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« Les hommes construisent trop de murs mais pas assez de ponts » – Isaac Newton

 
La crise politique togolaise s’enlise jour après jour, nonobstant l’avalanche de missions de médiations annoncées dans notre pays. La raison en est le manque de volonté politique du plus « Faure » des enfants d’Eyadéma. Au-delà de son agenda, aucune proposition de sortie de crise ne lui agrée. Une telle posture n’est pas celle d’un protagoniste soucieux du dénouement d’une crise. Elle est plutôt l’expression d’une volonté d’imposer son diktat, bref de régler la crise selon son bon vouloir.
Leaders de l’opposition (h,g), Le récalcitrant Faure Gnassingbé (b.g) et le « médiateur » ghanéen Nana-Akufo Addo | Infog : 27avril.com
 
Annoncés comme la médiation de toutes les chances, les bons offices des chefs d’Etat ouest africains Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Nana-Akuffo Ado du Ghana, Patrice Talon du Benin, Mahamadou Issoufou du Niger et Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso n’ont pas reçu l’écho attendu. Faure Gnassingbé ne semble pas emballé par l’idée d’une présidentielle en 2020 sans lui.
 
Toutes choses étant égales par ailleurs, la libération des personnes détenues depuis le début de la crise et l’engagement de ne plus briguer un nouveau mandat présidentiel en contrepartie d’une jouissance paisible du pouvoir jusqu’en 2020 ne sont pas si déconnectés de la réalité. Mais la seule obligation de lâcher le pouvoir au terme de son 3ème mandat le rebute au plus haut point. Ceci justifie amplement les suspicions et craintes que pareille médiation lui inspirait. Voilà aussi pourquoi il cherchait à se choisir ses médiateurs, notamment ceux de la trempe de Ibn Chambas et Aïchatou Mindaoudou.
 
Dans ce contexte particulier, la mission du Comité Interparlementaire de l’UEMOA diligentée dans notre pays revêt-elle un sens ? La solution à la crise est susceptible de venir de partout et de nulle part. Dès lors que cette institution ne s’est pas disqualifiée dans son rôle de médiateur, il n’est pas vain d’espérer des propositions lumineuses de sortie de crise. Mais, on ne le dira jamais assez, Faure Gnassingbé reste une pièce maîtresse de cette crise. Toute solution crédible et pérenne passera inéluctablement par lui. Or rien ne semble indiquer qu’il fera un sursaut patriotique pour éviter à ses concitoyens de plus effroyables épisodes dans leur marche vers la démocratie. Au contraire, la voie qu’il privilégie reste une option chaotique ; mettre le pays à feu et à sang et espérer régner sur des tas de décombres et des champs de ruines.
 
Mais à l’aune de la passe d’armes entre Ousseynou Darboe, ministre des Affaires Etrangères de la Gambie post Yahya Jammeh qui presse Faure Gnassingbé de lâcher le pouvoir et Robert Dussey son homologue togolais, l’on est fondé à se demander en définitive ce que veut le pouvoir de Lomé. Privilégie-t-il vraiment la médiation alors qu’au même moment il a botté en touche les propositions de la médiation ouest africaine et revendiqué au passage une certaine légitimité ? Manifestement, Faure Gnassingbé joue parfaitement son rôle. Déclamer et financer la paix tout en brandissant des armes de guerre ; armer les miliciens pour terroriser les populations acquises à la cause de l’alternance et prétendre au même moment rechercher une solution concertée ; bref créer le chaos social sur fond d’instrumentalisation des clivages ethniques et prononcer des discours tendant à condamner de telles dérives.
 
Médiation oui ! Mais Faure Gnassingbé y est-il véritablement favorable ? Aussi longtemps que cette énigme n’aura pas été résolue, toute tentative de médiation ne sera qu’une perte de temps et débauche d’énergie.
 
Meursault A.
 
Source : Liberté
 

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