Brigitte-A--johnson-500


Un audit général des opérations de recensement débutées depuis le 15 mars dernier dans la zone 1. Voilà ce que réclament le Collectif Sauvons le Togo (CST) et la Coalition Arc-en-ciel. Ces deux regroupements de l’opposition ont fait connaître leur exigence mardi à l’issue d’une conférence de presse conjointe tenue à Lomé dont l’objectif était de porter à l’attention de l’opinion, les « irrégularités » remarquées au cours de la première phase d’enrôlement des populations, une phase qui a bénéficié d’une semaine supplémentaire de la part de la Commission électorale, nationale et indépendante (CENI).
Les deux organisations ont dénoncé les « dysfonctionnements et irrégularités » constatés au cours de l’opération et parlent d’«inscriptions de mineurs dans certaines localités du pays » ainsi que de « nomades non togolais effectuant des transhumances de bétails » dans d’autres. Le CST et la Coalition Arc-en-ciel ont également mis en cause, le « refus d’enrôlement » de leurs militants dans certaines localités du pays par les agents de la CENI.

Approchée par l’Agence Afreepress, Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson (photo), présidente de la Coalition Arc-en-ciel apporte plus de précisions. Lire l’entretien.
Afreepress : Bonjour Madame Adjamagbo-Johnson. Quelles sont les observations que vous avez eu à faire au cours de l’opération de recensement et que vous portez aujourd’hui à la connaissance de l’opinion ?

Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson : Les craintes que nous avons au début de ce recensement ce sont confirmées, l’observation que nous avons eue à faire de l’opération durant les dix premiers jours nous a montré qu’en réalité rien n’était prêt pour qu’il y ait un recensement digne de ce nom. Il y a eu d’énormes problèmes au niveau du matériel, nous avons constaté que les populations n’ont pas eu l’information comme cela aurait dû l’être. Nous avons constaté qu’il y a eu beaucoup de défaillances au niveau du matériel, mais également au niveau de la logistique. Par exemple, nous avons vu dans certains villages que ce sont les populations elles-mêmes qui ce sont organisées pour fournir un générateur pour que le recensement puisse commencer.

Afreepress : Donc selon vous, la CENI n’était techniquement pas prête pour organiser ce recensement ?
Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson : La CENI n’était techniquement pas prête pour organiser ce recensement et nous nous posons la question aujourd’hui de savoir pourquoi cette précipitation ? Pourquoi vouloir démarrer coûte que coûte ce recensement alors que manifestement la CENI n’était pas prête pour faire un travail correct ?

Afreepress : Mais le délai de recensement a été prolongé dans la zone 1 pour pouvoir permettre aux populations de se faire enregistrer afin de corriger toutes ces lacunes.

Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson : Nous avons bien peur que cela ne résolve pas le problème. Elle a prolongé le délai, mais quelles sont les dispositions qui ont été prises pour que ces kits ne tombent pas fréquemment en panne ? Quelles sont les dispositions qui ont été prises pour que le recensement aille plus rapidement ? Nous avons vu le temps que cela prend lorsque les populations vont dans les bureaux de recensement. La procédure est trop lente et nous avons l’impression qu’au-delà de ce délai supplémentaire accordé, cela ne donne rien en termes d’amélioration de la qualité du travail qui se fait. Nous pensons qu’à la fin du recensement dans la première zone, il faudra nécessairement marquer une pause, faire un audit de ce qui a été fait de manière à s’assurer que les choses iront mieux dans la deuxième zone.
Permettez-moi de rendre hommage aux populations qui ont eu beaucoup de patience. Nous avons vu comment les gens ont dû se rendre plusieurs fois dans les bureaux de recensement avant de pouvoir se faire enregistrer ce qui est un sacrifice énorme pour ces populations des milieux ruraux qui doivent s’occuper de leurs travaux champêtres. Nous voulons les encourager à maintenir cette mobilisation, nous avons vu aussi comment elles ont exercé une vigilance citoyenne. Vous savez, nos comités de vigilance ont été alertés dans beaucoup d’endroits par des citoyens qui sont venus se faire recenser et qui ont remarqué des irrégularités. Nous demandons donc que la population maintienne le même niveau de vigilance et que ceux qui n’ont pas encore pu se faire recenser sortent massivement pour aller le faire, car cette étape est importante pour nous.

Afreepress : Pourquoi réclamez-vous un audit du recensement ? En quoi va-t-elle participer à régler le problème que vous posez ?

Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson : D’abord l’audit va permettre d’évaluer l’ampleur des irrégularités, de voir ce qui n’a pas marché et de corriger ce qui s’est fait dans la première zone afin de pouvoir en tirer leçon pour la seconde zone et nous pensons en tout état de cause que l’un des problèmes de ce recensement vient du fait que de manière unilatérale, le gouvernement a pris sur lui de commencer le recensement alors même que nous attendions des discussions, que nous demandions des discussions pour qu’il y ait un consensus. En l’absence de ce consensus, l’opposition n’était pas représentée dans les comités de listes et cartes.
Nous avons constaté que cette absence de l’opposition dans les comités de listes et cartes a énormément dérangé les populations qui ont cherché à savoir pourquoi cela était ainsi. Ça jeté une sorte de discrédit sur le travail qui est fait aux yeux de cette population. Heureusement que nous avons pris sur nous de faire une sensibilisation et d’expliquer aux populations qu’on devait prendre sur nous de contourner cette difficulté et d’aller au recensement afin d’exercer une vigilance.

Afreepress : Vous parler également d’enrôlement de mineurs au cours de ce recensement. Avez-vous des éléments probants pour soutenir cette accusation ?

Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson : Bien sûr que nous avons des preuves que nous verserons le moment venu au dossier. L’audit permettra également de relever ce que nous disons, mais dans tous les cas nous avons des preuves que nous apporterons au moment opportun. C’est pour que nous comprenions tous mieux ce qui s’est passé.
Interview réalisée par Bernard A.

afreepress

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here