La gouvernance approximative érigée en modèle au Togo par le régime cinquantenaire continue d’entraîner le peuple dans le gouffre.

Depuis plusieurs mois, le peuple togolais se voit vider de sa dernière énergie par le phénomène de la vie chère, conséquence de la crise économique engendrée par la pandémie de la Covid-19 et les nombreuses taxes créées par les gouvernants pour l’assommer complètement. A ce supplice, vient s’ajouter un délestage depuis quelques semaines, qui ralentit le peu d’activités qui reste pour ceux qui tiennent encore. L’électricité, dans la ville de Lomé et ses environs, va et revient aux humeurs de ceux qui tiennent les câbles, sans que personne ne dise ce qui se passe. Aux interrogations des uns et des autres, vient s’ajouter un flou engendré par un communiqué laconique de la Direction générale de la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET).

« La Direction Générale de la Compagnie énergie électrique du la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET) informe son aimable clientèle qu’en raison des travaux sur ses ouvrages électriques le dimanche 03 avril 2022 de 08h 00 à 17h 00, la fourniture de l’énergie électrique est susceptible de connaître des perturbations dans la ville de Lomé et ses environs. La CEET rassure sa clientèle que la fourniture du courant électrique reprendra normalement dès la fin des travaux… », a indiqué la société dans un communiqué dimanche dernier. Le document évoque « des travaux » dont la durée n’est même pas déterminée. Et donc la clientèle ne sait jusqu’à quand elle va devoir subir ces coupures qui n’ont d’ailleurs pas commencé ce dimanche 03 avril 2022.

Toute la ville de Lomé et ses environs plongeaient dans le noir bien avant cette date, et l’enfer continue jusqu’aujourd’hui. On prive les gens de l’électricité toute une journée, les entreprisses arrêtent de fonctionner avec un manque à gagner énorme pour les opérateurs économiques déjà asphyxiés par les taxes créées çà et là. Pour ces heures de coupures de courant, aucune explication n’est donnée aux Togolais pour les situer.

On parle seulement de « travaux sur les ouvrages électriques » de la CEET. Ce qui laisse beaucoup sur leur soif et amène à chercher les vraies raisons ailleurs. En réalité, c’est la crise énergétique que connait la CEET.

CEET : infrastructures vétustes, câbles de mauvaise qualité

Selon plusieurs sources, la CEET est victime de la vétusté de ses infrastructures, de la mauvaise qualité de ses câbles, fruit de la corruption endémique dans le processus de passation des marchés depuis plusieurs années. En effet, on signale des pannes sur plusieurs conduites d’électricité dans la ville de Lomé et ses environs suite à la dégradation des câbles qui n’ont pas résisté aux charges envoyées. Les câbles de mauvaise qualité sont à l’origine de ces pannes. Il y a également des disjoncteurs qui ont lâché à plusieurs endroits. Depuis plusieurs jours, des équipes techniques de la CEET sillonnent la ville de Lomé pour localiser les câbles endommagés généralement enfouis dans le sol, sans succès pour l’instant. Ces désagréments liés à la qualité des installations et du matériel acquis à travers les appels d’offres relancent le débat sur la corruption qui gangrène depuis longtemps cette société. Il est à craindre que les rafistolages des câbles endommagés auxquels s’adonnent les équipes de la CEET ne soient des solutions provisoires.

Le problème du Nigeria affecte le Togo, selon les informations

A cette situation interne à la C E E T , il faut ajouter l’approvisionnement via le Nigeria qui connait quelques soucis. En effet, avec la guerre en Ukraine, le prix du baril a explosé, provoquant des pénuries d’essence et le gaz naturel qui paralysent l’économie du Nigeria. Cette paralysie est à l’origine des pannes de l’ensemble du réseau électrique du géant de l’Afrique de l’ouest. « En raison d’une panne de l’ensemble du réseau électrique, nous sommes au regret de vous informer de ruptures d’approvisionnements », a indiqué l’un des principaux fournisseurs de l’énergie au Nigeria, sur son compte Twitter. A l’intérieur du pays, la distribution du courant électrique se fait de façon sporadique. Les Nigerians pointent du doigt l’état désastreux des infrastructures électriques du pays. Pire, la Compagnie pétrolière nationale (NNPC) peine à approvisionner les centrales du pays. « Les causes de nos problèmes sont d’une part la guerre en Ukraine, et d’autre part la vandalisation permanente de nos oléoducs. D’ordinaire, le Nigeria produit de quoi remplir 250 pétroliers par mois, mais en raison des sabotages, seuls 142 navires sont chargés », a expliqué à RFI Muhammadu Lawal, membre du bureau de la NNPC.

Cette crise énergétique commence à impacter toute l’économie du Nigeria, surtout avec une inflation qui dépasse les 15%. Le premier pays producteur de pétrole en Afrique a de sérieuses difficultés. « Le Nigeria est le seul membre de l’Opep à souffrir d’un manque de capacités de raffinage. L’utilisation de carburants de mauvaise qualité est l’un des nombreux prix à payer de notre dépendance aux importations », a déploré Vanguard, un journal nigérian.

Avec toutes ces difficultés, le Nigeria ne parvient plus à fournir au Togo le quota habituel d’électricité. En temps normal, le Nigeria fournit entre 200 et 300 mégawatts au Togo. Il y a quelques semaines, il est tombé jusqu’à 50 mégawatts avant de remonter ce mercredi 6 avril à 160 mégawatts. La situation catastrophique dans ce pays risque d’impacter à court et moyen termes le Togo dont les besoins ne sont pas entièrement couverts par les centrales existantes. Selon une source proche de la CEB dont les hautes tensions sont sollicitées pour acheminer l’électricité vers le Togo, la situation risque de perdurer, surtout que la CEET et la SBEE cumulent plusieurs milliards de dettes envers la CEB.

Voilà les éléments tangibles qui justifient les coupures intempestives que les Togolais vivent ces derniers jours à Lomé et à l’intérieur du pays. La CEET n’est pas en mesur e , au – delà des communiqués laconiques balancés sur les réseaux sociaux , de déployer un plan de communication pour expliquer aux consommateurs les raisons du retour du délestage qui affecte l’ensemble du circuit économique.

Ce retour du délestage dû aux difficultés que nous venons d’énumérer repose la question sur les nombreux projets, à coûts de milliards, que les gouvernants ont toujours mis en œuvre tambour battant pour, dit-on, assurer une indépendance énergétique au pays. Finalement, on se rend compte que ni Contour Global, ni la Centrale Kékéli déjà en difficulté ne sont en mesure de répondre aux attentes des populations. Ce sont des projets mal conçus en fait, peu viables, budgétivores, aux contours opaques avec une forte odeur de corruption qui en rajoutent aux difficultés du pays. C’ est la conséquence d’une gouvernance sans vision avec des décideurs devenus des hommes d’affaires au sommet de l’Etat.

Les Togolais qui paient des factures très chères, l’éclairage public sans avoir les lampadaires dans les quartiers, les taxes d’habitation etc. doivent prendre leur mal en patience. La fin du calvaire n’est pas pour demain. En attendant un retour à la normale, la CEET confrontée à ses propre s démons (népotisme , corruption, surfacturations, fraudes, pillage…) est occupée pour l’instant à changer de DG, une pratique devenue monnaie courante dans la boite.

Aujourd’hui, c’est toute l’économie du pays qui est fortement impactée par ce délestage. Les opérateurs économiques sont obligés de mettre en berne leurs activités durant des heures de coupure, attendant désespérément le retour de l’électricité.

Isidore K.

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