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Gilbert Bawara a eu jeudi dernier, des « échanges à bâton rompu » avec des professionnels des médias. Une rencontre au cours de laquelle ce cadre du parti UNIR, a passé en revue un certain nombre de sujets portant sur la récente manifestation publique organisée par le CAP2015 pour exiger des réformes politiques, constitutionnelles et institutionnelles et le respect des clauses de l’Accord Politique Global.
 
Le natif de Siou dans la préfecture de Doufelgou a aussi donné son avis sur le phénomène Tchikpi Atchadam et ses manifestations de rue, la tournée nationale entamée par la Commission de réflexion sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles de Mme Awa Nana Daboya et les rumeurs de crise au sein de l’UNIR. « Je m’exprime en tant que citoyen Gilbert Bawara mais surtout, en tant que militant engagé d’une formation politique, Union pour la République (UNIR) », a-t-il tenu à préciser avant tout.
 
Si Gilbert Bawara a un reproche à faire à Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition), c’est sa propension à tout rejeter pour après, s’en prévaloir et réclamer la jouissance des fruits. Les travaux de la CVJR, le vote de la Loi portant statut de l’opposition et la signature de l’Accord politique global (APG), sont quelques exemples avancés par le militant Bawara pour mettre en exergue cette situation qu’il reprouve.
 
A l’époque du vote de la Loi sur le statut de l’opposition, rappelle-t-il, l’actuel chef de file l’opposition siégeait dans un groupe parlementaire dissident de l’UFC et avait estimé qu’il n’était pas question pour les députés de l’ANC de participer à « cette mascarade » de débat et du vote d’une loi portant statut de l’opposition. Un débat pour, disait-il, consacrer un arrangement qui existerait entre UNIR et l’UFC pour voter la loi portant statut de l’opposition. « Nous ne sommes pas à une contradiction près de la part de ceux qui se prévalent aujourd’hui du statut de l’opposition et qui réclament l’application totale de cette loi en leur faveur », fait-t-il observer.
 
Le citoyen Gilbert Bawara, puisque c’est à ce titre qu’il dit s’exprimer, soutient par ailleurs que les réformes politiques, constitutionnelles et institutionnelles réclamées par la classe politique de l’opposition, interviendront à coup sûr. Le souhait de l’Union pour la République (UNIR), le parti au pouvoir et de ses militants, est de voir le travail de la Commission de réflexion sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles aller à son terme. Une fois ce travail terminé, dit-il, il est loisible que le Président de la République procède à des consultations supplémentaires avec les partis politiques. Une fois que les rapports et les conclusions de tout ce travail seront remis au Président de la République, s’il ne fait pas usage de ces conclusions, les réactions seraient compréhensibles, avance-t-il et de rappeler que la mission assignée à la Commission Awa Nana est d’aider à la réflexion, de recueillir des points de vue et des propositions des acteurs politiques et de la société civile toutes tendances confondues. Ce qu’elle est actuellement en train de faire.
 
L’homme privilégie l’écoute et le dialogue dans la résolution des différends politiques même s’il pense que la recherche de dialogue ne saurait paralyser la République et mettre à mal le fonctionnement des institutions du pays. Le Togo a des occasions et des cérémonies républicaines auxquelles le peuple souhaiterait voir sa classe politique participer ensemble. La célébration de la date de l’indépendance en est une. « La célébration des événements douloureux est également un moment où nous devons être soudés et nous mettre au-dessus de nos clivages et considérations partisanes et politiques. Quand nous perdons des soldats partis se battre au Mali pour la sécurité des pays de la CEDEAO et pour notre sécurité collective et nationale et qu’on organise une cérémonie en leur mémoire, c’est aussi une occasion où il serait bien que le peuple togolais puisse voir les dirigeants, la classe politique, les responsables de la société civile, unis. Le peuple togolais veut voir le Président de la République et le chef de file de l’opposition à côté l’un de l’autre au nom de la célébration de l’indépendance de notre pays », insiste Gilbert Bawara.
 
Ce sont des « occasions aussi importantes que les moments où le chef de file de l’opposition cherche à être reçu selon ses desideratas et quand lui il le veut », martèle-t-il.
 
Pour lui, il y a des moments où le Président de la République et les responsables politiques doivent se voir et ces moments ne doivent pas être forcément formalisés. « On n’a pas besoin d’étaler sur les médias toutes les occasions où le Président de la République et le chef de file de l’opposition se rencontrent », fait-t-il savoir.
 
UNIR profite-t-elle des moyens de l’Etat pour s’imposer face aux autres formations politiques du pays. Ces accusations, soutient Gilbert Bawara, sont des « affabulations ». La force du parti au pouvoir, soutient-il, lui vient de l’engagement et de la détermination de ses militants à mettre la main à la poche pour le soutenir. « J’ai cru comprendre que la semaine passée, les gens ont transporté des citoyens d’un peu partout par des bus pour gonfler leur manifestation. Je ne crois pas que Jean-Pierre Fabre soit un ministre ou ait des moyens illimités mais il est arrivé à faire cela. De même UNIR travaille en s’appuyant sur l’engagement de ses militants », s’est-il défendu.
 
