Le pouvoir a enclenché un nouveau dialogue avec les partis politiques dans le cadre des élections régionales prévues pour cette année 2021. Un dialogue dont le Comité d’Action pour le Renouveau s’est d’ores et déjà désolidarisé en suspendant sa participation. Après plus de 27 dialogues avec ce régime sans issue, Nathaniel Olympio des Togolais se posent beaucoup de question sur ce nouveau dialogue en vue. « Y-a-t-il des chances qu’une telle démarche réussisse si l’initiative est portée par le régime exerçant la dictature ? », Doit-on persister dans la voie de ce type de dialogue ou s’ouvrir sur la perspective d’une véritable résolution de la crise ?S’est-il demandé.

Le dialogue de la dictature

Lorsqu’un pays est en crise, ce que l’on peut espérer de mieux est que les filles et les fils de ce pays se retrouvent ensemble dans un dialogue sain, afin de rendre effective la compréhension mutuelle et de relancer la mécanique de construction du pays.

Mais lorsque la crise est chronique, violente et dévastatrice de vies, parce que le pays est confiné dans une dictature, peut-on raisonnablement espérer que pour sortir de la crise il suffise de s’asseoir autour d’une table de dialogue ?

Y-a-t-il des chances qu’une telle démarche réussisse si l’initiative est portée par le régime exerçant la dictature ?

Au Togo, après vingt-sept dialogues et accords dont les contenus n’ont jamais véritablement été mis en œuvre, comme le témoigne la persistance de la crise, la vingt-huitième tentative du genre a démarré le 19 février 2018 sous la facilitation du Ghana et de la Guinée, dans la foulée des gigantesques manifestations populaires contre le régime. La coalition C14 qui portait cette contestation était alors dans l’amorce de son déclin.

Dès l’annonce de cette initiative en octobre 2017 par les autorités togolaises, j’ai exprimé publiquement, dans les médias locaux et internationaux, mon scepticisme quant à la volonté du régime de trouver une réponse satisfaisante et durable à la grave crise qui ravage le pays. Sans entraver le déroulement du dialogue de quelque manière que ce soit, j’ai concrétisé ma conviction en ne participant pas aux discussions initiées par le régime. Le dialogue a tourné court.

Trois années plus tard, ce 19 février 2021, en pleine pandémie Covid-19, non seulement ce dialogue n’a pas résolu les problèmes politiques et sociaux inhérents à cette crise, mais on peut aisément constater que les conditions de vie, les libertés publiques et les droits fondamentaux se dégradent considérablement chaque jour.

A l’approche des élections régionales qu’il veut organiser, le régime togolais a initié un nouveau dialogue – encore un – avec des partis de l’opposition triés sur le volet. Peut-on espérer que ce dialogue-ci produise un résultat qui corresponde aux attentes des Togolais contrairement aux vingt-huit précédents ? J’en doute encore une fois. Les conditions de réussite d’un dialogue n’étant pas réunies.

Déjà, à peine commencé, on note la suspension de la participation du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) qui pose comme préalable la résolution du contentieux électoral découlant de l’élection présidentielle du 22 février 2020.

Doit-on persister dans la voie de ce type de dialogue ou s’ouvrir sur la perspective d’une véritable résolution de la crise ?

Je reste cohérent dans mes convictions et je défends l’idée que le peuple togolais doit changer la nature de sa lutte. Il doit sortir du schéma du couple élection/dialogue établi depuis trente ans – et qui a montré ses limites et ses travers de violences – afin de relancer la lutte avec une mobilisation populaire, en l’accompagnant de facteurs de réussite qui ont fait défaut jusque-là. Le but de cette mobilisation est de favoriser un processus conduisant à une transition. C’est la meilleure porte de sortie. Il faut s’y atteler pour le bien de tous les Togolais, y compris ceux qui sont les tyrans d’aujourd’hui.

Gamesu

Nathaniel Olympio

Président du Parti des Togolais

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