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Il sonnait environ 1 heure du matin lorsque les téléphones de la plupart des journalistes présents à Lomé ont commencé par vibrer. Pour certains, c’est par de courts messages qu’on annonce la nouvelle du drame qui est en train de se jouer au Grand marché de Lomé. Pour d’autres, c’est à voix réelle que la chose est annoncée. Comme une traînée de poudre, la nouvelle fait le tour des rédactions de la capitale, la population est alertée.
 
Les premiers reporters arrivent sur les lieux du sinistre trente (30) minutes après le début des flammes. Ils sont accueillis sur place par des cris de détresse mêlés à ceux des soldats du feu togolais en lutte contre les flammes qui commençaient à consumer le bâtiment principal du Grand marché de Lomé, dont la renommée est connue au-delà des frontières.
 
1 heure 40 minutes, on commence par lire de l’impuissance sur le visage des sapeurs pompiers venus de l’unique caserne de Lomé située sur le Boulevard du 13 janvier. Le feu prend de l’ampleur, certains spectateurs décident de porter un coup de main aux pompiers et munis de sceaux d’eau et de simples casseroles, ils entrent dans la danse et aident à arrêter le feu. La foule commence à s’épaissir, les cris et pleurs se font de plus entendre. « Aaaaooooo, comment vais-je faire maaaa, avant de rentrer chez moi hier, je n’ai emporté de ma caisse que six (6000) mille F CFA », confie une commerçante assise à même le sol, le visage inondé de larmes. Pour Mlle Gboh, une autre revendeuse, c’est une marchandise évaluée à trois millions (3 000 000) acquise la veille qui est en train de partir en fumée sous ses yeux sans qu’elle ne soit en mesure d’intervenir.
 
Aux lamentations et pleurs, se mêlent des cris de colère et d’indignation. « Qui a fait ça !!! Ce n’est pas possible, nous ne pouvons pas accepter cela. Où est le gouvernement, que font les pompiers », crie un commerçant de tissu qui a du mal à tenir debout.
 
D’autres personnes, plus opportunistes, profitent de la tohu pour essayer de chaparder quelques objets livrer à la merci des flammes. Un jeune homme se fait épingler par la police en tentant la manoeuvre. Le kleptomane est très vite conduit en direction du poste de police le plus proche.
 
À 4 heures, les premières personnalités du gouvernement commencent à faire leur apparition. Le ministre de la Sécurité civile est le premier responsable du gouvernement à arriver au milieu de la foule qui entre temps, s’est faite encore plus dense. Il sera rejoint quelques instants plus tard par le maire de la ville de Lomé, le Contre-amiral Fogan Adégnon. Les deux personnalités entreprennent un tour des lieux.
 
4 heures 20 minutes, aux sapeurs pompiers et policiers sur place, viennent désormais s’ajouter des éléments de la garde présidentielle qui font la ronde arme au poing.
 
4 heures 30 minutes, des citernes d’eau et un véhicule d’intervention sont dépêchés de l’aéroport Gnassingbé Eyadema de Lomé pour venir en aide aux pompiers qui peinent toujours à venir à bout des flammes. Le feu impose toujours sa loi à cette troupe bigarrée composée de soldats du feu et de bénévoles accourusse sur place.
 
Au même moment, au centre de la ville de Lomé, un imposant convoi de Faure Gnassingbé, Président de la République du Togo est aperçu entrant au camp Gnassingbé Eyadema.
 
Les premiers véhicules des pompiers ghanéens font leur apparition sur les lieux du sinistre afin d’épauler leurs collègues togolais. Le combat contre les flammes prend une nouvelle tournure sous le regard hagard d’une foule incrédule et médusée. Une partie des flammes sera finalement circonscrit aux environs de 8 heures 30 minutes par les sapeurs pompiers ghanéens venus à la rescousse de leurs collègues togolais dont le matériel avait du mal à faire face à la situation.
 
À 7 heures 26, le Chef de l’État Faure Gnassingbé envoie ses premières réactions via le site du réseau social Twitter en ces termes : « Togo #TgInfo #assigame je suis pr l’instant l’évolution de la situation & le feu semble être maîtrisé Il y aura le temps D réactions après (je suis pour l’instant l’évolution de la situation et le feu semble être maîtrisé. Il y aura le temps des réactions après, NDLR) @TidoAd je ne pense pas que la présence du PR sur place à cet instant facilite Il est avec la cellule de crise et interviendra. (Je ne pense pas que la présence du Président de la République sur place à cet instant facilite les choses, il est avec la cellule de crise et interviendra, NDLR) @cocofabricio Hasard/Coïncidence ? Ne pas se laisser distraire par ceux qui ont un agenda caché et qui veulent tirer le pays vers le bas #Togo ».
 
8 heures 45 minutes, les pleures n’ont toujours pas cessé aux abords du Grand marché de Lomé. « Ils ont amené des voitures dans lesquelles il manquait du carburant, les bouches d’incendie qu’on nous dit qu’il y a au marché ici ne fonctionnent pas. Pourquoi cela », crie un homme, la quarantaine. « Je n’ai personne dans la vie, je suis perdue sauvez nous s’il vous plait, sauvez-nous », a renchéri une dame.
 
À Mme Dosreis d’ajouter sa peine à ce concert de lamentation et de désolations en ces mots : « Quel est ce sort qui nous arrive en ce début d’année ? J’ai des centaines de millions dans mon armoire qui se trouve dans la boutique à l’étage. Tous mes pagnes de grande qualité et ceux des autres sont partis en feu. Ce métier est celui que je fais depuis et c’est grâce à cette activité que mes enfants ont pu réussir leur vie et depuis que mon mari s’en est allé, c’est ce commerce qui m’a permis de subvenir aux besoins de mes enfants, sinon ils seraient actuellement des brigands », laisse-t-elle entendre. « C’est ma grande mère qui fournit les marchandises à tous ceux qui se trouvent sur cette aile (aile sud) du bâtiment. Elle a beaucoup d’argent dans la boutique et elle ne rentre pas avec cette importante somme à la maison parce qu’elle a souvent peur d’être braquée en chemin, voilà tout est parti en feu. Quand elle a appris l’information, elle a perdu connaissance », affirme une jeune fille, les cheveux ébouriffés.
 
Photo: image du bâtiment en feu (c) Afreepress
 
Olivier A.
 
afreepress