Des sociétés continueraient-elles à émarger sur la liste d’attente si la zone franche industrielle du Togo ne leur offrait pas des avantages peu connus des citoyens ? Pas certain. Après plus de 30 ans d’existence, la zone franche industrielle présente un bilan qui doit interroger. Même si certains veulent qualifier ce bilan d’encourageant.

Depuis sa création en 1989, la Zone Franche a attiré des investissements cumulés de 240 milliards FCFA et totalité un chiffre d’affaires cumulé de 268 milliards FCFA, rapporte le site du gouvernement, republiquetogolaise.com. Censée garantir de meilleures conditions de compétitivité et simplifier les formalités aux investisseurs, la zone franche a contribué au Produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 67 milliards FCFA.

Si la situation des sociétés installées dans cette zone n’était pas reluisante, il n’y aurait pas de file d’attente. On apprend que 25 sociétés agréées sont en cours d’installation pour s’ajouter aux 71 existantes. 15 392 Togolais sont employés dans des secteurs d’activités commel’alimentaire, l’agro-alimentaire, le plastique, la pharmaceutique, la métallique, l’horticulture, l’habillement et les cheveux synthétiques, la cosmétique, ou les services.

On annonce ces chiffres pour se donner une certaine contenance avec la prochaine Agence de promotion des investissements et de la Zone franche (API-ZF), et l’entrée en activité prochaine de la Plateforme industrielle d’Adetikope (PIA), pour « booster davantage les performances de la zone franche togolaise ».

Insuffisant. Pour ne pas dire famélique comme bilan. Rien n’est dit sur la participation des Togolais à cette zone franche qui, ailleurs, aide au développement des pays. Ile Maurice, Tunisie, Sénégal, ces pays disposent de chiffres des participations des autochtones aux actionnariats.

Des exonérations monstres sont offertes aux entreprises pour leur installation. Et ensuite ? Beaucoup d’entreprises dans cette zone franche ont fermé pour s’installer ailleurs dans d’autres pays, une fois que la période d’exonération des taxes et certains impôts est passée. Qui perd au final ?

Trente ans d’activités, mais environ 15392 employés togolais. Pour des salaires situés dans quelles fourchettes ? Une participation au PIB à hauteur de 67 milliards FCFA, après tant d’années de présence. Les autorités gagneraient à reconnaître le fiasco engendré par cette zone franche au Togo.

Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre Victoire Tomégha-Dogbé a clairement indiqué une revue des exonérations fiscales et du code des investissements. Mais dans quel sens ? Est-ce pour offrir davantage de conditions favorables aux investisseurs, ou pour repenser le sujet et inciter les étrangers à incorporer plus de Togolais dans l’actionnariat d’une part, et obliger ceux-là à ne pas rapatrier la totalité de leurs bénéfices ? A ce jour, les entreprises sont autorisées à tout rapatrier sans état d’âme.

Godson K. / Liberté N°3340 du 04-03-21

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