Omar el-Béchir et Abdelaziz Bouteflika à Alger, en mars 2005. Photo Joseph Barrack. AFP


« Une armée de moutons dirigée par un lion vaincra toujours une armée de lions dirigée par un mouton » (MarkyTeguia)

En moins de deux semaines, deux despotes impénitents, la momie Abdelaziz Bouteflika et le paria Omar el-Béchir qui s’accrochent au pouvoir comme des chauves-souris ont été démis par leur propre armée. Si la tendance pouvait continuer ainsi, l’Afrique serait débarrassée de ses parasites autocrates et les peuples retrouveraient enfin la liberté et le sourire.

« Il faut savoir quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent », enseigne la sagesse. Il semble que le pouvoir est si grisant au point de faire perdre la tête à certains. Ils deviennent si accrocs et ne comptent plus décrocher, quitte à mourir… d’overdose. Le goût immodéré des despotes pour le pouvoir aura conduit certains aux pires excès et dérives, mais aussi à leur perte. A force de se souder au trône, certains finissent par se faire botter les culs par leur propre garde prétorienne. Bouteflika et Omar el-Béchir en savent quelque chose.

Après trois décennies de règne sans partage, le désormais ex-président soudanais vient d’être sauté comme un fusible par sa propre armée qu’on dit avoir été créée à sa propre image. Une armée sous les bottes du dictateur et qui lui obéit au doigt et à l’œil. Mais c’est cette même armée acquise à la cause d’Omar el-Béchir

« J’annonce, en tant que ministre de la Défense, la chute du régime et le placement en détention dans un lieu sûr de son chef », a annoncé hier jeudi 11 avril, le ministre de la Défense, Awad Ahmed Benawf à la TVT, pardon, à la télévision d’Etat. Un conseil militaire de transition succède au président déchu pour une durée de deux ans.

Depuis décembre, le pouvoir de Béchir est secoué par un vaste mouvement de protestation, d’abord contre l’augmentation vertigineuse du prix du pain. Comme l’appétit vient en mangeant, le mécontentement a pris une tournure politique. Les manifestants exigeaient un changement de régime et le départ d’Omar el-Béchir au pouvoir depuis 1989.

Les manifestations se sont intensifiées depuis une semaine. Dans les rues de Khartoum, des scènes de fraternisation entre militaires et contestataires sont observées, ce qui ne présageait rien de bon pour Béchir. Il aurait pu anticiper les évènements et sortir par la grande porte. Mais obnubilés par le pouvoir, les dictateurs ne voient souvent pas plus loin que le bout de leur nez. Ils pensent être maîtres de la situation indéfiniment. Plusieurs décennies pour le dictateur-voleur, un seul jour pour le peuple-propriétaire. Le président soudanais croyait pouvoir manipuler pour se maintenir encore, le temps que les mouvements de contestation ne s’estompent d’eux-mêmes. Mal lui en a pris.

Omar el-Béchir a deux gros soucis actuellement. Il est au chaud, aux petits soins de son armée, mais aussi depuis 10 ans, il est un « mostwanted », activement recherché par la Cour pénale internationale (CPI) qui avait lancé un mandat d’arrêt contre lui pour crimes de guerre et crime contre l’humanité et génocide au Darfour. Un conflit qui avait fait 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés.

Une semaine plus tôt, c’est la momie algérienne, Abdelaziz Bouteflika qui est passé à la trappe, viré par l’armée. Quand on a une soif inextinguible pour le pouvoir au point de ne plus écouter son peuple, on se fait taper sur les doigts. Fin de règne pour Béchir et Bouteflika. A qui le tour ?

Médard AMETEPE
 
source : Liberté
 

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