L’APG, une référence mais pas un dogme…
 
Il rappelle par ailleurs que « ceux qui sont aujourd’hui les chantres de l’application intégrale ou intégriste de l’Accord Politique Global (APG) n’ont pas été nécessairement les premiers artisans ou les artisans actifs de cet accord ». L’APG avait essentiellement pour mission d’apaiser le climat sociopolitique du pays au lendemain de l’élection présidentielle de 2005 émaillée de violences. L’APG avait donc selon lui, pour mission de créer les conditions de sécurité, de confiance nécessaire et mettre en place des mesures d’apaisement pour inciter les réfugiés togolais à regagner leur bercail. « Aujourd’hui il n’y a pratiquement plus de personnes déplacées, il n’y a plus de réfugiés et même ceux qui sont les atouts de notre développement aujourd’hui, ce sont nos citoyens de la diaspora. Je suis de ceux qui pensent que l’APG continue d’être une référence morale et politique mais chercher à en faire un dogme, me semble réellement excessif », laisse-t-il entendre.
 
L’APG a pleinement joué son rôle, soutient-il. Le climat sociopolitique a été apaisé, certaines réformes ont été réalisées, la Cour Constitutionnelle et la CENI ont été recomposées, la refondation de l’armée a eu lieu, le Code électorale a été révisé. La seconde logique de l’APG était que le reste des réformes se poursuit dans des cadres institutionnels issus des élections législatives, rappelle-t-il.
 
« Aujourd’hui nous ne sommes plus dans une situation de crise. Même lorsque nous étions dans une situation de crise qui nous obligeait à aller vite vers les réformes, qui a violé les recommandations de l’APG ? Ce ne sont pas les partisans du Président de la République. Ce sont ceux qui sont les chantres aujourd’hui de l’APG », indique notre interlocuteur qui dénonce une « sorte de supercherie » dans ce débat. « On cherche à illusionner le peuple. Quand nous disons que hors de l’APG on ne peut pas opérer les réformes, c’est faux. Nous sommes aujourd’hui dans une situation institutionnelle, politique, sociale et économique normale. L’APG ne doit pas être transformée en une bible où chaque phrase doit être respectée de manière mécanique », martèle Gilbert Bawara qui préconise plutôt le dialogue et la concertation pour poursuivre le processus de réformes ou à défaut, l’arbitrage du parlement ou du peuple pour trancher.
 
Tchikpi Atchadam et les dérive tribalistes
 
Gilbert Bawara s’inquiète des discours et des propos « ethnocentriques » que tiennent certains responsables politiques à l’occasion de leurs sorties publiques ou médiatiques. Il classe parmi ces leaders politiques à relents tribalistes, le président du Parti National et Panafricain (PNP) et le met en garde contre une remise en question de la « cohésion et de l’unité du pays ». Il faut que les Togolais prennent garde aux dérives qui sont constatées et veillent à préserver l’union du pays, recommande-t-il. Si demain UNIR avait l’impression qu’il y a des actes et comportements, des attitudes tendant à fragiliser la cohésion et l’unité nationales, elle ne manquera pas de se mobiliser pour défendre les valeurs de fraternité et de tolérance auxquelles elle est très attachée. « S’il y avait des comportements, des attitudes et des discours qui sont de nature à fragiliser le vivre ensemble, à mettre à mal l’unité du pays, à mettre à mal notre désir et notre volonté de vivre ensemble, le souci que nous devons avoir ou notre volonté de travailler ensemble. Je dis que, s’il y avait le sentiment que tout ceci était menacé, UNIR qui est attachée aux valeurs de cohésion et d’unité ne manquera pas de réagir. Quand la République est en danger, nous devons être des remparts et lutter contre les relents tribalistes », engage-t-il.
 
A UNIR, jusqu’ici tout va bien…
 
Le parti au pouvoir, contrairement à ce qui est dit et avancé par la presse baigne dans la cohésion. Si le ministre reconnaît qu’il existe des courants de pensée et des approches qui ne sont pas toutes homogènes, il explique la situation par le dynamisme du parti et la liberté accordée à chaque militant de s’exprimer. Il y a une passerelle entre les anciennes et nouvelles générations qui cohabitent en bonne entente au sein du parti, souligne-t-il.
 
« A UNIR, nous avons inversé l’ordre des choses. Nous ne sommes plus dans les partis organisés de manière pyramidale où tout se décide au sommet et s’impose à la base qui doit suivre. Tout le monde prend des initiatives. UNIR est un parti de terrain et il n’y a pas de jour où un militant ou un cadre n’organise pas une activité à quelque part sur le territoire national », se réjouit-il.
 
« Je ne vois pas UNIR, un parti qui a été créé pour promouvoir le renouvellement de ses membres sur la base de l’ouverture, s’enfermer dans le conservatisme. Ce parti ne peut pas remettre en cause ses valeurs. Toutes ces rumeurs sont fausses», laisse-t-il entendre et de donner rendez-vous aux observateurs au congrès d’UNIR, qui aura lieu selon lui, dans les mois à venir.
 
A.Y.
 
source : afreepress
 

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