De gauche à droite : Les roublards de la « Coalition Rénovée », Tchassona Traoré du MCD, Yawovi Agboyibo du CAR et Dosseh Anyronle du NID | Photo : DR / IE


S’il y a des aberrations, les mieux partagées au sein de la classe politique togolaise, ce sont sans doute le ridicule et la malhonnêteté politique. Cela se remarque une fois encore à un mois des échéances électorales. Cette fois ci, c’est encore le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), le Mouvement Citoyen pour la Démocratie et le Développement (MCD) et le parti le NID qui traduisent justement ces absurdités. Ils quittent la C14 pour la «Coalition rénovée» ou la C3. Objectif, faire la lutte politique. Mais pour les uns, c’est du déjà vu. Cela ne donnera rien pour d’autres. Eux-mêmes soutiennent que ça marcherait et pensent aller loin dans une union de l’aveugle et du paralytique.

Que sert justement la classe politique de l’opposition togolaise à la population ? C’est la question que beaucoup se posent. Après avoir quitté la coalition des 14, trois nouvelles formations politiques viennent de mettre en place un nouveau regroupement politique.

Il s’agit de « la Coalition Rénovée de l’opposition » regroupant les partis politiques comme le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), le Mouvement Citoyen pour la Démocratie et le Développement (MCD) et le parti le NID. La « Coalition rénovée » se fixe pour objectif, la réalisation de l’alternance politique au Togo en 2020.

Face à la presse le vendredi 24 mai dernier à Lomé, la nouvelle coalition a été rendue publique en présence des responsables des trois formations politiques. A en croire ces responsables leurs formations politiques adhèrent à une seule idéologie.

Pour le Secrétaire Général du CAR, Jean Kissi, la coalition rénovée aura pour arme, les pressions populaires et le dialogue pour pousser le pouvoir de Lomé à passer aux réformes et par la suite conquérir le pouvoir afin de gouverner ensemble sur la base d’un programme unique.

« Le regroupement se fixe pour objectifs d’œuvrer à l’aboutissement de la lutte politique en lui imprimant une orientation politique caractérisée par le recours aux pressions populaires couplées avec le dialogue, en vue d’amener le régime à concéder les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales nécessaires à la suppression des obstacles et à la réalisation de l’alternance par voie démocratique, et conquérir le pouvoir afin de gouverner ensemble le pays sur la base d’un programme commun », a-t-il déclaré.

Les responsables de la Coalition rénovée donnent aussi leurs positions sur les questions de la CENI, les élections locales et surtout la question des deux tours à la présidentielle. Et sur ce dernier point, le CAR, le Nid et le MCD estiment que le mode de scrutin à deux tours est une aubaine pour réaliser une alternance politique pacifique au Togo.

« Le mode de scrutin à deux tours est un acquis historique d’une bataille. Donc c’est une liberté politique qui est accordée à l’opposition. Il nous revient de savoir si on va en jouir ou pas. Nous qui sommes dans la coalition rénovée sommes convaincus que c’est le moyen d’obtenir l’alternance au Togo », a laissé entendre Me Yaovi Agboyibo.

Ces responsables se disent disposer à entretenir des liens de coopération avec d’autres regroupements de partis d’opposition ou organisations de la société civile dans l’intérêt de la lutte pour l’alternance.

Mais tout ceci ressemble à du cirque selon plusieurs observateurs. Pour ceux-ci, seul le CAR peut encore mobiliser et c’est donc autour du CAR que le MCD et le NID se greffent. Ces formations politiques prises individuellement, elles ne peuvent rien.

Le MCD et son maitre…

Celui qui est aussi qualifié de comédien dans la politique togolaise, c’est le président de cette formation politique. Me Tchassona Traoré.

Dans son allure un peu agité avec sa pipe à la bouche, cet homme de droit est beaucoup plus préoccupé par ses affaires que la politique. Il n’est présent que lors des échéances électorales. A peine avec 5% lors de la dernière présidentielle, Tchassona Traoré a déjà milité dans plusieurs coalitions mais abandonne toujours ses compagnons de lutte en chemin.

