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Rapports « Indice de développement humain (IDH) » et Doing Business


C’est l’une des rares fois que les autorités togolaises consacrent du temps à un rapport. Simplement parce que les conclusions semblent les caresser. Mais lorsqu’un autre rapport plus social, celui de l’Indice de développement humain (IDH) du PNUD était sorti deux semaines plus tôt, pas un seul mot n’a filtré là-dessus. Et pourtant, les conclusions qui y figurent devraient indiquer les voies à suivre pour redresser la barre sociale qui n’est pas rose, loin s’en faut. Puisque le Togo, entre 2012 et 2014, a reculé de 7 rangs pour être classé 166è sur 187 pays selon le dernier classement paru en juillet 2014 et rendu public en octobre dernier.
 
Le 1er juin 2014, les données de Doing Business 2015 ont été mises à jour et rendues publiques le 29 octobre dernier et selon le dernier classement, le Togo a gagné 15 places par rapport à 2014. Informé de l’heureux événement, le Premier ministre Ahoomey-Zunu en personne s’est déplacé au siège de la représentation mondiale pour suivre le classement, et il n’a pas raté l’occasion pour se complaire dans un satisfécit étonnant. « Les succès enregistrés par notre pays sont le fruit de la politique de paix, de stabilité et d’émergence économique ainsi que de grands travaux prônée et mise en œuvre par le Chef de l’Etat qui a instruit l’appareil gouvernemental à œuvrer pour le bien-être des populations », s’est-il fendu. Le site gouvernemental, republicoftogo.com a aussi commenté le « bond » enregistré par le Togo. « …Le rapport 2015 constate que le Bénin, la République Démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo sont parmi les 10 premiers pays ayant le plus amélioré leur réglementation des affaires parmi les 189 économies couvertes par l’étude de la BM », écrit-il. Dit comme cela, on croirait que les autres pays n’arrivent pas à la cheville du Togo alors que c’est simplement l’effort fait par rapport à l’année passée.
 
Et c’est sciemment que rien n’a été dit sur le rang occupé par le Togo, parce que dans la réalité, le pays est classé 149ème sur 189 pays. Ça veut dire qu’il y a un an, le Togo était 164ème. Le rapport mesure les réglementations affectant 11 domaines de la vie d’une entreprise. Dix de ces domaines sont inclus dans le classement de cette année sur la facilité de faire des affaires : création d’entreprise, octroi de permis de construire, raccordement à l’électricité, transfert de propriété, obtention de prêts, protection des investisseurs minoritaires, paiement des impôts, commerce transfrontalier, exécution des contrats et règlement de l’insolvabilité. Doing Business mesure également la régulation du marché du travail, ce qui n’est pas inclus dans le classement de cette année.
 
Mais lorsqu’un autre rapport est sorti deux semaines plus tôt, les mêmes autorités qui ont passé le temps sur des médias à louanger « la politique d’émergence économique » du chef de l’Etat, ont perdu leur latin pour se prononcer sur les raisons du recul constaté. En effet, selon le dernier rapport sur le Développement humain 2014 intitulé : « Pérenniser le progrès humain : réduire les vulnérabilités et renforcer la résilience » publié par les Nations-Unies le 9 octobre 2014, le Togo a été classé parmi les pays à l’Indice de développement humain (IDH) très bas et occupe le 166ème rang sur 187 pays. Alors qu’en 2009 et 2012, il était classé 159ème. Que comprendre dans ce classement et celui de Doing Business ?
 
L’Indice de développement humain est un indice statistique créé en 1990 par le Programme des Nations unies pour le développement. Son objectif est d’établir un aperçu global du niveau de vie des pays en prenant en compte trois principaux critères: l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation et le niveau de vie. Le chiffre obtenu par ces évaluations combinées est censé donner une idée du développement du pays.
 
Le rapport indique que « selon les mesures de la pauvreté basées sur les revenus, 1,2 milliard de personnes vivent avec un revenu inférieur ou égal à 1,25 dollar par jour. Les dernières estimations de l’Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) du PNUD révèlent toutefois que presque 1,5 milliard de personnes dans 91 pays en développement vivent en situation de pauvreté marquée par des carences cumulées en matière de santé, d’éducation et de niveau de vie. Et malgré une baisse d’ensemble, près de 800 millions de personnes risquent encore de basculer dans la pauvreté en cas de crise financière, naturelle ou autre ». Lorsqu’on fait un diagnostic de l’état du système de santé, de l’éducation et du niveau des salaires, donc de vie au Togo, il est difficile de jeter l’opprobre sur ce rapport qui, plus que les prédictions d’une cartomancienne, rend compte de l’abandon des vrais problèmes des Togolais par les autorités. Et la grogne latente des travailleurs regroupés au sein de la Synergie des travailleurs du Togo (STT) par rapport aux dernières négociations avec le gouvernement vient apporter du piquant au constat du rapport.
 
Rappelons que l’Indice de développement humain classe les pays du monde en quatre catégories selon la notation : très haut, haut, bas et très bas, et le Togo figure dans la dernière catégorie. De quoi donner à réfléchir aux autorités si tant est que le bien-être des populations est au cœur de leurs préoccupations.
 
Godson K.
 
Liberté Togo
 

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