«Tant qu’il y aura des dictateurs, les mauvais réflexes d’antan survivront et contamineront les dirigeants des Etats démocratiques » (Jean-Baptiste Placca)

CEDEAO. Voilà un nom ou sigle qui casse les tympans des Togolais. Depuis que l’institution, qui donnait l’impression d’être pointilleuse sur les valeurs démocratiques, a cautionné au Togo, la parodie électorale qui a accouché en décembre dernier d’une Assemblée monolithique, elle a perdu tout crédit aux yeux des Togolais. Comble du cynisme, des fonctionnaires corrompus de la CEDEAO se sont pâmés d’admiration sur ce « scrutin de la honte » qu’ils ont présenté comme conforme aux « normes et standards internationaux ». Quand la question leur a été posée s’ils comptaient transposer le modèle togolais tant vanté dans les autres pays de la CEDEAO pour l’ancrage de la démocratie, ils n’ont pas été en mesure de répondre. C’est assez incroyable, la manie de cette institution à refuser de dire le droit, la vérité en se cantonnant à ses intérêts, au grand mépris du sort des Togolais.

Souvenons-nous, c’est la même CEDEAO qui, en 2005, à la suite de ce qu’on a appelé la « catastrophe nationale », avait soutenu la junte militaire au pouvoir qui avait massacré un millier de Togolais juste pour permettre au fils de prendre la place de son père au trône.

C’est également cette CEDEAO qui, en mai 2015, à la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement à Accra au Ghana, a préféré s’inscrire dans la médiocrité en satisfaisant les desiderata de Faure Gnassingbé et de son compère Yahya Jammeh qui se sont systématiquement opposés au protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie qui exigeait que tous les Etats membres harmonisent leur législation afin de prévoir un maximum de deux mandats présidentiels. La propension des deux chefs d’Etat à s’éterniser au pouvoir, contre vents et marées, aura finalement eu raison du projet communautaire d’imposer l’alternance démocratique dans les quinze (15) pays membres.

Le désordre que l’institution communautaire a semé au Togo en apportant sa bénédiction à une élection organisée au pas de charge, de manière unilatérale par le gouvernement et en violation de sa propre Feuille de route, une élection sans opposition qui a couché des députés « godillots », est en train de faire jurisprudence dans la sous-région. Ah oui, Patrice Talon copie parfaitement le système électoral togolais qu’il adapte fort bien au contexte béninois en excluant tous ses opposants des élections législatives. Comme au Togo, le Bénin aussi aura son parlement monocolore. La CEDEAO doit en être fière.

Pour n’avoir pas su freiner la boulimie du pouvoir des apprentis dictateurs qui ont fait échouer le projet communautaire sur la limitation des mandats, une ambition nourrie des différents peuples, d’autres chefs d’Etat obnubilés par le goût du lucre et le pouvoir, à l’instar d’Alpha Condé de la Guinée et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, veulent tout remettre en cause en ambitionnant de rempiler pour un 3ème mandat présidentiel.

Comme le souligne le confrère burkinabé Filiga Anselme Ramde, l’intégration démocratique au sein de la de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ressemble à un bal plein de poussière dans lequel les Chefs d’Etat et de Gouvernement ne perçoivent que leurs seuls intérêts.

Médard AMETEPE
 
source : Liberté
 

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