et les parents d’élèves se préparent à voir leur progéniture reprendre le chemin des cours. Mais c’était sans compter avec le manque d’amour du gouvernement. Parce que leurs enfants sont tous à l’étranger pour fréquenter, parce que l’avenir de la jeunesse est peu de chose devant les impératifs d’un sommet dont les défections n’ont pas encore fini de se faire, parce que ce sommet serait synonyme d’effacement de toute la dette du Togo et de tapis rouge pour accéder à l’émergence, Faure Gnassingbé & Cie n’ont pas tremblé pour décréter le report de la rentrée au nom du sommet maritime. Le seul hic est qu’ils n’ont pas eu le courage indien pour avouer que c’est la menace de grève à la rentrée et qui pourrait étaler au grand jour les incuries de ce régime, qui a poussé celui-ci à prendre une telle mesure si impopulaire. Feu Gnassingbé Eyadema chantait à qui voulait l’entendre : « aucun sacrifice n’est trop grand lorsqu’il s’agit de l’avenir de la jeunesse ». Mais son fils qui crie : « lui c’est lui, moi c’est moi », est vraiment différent de son père. Que se passera-t-il si le régime osait interdire toutes manifestations avant le sommet ?
Deux réactions après report sur Republicoftogo.com ont retenu l’attention :
« Je suis révolté. Comment peut-on oser reporter une rentrée scolaire à cause d’un sommet ? Je ne vois absolument pas de lien entre l’organisation de ce sommet et les activités scolaires ! Un Etat digne de ce nom, doit pouvoir concilier plusieurs activités à la fois. Il existe plein de pays dans lesquels on organise chaque jour des événements d’envergure plus importante que ce que le Togo s’apprête à abriter. Mais nulle part, on ne compromet les autres activités du pays à cause de tel ou tel événement. Dans les pays qui ont organisé les jeux olympiques, la coupe du monde, la COP21, etc. on n’a jamais fermé les écoles pour ça. Quel dommage !!! Ca voudra dire que si Lomé doit se positionner pour accueillir de grands événements de façon fréquente, la scolarité de nos enfants va être compromise. C’est de l’amateurisme et de l’incompétence tout simplement. Les gens qui prennent de telles décisions ne devraient plus être maintenus à leur place ». Voltaire.
« Mais c’est absurde, un sommet et une rentrée scolaire, quelle relation existe-t-il entre les deux? Cela montre combien de fois l’état est incapable de gérer le pays.
Source : Liberté