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Le principal accusateur des responsables du Collectif Sauvons le Togo (CST) dans le dossier des incendies des marchés de Lomé et Kara, Mohamed Loum, alias Toussaint Tométy vient d’effectuer un spectaculaire revirement dans cette affaire en soutenant avoir été « manipulé » par certains officiers de la gendarmerie togolaise dans le but « d’impliquer dans cette affaire », des responsables de l’opposition, dont certains, croupissent actuellement en prison et d’autres, faisant l’objet de « contrôle judiciaire ».

C’est en tout cas ce qu’indique une lettre qu’aurait adressée à Jean-Pierre Fabre, président national de l’Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition) ce jeune « Sénégalais », interpellé le 18 janvier dernier et présenté à la presse. Ladite lettre démonte une à une, les accusations portées contre le CST et ses responsables, des accusations sur la base desquelles les enquêteurs ont effectué des arrestations dans les rangs du CST, un collectif dénonçant « vigoureusement » le pouvoir de Lomé depuis déjà trois années.

Cette lettre (transcrite dans des conditions difficiles, NDLR) lue ce vendredi dans la matinée sur les ondes de la radio Légendes dit en substance ce qui suit : « Salut Président Jean-Pierre Fabre, tout ce qui se passe actuellement n’et qu’un coup monté par les éléments de la gendarmerie SRI. Le 18 janvier 2013, 19 heures 35 a été la date de mon arrestation au Bar le Réservoir du Château d’Eau de Bè suite à un rendez-vous que m’a fixé le journaliste Sodji Tony m’entraînant dans un piège qu’il avait préparé en complicité avec les forces de l’ordre. J’ai été arrêté, frappé, torturé depuis le Bar le Réservoir du Château d’Eau et durant tout le parcours jusqu’au camp de la gendarmerie nationale. La nuit du 18 jusqu’au 21 janvier a été le pire moment de ma vie. Le capitaine Akakpo, Yanani, Agbenda et un Maréchal Chef de Logis du nom d’Alidou m’ont demandé de coopérer avec eux. Tout ce que j’ai déclaré sur les réunions du 5 au 8 janvier tenues au siège de l’ANC sont faux et archi faux », dit en introduction ce jeune jomme puis de s’expliquer : « les prétendues cérémonies auxquelles seront soumises les jeunes requis pour l’incendie du Grand marché de Lomé au cimetière de Kamalodo ne sont que des mensonges conjointement préparés par Tony Sodji et les officiers enquêteurs du SRI. Aucune enquête n’a été faite, les enquêteurs du SRI ont basé leurs arrestations sur des photos des responsables de l’ANC et celles de votre garde rapprochée. Même ma photo et celle de bien d’autres jeunes qui participent aux manifestations ont été prises par le journaliste Sodji Tony au cours des manifestations de l’opposition. M. Éric Dupuy, M. Claude Améganvi, M. Amorin sont des personnalités politiques qui sont visées et d’autres responsables que je connais bien, mais dont j’ignore les noms », enfonce cette lettre aux allures de mea-culpa.

Loum Mohamed pointe du doigt les capitaines de gendarmerie cités plus haut comme ceux qui auraient « convaincu le Procureur et le Doyen des juges d’instruction par des mensonges » afin de s’attaquer aux responsables politiques inculpés. Tout ce que j’ai déclaré devant le procureur, indique la note attribuée à M. Tométy, « m’a été dicté par les soins des trois capitaines et mémorisé par des entraînements répétitifs. À vrai dire, tout cela ne constitue que des montages pour accabler les personnes visées, ils m’ont remis de l’argent et ont promis de m’extrader après la procédure judiciaire et que je serai le héros de ces enquêtes mensongères et que j’aurai une grosse récompense de la part du Chef de l’État », rapporte ce dernier qui relève le rôle joué par le Procureur de la République dans cette affaire qualifiée de « scabreuse » par de nombreux observateurs. « Le Procureur de la République m’a affirmé qu’il prendra un soin particulier pour assurer ma sécurité, il devient urgent de procéder à l’arrestation de Sodji et des capitaines gangsters, car je suis entre les mains de terroristes. Je pense à vous patriotes de la liberté, prenez soin de vous s’il vous plait », avance l’homme dans cette lettre à lui attribuée.

La lettre est fausse, avance Tony Sodji
Le journaliste photographe Tony Sodji, dont le nom est abondamment cité dans cette lettre et présenté comme ayant pris une part active à l’opération de « décapitation » de l’oopisition dément catégoriquement cette version des faits. Celui-ci à son tour, parle de « montage » et soutient que le jeune Loum Mohamed ne reconnaitrait pas être l’auteur de cette missive envoyée aux responsables de l’ANC. « Loum Mohamed ne reconnaît pas avoir écrit cette lettre. Il n’a pas mon numéro, on peut aller à Togocell pour rechercher cela. Les journalistes peuvent aller à la gendarmerie pour parler à Loum Mohamed. Le capitaine Akakpo dit qu’il est prêt à le faire sortir de sa cellule pour parler à la presse. Dimanche dernier, c’est son oncle (de Loum Mohamed) qui voulait me poignarder dans un bar, il reviendra après me demander pardon », a confié dans la matinée de venderdi à l’Agence Afreepress, Tony Sodji.

Me Claude Amégan et Agbéyomé Kodjo témoignent

L’ancien Premier ministre sous Gnassingbé Eyadema, Agbéyomé Messan Kodjo, présenté comme le « cerveau de l’opération » ayant conduit aux incendies et le « bras financier » des pyromanes joint au téléphone par la radio Légende Fm sur la question a exprimé son « soulagement » face à cette évolution.
L’homme a eu une confrontation avec Loum Mohamed jeudi par-devant le Doyen des juges d’instruction. Il rapporte les circonstances dans lesquelles cette confrontation a eu lieu : « J’ai demandé à mon avocat d’intervenir auprès du doyen des juges d’instruction pour que je puisse bénéficier de mon passeport aller me soigner en France. Donc, le Doyen des juges d’instruction a organisé une confrontation entre Loum Mohamed et moi, je peux dire que je suis sorti de là soulagé », rapporte le patron de la formation politique OBUTS qui a une pensée « positive » pour les femmes commerçantes de Lomé et de Kara dont, a-t-il dit, « la vie a été brisée par cette action criminelle ». « Je suis sorti en me disant que la main droite du Seigneur est victorieuse, la main droite du Seigneur est haut levée. Ce qui s’est passé donne une nouvelle orientation à l’enquête et à la procédure. Les rebondissements seront énormes sur le plan judiciaire et politique et en cela c’est le politique qui parle », a-t-il martelé tout enthousiaste.
De son côté, Me Claude Amégan, avocat du directeur de publication du quotidien Liberté, fait une confidence sur le sujet et rapporte avoir rencontré le concerné avant sa confrontation avec M. Kodjo devant le Doyen des juges d’instruction. « J’ai rencontré M. Loum dans la salle d’attente de M. le Doyen des juges d’instruction qui m’a dit : “Me, je veux que tu rentres avec moi !”.

“Je lui ai dit, je ne suis pas ton avocat”, confie l’avocat qui rapporte que Mohamed Loum lui aurait répondu, vouloir dire “toute la vérité”. “Il m’a dit, Me je veux dire la vérité, je vais tout dire. M. Adja et tous les autres n’en sont pour rien”, indique ce dernier.
Plusieurs dizaines de personnes, toutes proches du CST sont incarcérées dans le cadre de cette affaire. D’autres responsables de cette organisation font l’objet de contrôle judiciaire et interdits de voyage et de parole dans ledit dossier.
Olivier A.

afreepress

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