Et il en a toujours la manière. En 2018 alors que toute la C14, dont il fut membre demandait à la population de ne pas aller se faire recenser, il était celui qui avait donné l’ordre opposé. Pour ceux qui le connaissent, il fait partie des businessmen politique. Dans cette aventure avec la Coalition rénovée, il fait chemin avec le NID.

Le NID vide d’oiseaux…

Selon plusieurs observateurs, il n’en vaut pas la peine de tirer sur un corbillard. Mais parfois, certaines attitudes poussent à agir. Le Nid, ne se résume qu’à son président Dosseh Anyron. Ayant erré très longtemps et sans issue avec quelques meetings de moins d’une dizaine de personnes dans les marchés de Vogan, il était venu s’accrocher à la C14 comme une puce de chien sous prétexte qu’il se retrouve dans l’idéologie de ce regroupement.

Mais très vite, des analystes ont conclus que le natif d’Anyrokopé était plutôt à la recherche d’une occasion pour se tailler une place au Soleil. Ses ambitions n’étaient loin que le bout de son nez disait de lui un acteur de la société civile.

Aujourd’hui, c’est le CAR qui lui offre cette place, mais faudra aussi chercher à savoir pour combien de temps. Et le maitre d’orchestre de toute cette coalition rénovée c’est Me Yawovi Agboyibo et son parti.

Le CAR, le maestro…

«Le chien ne change jamais sa façon de s’assoir» dira l’adage. Dans la politique togolaise, les plus avisés diront que Me Yawovi Agboyibo est et restera tel qu’il est avec sa politique. Tout le monde sait que cette coalition rénovée est une machination du patron du CAR. Après avoir quitté la C14 et après avoir rendu public un semblant de proposition de sortie de solution de sortie de crise à la même C14, c’est ce que le gourou du CAR remet sur la scène politique togolaise. Tout ceci pour un seul objectif selon des analystes : saboter la lutte se tailler une partie du pouvoir. Et il n’en est pas à sa toute première édition. L’histoire politique enseigne qu’il a toujours joué le même jeu. Il faisait partie des créateurs de la coalition Arc en ciel pour faire ombrage au collectif Sauvons le Togo. Outre cela, plusieurs autres coups bas sont à l’actif de l’homme de Kouvé. Des indiscrétions font savoir que le Comité d’Action pour le Renouveau et son président aurait battu campagne contre Jean Pierre Fabre, président et candidat de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) lors de la présidentielle de 2015, parce qu’il y avait un problème par rapport la candidature des deux hommes. Certaines sources même informent que le bélier noir avait la possibilité de mettre en œuvre les réformes issues de l’APG en 2006. Puisque c’est lui qui était le premier ministre nommé pour conduire le gouvernement d’union et aller aux réformes. Mais compte tenue des calculs politiques et politiciens, le président du CAR n’a pas voulu le faire.

Le tableau politique aujourd’hui est fortement alambiqué avec certains partis qui sont engagés dans la course aux locales alors que d’autres s’abstiennent. Des dissensions au sein de l’opposition, de divergence et des conflits internes. Face à cette union de l’aveugle et du paralytique qu’incarne la Coalition rénovée de Me Yawovi Agboyibo, il est fort probable que les enjeux pour l’élection présidentielle se jouent sur des intérêts partisans. Le Bélier noir en a la méthode.

En clair, ils disent défendre l’intérêt du peuple, mais de quel peuple s’agit-il et quel intérêt parlent-ils ? La question reste là. Pour l’heure, les observateurs laissent entendre que cette coalition n’est qu’une de trop et que rien n’en sera filtrer. Si au moins il rimaient à quelque chose sur l’échiquier politique, ces trois partis réunis.

Richard Aziague
 
Source : L’Indépendant Express
 

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here