Huit organisations togolaises de défense des droits de l’Homme ont demandé vendredi la « démission » du gouvernement, l’accusant d’avoir « trafiqué » un rapport de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) sur des allégations de torture.
« Il n’est pas possible que dans un pays normal, un gouvernement puisse être l’auteur d’un trafic de document officiel. Nous estimons que ce gouvernement doit démissionner », a déclaré vendredi sur la radio privée Victoire Fm, Me Zeus Ajavon, coordonnateur de ces organisations.
La CNDH avait été mandatée par les autorités pour enquêter après que la plupart des inculpés dans l’affaire du coup d’Etat déjoué d’avril 2009 eurent affirmé, lors de leur jugement en septembre 2011, avoir été torturés par l’Agence nationale de renseignements (ANR).
Dimanche, le gouvernement a publié sur son site internet un rapport présenté comme émanant de la CNDH, rejetant l’accusation de torture.
Mais dès lundi, la CNDH a publié sur son site un autre rapport qu’elle a qualifié d' »authentique » et déclaré que « le gouvernement (avait) fait publier un rapport travesti, obtenu sur menaces ». Des accusations rejetées par le gouvernement.
Dans son propre document, la CNDH « constate qu’il a été commis sur les détenus, des actes de violences physique et morale à caractère inhumain et dégradant ».
« Nous allons utiliser tous les moyens juridiques à notre disposition pour que tous ceux qui ont trafiqué ce document soient identifiés, de même que ceux qui, de près de près ou de loin ont participé à ces séances de tortures, pour être traduits devant la justice », a affirmé vendredi Me Ajavon.
« Nous avons prévu une marche pacifique de protestation le 2 mars prochain à Lomé pour dire +ça suffit+ », a-t-il ajouté.
Mercredi une délégation de la CNDH a remis officiellement au Premier ministre Gilbert Houngbo le rapport qu’elle affirme être le sien. Le gouvernement n’a pas réagi depuis.
Le président de la CNDH, Koffi Kounté, se trouverait à Paris depuis quelques jours et certains se demandent à Lomé s’il y aurait trouvé refuge.
« Je ne sais pas si M. Kounté s’est réfugié à Paris car ça n’est pas la première fois qu’il se rend là bas », a déclaré à l’AFP un membre de la CNDH, sous couvert d’anonymat. « Il ne nous a pas dit qu’il était menacé et qu’il voulait fuir », a précisé cette source.
L’Union européenne (UE) a fait part dans un communiqué mardi soir de sa « vive préoccupation » et dit souhaiter « rapidement » des « clarifications » après la publication des deux rapports.
Plusieurs partis d’opposition ont également demandé au gouvernement de faire la lumière sur ce dossier.
Au total 33 militaires et civils ont été jugés en septembre 2011 par la Cour suprême pour le putsch manqué de 2009. Un demi-frère du président togolais Faure Gnassingbé, Kpatcha Gnassingbé, considéré comme le cerveau de l’opération, a été condamné à 20 ans de prison pour « complot contre la sûreté de l’Etat ».
AFP

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