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Alors que l’on s’attendait à une décision de réouverture totale et définitive des lieux de culte, la Coordination nationale de gestion de la riposte de la Covid-19 ne donne aucune précision. Les autorités togolaises maintiennent donc le statu quo et tergiversent.

Début avril, le Togo a décrété l’Etat d’urgence sanitaire avec des mesures de restriction des libertés individuelles et collectives. Ecoles, universités, débits de boissons, discothèques et lieux de culte ont été fermés pour éviter la propagation du virus. Quelques mois après, les mesures ont connu des allègements significatifs avec la réouverture des bars, la reprise des cours pour les élèves en classe d’examen et la levée du couvre-feu dans la totalité des régions administratives du pays. Dans le lot, seuls les lieux de culte restent fermés, le gouvernement craignant que leur réouverture occasionne une multiplication des cas de personnes atteintes de la Covid-19.

Le 07 juillet, une rencontre d’échanges avec les acteurs du monde religieux a été initiée par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales et la Coordination nationale de gestion de la riposte de la Covid-19. Les différentes parties ont convenu d’une réouverture progressive et partielle des lieux de culte afin d’expérimenter le respect des gestes barrières. Le 17 juillet 2020, l’Eglise catholique, le Conseil chrétien et l’Union musulmane ont été autorisés chacun à ouvrir cinq églises et mosquées dans chaque région administrative, et trois par préfecture à l’intérieur du pays. Au niveau de la capitale, la préfecture du Golfe, le nombre de lieux de culte autorisés à ouvrir est de neuf contre sept pour Agoè-Nyivé. D’autres entités religieuses dont la Fédération des associations et organisations chrétiennes (FAOC) ont été aussi autorisées à ouvrir un lieu de culte par préfecture.

Deux mois après cette décision de réouverture partielle, aucun reproche n’a été fait aux églises, en termes de respect des mesures barrières. Tout semble avoir bien fonctionné. D’ailleurs des services sanitaires rapportent le satisfécit du comité de gestion de la riposte contre la Covid-19. Le ministère de l’Administration territoriale, la Coordination nationale de gestion de la riposte et les responsables des organisations religieuses ont multiplié les rencontres pour une bonne réouverture des lieux de culte. Aucun obstacle n’est identifié.

Curieusement, cette reprise totale des activités cultuelles peine à être autorisée. Les autorités togolaises demeurent toujours dubitatives. Et pour cause, lors de la dernière conférence de presse hebdomadaire de la Coordination nationale de gestion de la riposte de la Covid-19, la réouverture des églises a été renvoyée à la Saint Glinglin. « Concernant l’ouverture des lieux de culte, nous sommes en train de voir. Ça va s’ouvrir. Seulement, c’est une question de temps », a déclaré le Colonel Djibril Mohaman, président de la coordination. Il évoque dans le même sillage la prochaine rentrée scolaire fixée au 26 octobre 2020, avant « la réouverture complète des lieux de culte qui va parvenir sous peu ».

En d’autres termes, on est encore loin de l’ouverture des lieux de culte. Avec la rentrée prochaine et le doute qui plane sur son effectivité le 26 octobre prochain, il faudra attendre novembre ou décembre 2020, peut-être même janvier 2021 pour voir églises et mosquées s’ouvrir totalement. Un choix qui pose problème et suscite des interrogations quant à la volonté réelle des autorités togolaises vis-à-vis de la profession de la foi au Togo. Pourquoi autoriser les bars à reprendre leurs activités et laisser les lieux de culte fermés ? Pourquoi expérimenter une réouverture des églises et feindre de craindre une hausse des contaminations en cas de reprise totale des activités ? Cette crainte ne se justifie pas dans la mesure où même lorsque les églises et mosquées sont restées fermées, les cas ont toujours augmenté.

En fait, certains observateurs estiment que si le gouvernement ne se presse pas d’ouvrir les lieux de culte, c’est parce que ces derniers ne sont pas assujettis au paiement des taxes et impositions. C’est apparemment l’argument qui a milité en faveur de la réouverture des débits de boisson. Dans tous les cas, la tergiversation des autorités togolaises ne se justifient pas.

G.A. / Liberté Togo

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