« Dans le cadre de la recherche d’un règlement durable à la crise togolaise, une délégation de la Coalition des 14 partis de l’opposition a rencontré à Paris, les 21 et 22 novembre, à son invitation, le Président Alpha Conde, Président de la République de Guinée, Président de l’Union Africaine (…) Le Président Alpha Condé était accompagné du ministre d’Etat, Conseiller personnel du Président de la République de Guinée, Tibou Camara. Le Président Condé et les membres de la délégation de l’opposition ont convenu de la nécessité de créer un climat apaisé devant ouvrir la voie aux négociations annoncées».
Voilà la quintessence d’un communiqué rendu public ce mercredi 22 novembre par la délégation de la coalition de l’opposition togolaise composée de Brigitte Adjamagbo-Johnson, de Jean-Pierre Fabre et de Tikpi Atchadam. Le communiqué s’est voulu laconique et muet sur le contenu des échanges, sans doute une volonté des membres de la délégation. Mais selon les sources proches de la coalition, les échanges auraient été parfois vifs entre Alpha Conde et les membres reçus mardi d’abord individuellement dans la matinée, puis ensemble dans la soirée. Les échanges se sont poursuivis le lendemain mercredi. On retiendra pour l’essentiel que les trois leaders de la coalition, que ce soit individuellement ou collectivement, ont parlé à l’unisson et sont restés fermes sur les préalables au dialogue, à savoir la libération immédiate et sans conditions des prisonniers, la levée de siège sur les villes de Mango, Bafilo et Sokodé et de la poursuite judiciaire contre certains leaders de l’opposition, l’arrêt du harcèlement contre Tikpi Atchadam…Des conditions que leur interlocuteur a visiblement trouvées normales, à en croire ses propos sur les ondes.
Mais par moments, il est apparu comme des manœuvres du président guinéen pour faire avaler des couleuvres aux trois leaders de la coalition. Il aurait aussi semblé remettre en cause leur représentativité du peuple dont ils se réclament les porte-voix. Une stratégie qui n’a visiblement pas marché. « Notre pays ne saurait être une curiosité africaine. Les Togolais ont une grande soif de voir un autre nom à la tête de l’État. Nous ne saurions repartir de Paris et aller dire au peuple que Faure Gnassingbé pourra encore rester au pouvoir », aurait rétorqué l’un des leaders, et de cracher à la figure de leur interlocuteur : « S’il n’y avait pas alternance dans votre pays, vous ne seriez pas là en tant que président de votre pays pour nous recevoir aujourd’hui ».
Pendant ce temps, Faure Gnassingbé aussi parcourt l’Afrique. Il était chez Alassane Ouattara à Abidjan en Côte d’Ivoire le lundi 20 novembre, puis le lendemain au Nigeria chez Muhamadu Buhari. Officiellement on parle de visites d’Etat et de travail ; mais personne n’est dupe, ces déplacements se situaient dans le cadre des tractions pour la résolution pacifique de la crise politique au Togo. En tout cas, la question du dialogue a abondamment été évoquée au cours de ces deux visites par ces deux chefs d’Etat qui font partie du Groupe des 5 mis en place pour concourir au règlement de la crise et ont mandaté leur pair ghanéen de conduire la médiation. Faut-il le rappeler, Nana Akufo-Addo a déjà reçu les représentants de l’opposition, mais aussi l’ancien ministre de l’Intérieur devenu avocat au Barreau de Paris, François Boko (mardi à Londres) et l’ex-ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Pascal Bodjona – c’était à Accra au Ghana. Ce sont pratiquement tous les présidents du Groupe des 5 qui étaient au front cette semaine. Visiblement, ils veulent voir le dialogue se tenir le plus tôt possible et en finir avec cette crise au Togo. D’aucuns voient en cette forte activité cette semaine, le souci de la France et des instances européennes de voir cette affaire réglée afin qu’elle n’envenime pas les débats du sommet UE-UA les 29 et 30 novembre prochains à Abidjan. Le Togo n’a rien à y perdre…
Tino Kossi
Source : Liberté No.2565 du 24 novembre 2017
 

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