Les recrues de la douane déclarées inaptes à la formation militaire en 2018 ont animé hier une conférence de presse. Objectif, alerter l’opinion sur les magouilles ayant marqué le processus et qui ont conduit à leur recalage, et interpeller le gouvernement aux fins de leur réintégration à l’Office togolais des recettes (OTR). La conférence a eu lieu avec le soutien du Mouvement Martin Luther King (MMLK)- La Voix des Sans Voix.  

Ils sont au total 26 jeunes à avoir été recalés au concours de recrutement lancé en juillet 2017 par l’Office togolais des recettes (OTR). Au cours d’une conférence de presse animée hier, ils sont revenus sur les circonstances de leur retour au chômage, après avoir été déclarés admissibles à la fonction d’agent de douane de l’OTR.

Suivant le récit des faits, rien n’augurait du recalage de leurs dossiers avant les résultats des examens médicaux passés au Camp Général Eyadéma de Lomé, le 24 septembre 2018. En effet, à la suite des épreuves écrites du concours, 136 candidats ont été déclarés admissibles pour l’option douane puisqu’il y avait aussi l’option impôts. Le 03 septembre 2018, ils ont été convoqués au siège de l’OTR pour le contrôle des admissions. Alors que la prochaine étape du processus de recrutement était les interviews, celles-ci ont été annulées. Le lendemain, les recrues ont signé une fiche de prise de service. Il leur était également demandé de produire les documents complémentaires afin d’être intégrés dans la liste du personnel de l’Office. Ce qui fut fait, et d’après les informations, il était recommandé aux recrues de préciser dans leur CV qu’ils étaient agents de l’OTR. Dans la foulée, des comptes bancaires ont été ouverts afin d’y verser les salaires.

Les recrues de l’option impôts ont donc pris service, mais pour ceux qui ont choisi l’option douane, il restait l’étape de la visite médicale. « Selon les termes de référence du concours, la visite médicale doit avoir lieu juste après la proclamation des résultats des épreuves écrites. Autrement dit, le 04 septembre 2018, on devrait passer les examens médicaux », expliquent les recrues.

Malheureusement, cette étape a été ignorée jusqu’à trois semaines après les résultats. La visite médicale a finalement eu lieu le 24 septembre 2018. Entre-temps, les recrues ont participé à plusieurs séminaires de formation. Des séances de sport ont été aussi organisées. « Nous sommes en train de vous mettre dans le bain. C’est la même formation qui vous sera donnée au Centre nationale d’instruction (CNI) », leur répètent les formateurs. Et tous les jours, les responsables des ressources humaines de l’Office faisaient l’appel pour vérifier les présences. Au début du mois d’octobre 2018, toutes les 136 recrues de la douane reçoivent leur premier salaire via les comptes bancaires.

Pour ces jeunes, plus aucun doute sur leur intégration à l’OTR. Mais le 05 octobre 2018, un communiqué leur parvient. 26 d’entre eux sont déclarés inaptes à la formation au service militaire. « Nous avons rencontré le DRH qui nous a dit que même si nous sommes déclarés inaptes pour la formation militaire, cela ne nous rend pas incapables de travailler à l’OTR. Il nous a rassurés et nous a dit de ne pas nous inquiéter », rapportent les recrues.

Contre toute attente, alors qu’ils étaient encore dans l’espoir d’une réponse des responsables de l’OTR, les 110 autres candidats déclarés aptes ont été convoyés, le 08 octobre 2018, au CNI à Kara. Et comme nous l’avons toujours dénoncé, d’autres candidats ont été ajoutés au premier lot de 110 recrues. « Nous avons remarqué que d’autres candidats, 22 plus précisément, ont été contactés et convoyés eux aussi au CNI à Kara. Ce sont ceux qui ont échoué aux épreuves écrites auxquelles nous avons réussi. Certains n’étaient même pas candidats dans l’option douane comme nous. Un autre groupe s’y est ajouté et ils étaient 149 à avoir suivi la formation militaire », révèlent les recrues.

Autre fait qui démontre les magouilles orchestrées dans le processus de recrutement, c’est que les 26 recalés ont figuré dans la liste des agents retenus pour le défilé. « Nous nous sommes présentés pour les entrainements et ils nous ont dit que c’est une erreur », soulignent-ils.

Depuis octobre 2018, les agents recalés ont multiplié les démarches pour que leur situation soit revue, en vain. Ils ont saisi la Direction anti-corruption de l’OTR    qui n’a pas encore donné de suite à leur requête. « Ils ont fait des démarches à l’endroit des autorités. Quand nous avons été saisis, le MMLK a tenté de rencontrer les autorités concernées, mais nos démarches n’ont pas encore abouti », a déclaré Pasteur Edoh Komi, président du MMLK.

Dans une lettre réponse au MMLK, l’actuel Commissaire général de l’OTR, Philippe Tchodie a estimé que les entrainements et autres séminaires de formation étaient de nature à permettre aux candidats d’apprécier le cadre et les conditions de travail. « On ne saurait assimiler le processus d’admissibilité à un engagement encore moins à une prise de service dans un recrutement », écrit-il. Et pourtant, ils ont fait signer aux recrues une fiche de prise de service.

Pour finir, les recrues ont annoncé vouloir quitter l’étape des couloirs pour entamer des procédures judiciaires afin que justice soit faite. Ils ont aussi interpellé Faure Gnassingbé « pour qu’il s’implique personnellement dans la résolution » de cette affaire.

Géraud Afangnowou
 
source : Liberté
 

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