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« Seul celui qui a emprunté la route connaît la profondeur des trous » (Proverbe chinois)
Le récent communiqué conjoint des ministres des Travaux Publics et des Transports, Ninsao Gnofam et de la Sécurité et de la Protection Civile, Yark Damehame mettant en garde les conducteurs d’engins motorisés qui roulent « sans remplir toutes les conditions requises» ne passe pas inaperçu.
 
Évidemment on peut épiloguer, comme beaucoup le font actuellement, sur les raisons cachées de ce communiqué dont la fermeté du ton interpelle et suscite quelque peu du rire, en même temps. Pourquoi du rire ? Voici un communiqué interministériel qui enjoint aux forces de l’ordre « de saisir et de mettre en fourrière tous les engins qui ne remplissent pas les formalités requises (aux frais de leur propriétaire) jusqu’à la régularisation de leur situation ». Là est le nœud et toute la curiosité du présent communiqué. Car, pour savoir raison garder, il vaut mieux se fier à ce qui saute aux yeux. Toutes les Forces de l’ordre auxquelles il est ici formellement demandé de saisir les engins ont pour dénominateur commun : des motos non immatriculées. Et c’est quasiment une règle chez nos hommes en tenue. Tout autant que le port de casque est de règle pour tout engin à deux roues qui désire franchir les portes des Camps togolais depuis un moment. Yark – un militaire bon teint – et Ninsao ont-ils rapidement oublié de se rappeler l’état piteux de ces derniers qui manquent cruellement de moyens pour pouvoir se doter de plaques minéralogiques ? Qui ignore en effet qu’au Togo, les engins des hommes en tenue ne portent presque jamais de plaque ? En d’autres mots, on intime l’ordre aux « irréguliers » de saisir « les irréguliers ». Et par ce fait même, on justifie le caractère ubuesque, utopique voire irréalisable d’une décision par laquelle on semble se donner bonne conscience.
 
Cette fermeté des ministres Yark et Ninsao ne saurait arranger la réelle situation des engins non en règle des forces de l’ordre et de bien d’autres jeunes Togolais tenaillés par le chômage et la misère. Le vrai problème est ailleurs. La bonne question à se poser n’est donc pas de savoir quel engin répond aux normes ou non. Mais plutôt, combien coûtent l’établissement de la plaque et autres frais y afférents, au regard surtout de la bourse du Togolais moyen.
 
On a beau évoquer toutes les raisons – Sécurité routière, identification des passagers, leurs contrôles, etc. – la question demeure. Cela suffit-il pour justifier ce coût exorbitant de la réalisation des plaques ?
 
Il va sans dire que la réponse est non ! Si tel est le cas, l’on peut suggérer à Yark de travailler et de réussir primo, sa sensibilisation auprès de ses frères d’armes avant de penser à vulgariser une telle décision de concert avec son collègue des Transports. Il aura ainsi réussi, secundo, de servir d’exemple. Et tertio, il pourra désormais prétendre à toutes les décisions du genre sans qu’aucun Togolais ne rouspète.
 
Ivan Xavier Pereira
 
Liberté Togo
 

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