La Cour suprême a suspendu à la dernière minute l’exécution de Duane Buck, condamné en 1995 pour double meurtre mais dont le procès avait été entaché de considérations sur sa couleur de peau.
 
Jusqu’au bout, l’État du Texas aura refusé d’épargner Duane Buck. En 1995, cet homme noir aujourd’hui âgé de 48 ans avait été condamné à la peine capitale pour le meurtre de son ex-petite amie et d’un ami de celle-ci. L’injection létale devait avoir lieu jeudi soir. Mais considérant que son procès avait été entaché de considérations raciales, la Cour suprême des États-Unis lui a accordé in extremis un sursis.
 
La plus haute juridiction du pays n’a pas indiqué la durée de ce sursis. L’avocate du condamné, Kate Black, s’est néanmoins dite «très heureuse que la Cour suprême ait reconnu l’injustice raciale dans cette affaire». «Nous sommes persuadés que la Cour sera d’accord pour dire que notre client a le droit à une audience juste qui ne soit pas entachée de considérations raciales», a-t-elle ajouté. L’ancien ministre de la Justice du Texas, le sénateur John Cornyn, avait admis précédemment «l’introduction déplacée de (questions) raciales lors de l’audience de condamnation de M. Buck», en l’occurence le témoignage d’un psychologue qui, interrogé par l’accusation, avait déclaré que les Noirs avaient davantage de risques d’être récidivistes.
Rick Perry intransigeant
 
Sur la base de ces éléments, l’avocate du condamné à mort avait introduit dans la matinée de jeudi une requête devant la Cour suprême pour que celle-ci suspende l’exécution. La veille, elle avait réitéré au gouverneur du Texas sa demande de surseoir à l’exécution pendant 30 jours. La belle-soeur de Duane Buck, qui avait survécu à la fusillade pour laquelle il a été condamné, avait également fait appel à la clémence du gouverneur texan. Un des procureurs qui avaient obtenu sa condamnation en 1997 avait également appuyé cette demande, soulignant «qu’aucun individu ne doit être exécuté sans avoir bénéficié d’un procès juste, non entaché de considérations raciales».
 
Mais le gouverneur texan Rick Perry, favori dans la course à l’investiture républicaine pour la présidentielle 2012, est resté sourd à ces appels. Avec 474 exécutions depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976, dont 235 sous sa gouvernance, son État détient le record des exécutions dans le pays. Interrogé la semaine dernière lors d’un débat des candidats républicains à Los Angeles, le gouverneur ultraconservateur avait répondu : «Si vous venez dans notre État et que vous tuez un de nos enfants, un policier, que vous êtes impliqué dans un autre crime et que vous tuez l’un de nos citoyens, vous ferez face à la justice ultime, c’est-à-dire que vous serez exécuté». Et d’affirmer, sous les applaudissements, que l’éventualité d’avoir laissé exécuter un innocent ne l’avait «jamais empêché» de dormir.
 
source : lefigaro

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