Kamal Adjayi

On a l’impression que certaines personnes qui se bousculaient pour être élus conseillers municipaux ne comprennent pas le pourquoi ils sont allés aux élections. Ils croient qu’être à la mairie, c’est juste une occasion pour faire des pieds et des mains dans le but de se réaliser eux-mêmes, pendant qu’ils sont payés avec l’argent des pauvres contribuables, après des votes également financés par des fonds publics.

Une commune est comme un pays en miniature. Elle a des ressources limitées avec lesquelles il s’agit de réaliser le plus de choses possibles pour les quartiers. Dans la mesure où l’orthodoxie financière est respectée, dans la mesure où il n’y a pas de détournements de fonds ou d’escroquerie, le ‘‘gouvernement’’ de la commune a le droit d’opérer les choix économiques qu’il considère comme étant judicieux. Un maire peut donc choisir de creuser le déficit budgétaire pour financer des projets, s’il trouve que cela est nécessaire ou bénéfique pour ses administrés. Les électeurs sont là au bout du rouleau, pendant la prochaine élection, pour sanctionner ou apprécier sa gestion.   

C’est vrai qu’on peut ne pas être d’accord avec les dépenses. Pour cela, il y a des mécanismes judiciaires prévus dont on peut faire usage. Mais provoquer à volonté des crises pour peut-être devenir khalife à la place du khalife alors que les concitoyens vivent dans des conditions exécrables, c’est presque criminel.

Il y a des juges pour instruire et trancher les dossiers de malversation. Au lieu d’emprunter cette voie, la togolaiserie pousse de plus en plus de conseillers municipaux à préférer faire des vagues pour voir s’ils peuvent en tirer quelque dividende, pendant que le chômage, l’insalubrité, la pauvreté et l’insécurité nous prennent en étau.

Ces guerres déclenchées contre les maires coutent énormément d’énergie, de temps et de l’argent aux communes. L’exemple le plus éclatant de cette dérive est celui qui se passe dans le Golfe 3. En incitant au conflit, le conseiller qui demande la destitution de son maire a-t-il un peu pensé à la misère quotidienne des administrés, aux énormes défis d’assainissement à Gakpoto, aux braquages à Gbossimé, aux inondations de Gazépé, à la jeunesse désœuvrée? Peut-être que non, mais c’est sûr qu’il a pensé au titre de maire qu’il pourrait porter et arborer à l’issue de sa guerre, s’il venait à la gagner.

Le Togolais est devenu très sensible aux questions d’argent. Les méchants de tous poils le savent et n’hésitent pas à s’en servir pour réaliser leurs propres agendas. Ils savent que pour détruire quelqu’un aujourd’hui, il suffit de l’accuser de s’enrichir et les gens le lyncheront. C’est une méthode efficace mais malheureusement très dévastatrice pour le pays.

Travail honnête, audacieux, assidu et rigoureux pour améliorer la vie des populations, voilà de quoi nos mairies ont besoin; pas que les taxes et les impôts que nous payons servent à financer la zizanie, les intrigues, les cabales et les équipées politiciennes interminables.

Si le maire du Golfe 3 Kamal Adjayi a fait une gestion malhonnête des fonds publics, qu’il soit assigné et poursuivi. Mais que le conseiller Sossou Ayewou encourage une fronde et amène cette commune pauvre dans des disputes d’économie politique qu’il ne maîtrise pas lui-même et détourne l’attention des vrais difficultés, cela est mauvais. Les élus locaux doivent se mettre en ordre de travail et non en ordre de bataille. Ils n’ont pas besoin de nous créer encore plus de problèmes, car les partis politiques le font déjà très bien.

Source: Journal Sikaa

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