Ayewouadan
Ayewouadan

On l’attendait depuis le conseil des ministres du 12 octobre 2021 où l’annonce a été faite. Enfin, le conseil des ministres a adopté le décret devant consacrer la transformation du secteur des médias publics du pays. Réuni ce 20 janvier à la présidence de la République, le communiqué à l’issue du conseil des ministres indique que : « Le conseil a examiné et adopté le projet de décret portant attribution, organisation et fonctionnement de la Radio et Télévision du Togo (RTVT). Ce projet de texte, renseigne le communiqué final, qui vise à donner un nouveau statut aux médias audiovisuels publics togolais dans leur structure et leur fonctionnement, s’inscrit dans les objectifs de modernisation et de renforcement des structures de notre pays conformément à l’axe 3 de la feuille de route du gouvernementale. Il permet de disposer de médias publics efficients capables de contribuer au développement et de participer au rayonnement du Togo. L’adoption de ce décret marque une étape décisive dans le processus de transformation du paysage audiovisuel de notre pays »

 Cette information, à première vue, doit donner un peu de sourire à tous les hommes et femmes des médias du Togo car cette transformation est souhaitée depuis des lustres. Si elle a été un des projets phares de la gouvernance Faure, les nombreux ministres qui sont passés à la tête de ce département n’en ont pas fait une priorité. Même Kouméalo Anaté qui devrait insuffler un vent du renouveau à ce ministère du fait de sa formation a plutôt brillé dans les faits divers. Sur ce plan il faut tirer chapeau à la Cheffe du gouvernement qui reste attachée au cahier de charge donné à chaque ministre.

Les réformes peuvent toutefois se faire sur papier avec la revue législative, sur ce plan l’Exécutif togolais est proactif avec ces nombreux spécialistes en droit public qui savent aller puiser dans les registres de la législation française, des textes tout faits sans l’adapter au contexte du pays. On a l’expérience de la Société d’édition du Togo (EDITOGO), éditrice du quotidien Togo Presse qui a déjà un statut particulier et qui a occupé un moment la une des journaux pour le licenciement de pauvres employés réclamant un mieux-être. Dans une autre dimension, l’Agence Togolaise de Presse (ATOP) est transformée en garage pour les rares talents dans les médias publics capables de tenir encore en haleine l’audience. Vite étiquetés pour leurs origines, leur franc-parlé ou leur audience dans les milieux de la presse, certains sont confinés dans les méandres de l’Agence nationale de production audiovisuelle ou le Centre de recyclage et de Formation en communication. En embrayant sur les réformes Pr Akodah Ayéwouadan a-t-il déjà des hommes et femmes capables de porter le nouveau projet ?

Ayéwouadan veut reconstituer le fichier du personnel de son ministère.

Dans sa parution N° 3476 du 28 septembre 2021, le quotidien Liberté  titrait « Covid19 et fake news ; la communication publique prise en otage ». Dans cet article l’auteur illustre son analyse avec le cas d’un journaliste persécuté pour ses accointances supposées avec un homme politique. Les nombreux cas de journalistes bien formés qui désertent le ministère pour d’autres départements, faute d’une perspective heureuse dans les médias du secteur public ont été évoqués. L’énigme de ce  confrère qui a fait la une des journaux relève de sa compétence avérée et de ses entrées dans les rédactions par ses fonctions antérieures. D’autres journalistes souffrent le martyre mais sont condamnés à une mort lente.  Selon nos renseignements, le journaliste en question, connu pour son travail efficace à la tête de La Chaîne du Futur (LCF),  a plaidé personnellement pour retourner à sa profession originelle malgré des propositions plus attractives. Mais, une fois affecté au ministère de la communication et des médias, il est mis au frigo à l’ATOP.  Cet exemple laisse croire que les réformes tant annoncées ne sont que des paravents pour engranger des points et  donner l’illusion d’efficacité. Un travail objectif sur les indicateurs de performance ne donnerait pas grand-chose au professeur de droit qui brille de plus en plus par des nominations dénuées de toute objectivité au vue des profils promus depuis quelques moments. «Nommer des rédacteurs en chef sans formation en journalisme à la tête des rédactions de  médias d’Etat n’est pas une œuvre de salubrité publique. Ce ministère est-il devenu un désert de compétence ? » se demande un doyen de la corporation. En faisant l’évaluation du patrimoine et en adoptant ce décret fixant attribution, organisation et fonctionnement de la Radio et Télévision du Togo,  le jeune ministre a certainement fait un pas décisif dans l’avènement de l’Office de Radio et Télévision du Togo qui doit consacrer le renouveau de la presse publique au Togo.

Le ministère de la communication et médias, ne disposait pas de fichier actualisé sur les compétences mises à disposition, ce qui donne lieu à des décisions qui frisent  le mépris de la compétence tente de justifier un fin connaisseur de l’administration publique. Selon les informations, le ministre a récemment informé les directeurs et chefs de services de son département de lui envoyer les dossiers de leur personnel en vue de constituer le fichier du personnel. L’esprit de cette correspondance est d’avoir une meilleure visibilité des compétences disponibles dans son département. Selon notre source, il est aussi annoncé un cabinet   dans les prochains jours pour travailler sur le fichier du personnel en vue de retenir les meilleurs profils dans le cadre de cette réforme mais déjà des trafics d’influence sont engagés et certains journalistes veulent  aller voir ailleurs, loin des dieux de la communication du Togo.  « Je ne veux faire la publicité pour personne mais quand vous avez des profils que vous avez cités (NDLR), des docteurs, des administrateurs de radiodiffusion issus d’écoles de journalisme, des gens qui sont des références à des postes de responsabilité ailleurs et qui, retournés à la communication  doivent raser les murs faute de perspective devant la proéminence des anciens liseurs de motion, cette gestion du capital humain questionne » nous a confié un ancien présentateur de la Télévision Togolaise. Et à un fonctionnaire du ministère d’ajouter que « Ces réformes doivent être inclusives et départies des contingences politiques, Ayéwouadan a un problème c’est son cabinet ».

En attendant de voir jusqu’où ira le ministre de la communication et des médias dans ses réformes, ce décret ouvre la voie pour de profondes réformes et la mise en valeur des compétences dont regorgent les médias publics pour  accompagner le développement du pays. Les jours prochains nous édifieront de la sincérité ou non de ces réformes tant annoncées.

Mike ALMEYDA

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