Quelques milliers de togolais ont encore battu le pavé ce vendredi dans les rues de Lomé, suite à l’appel des Organisations de défense des droits de l’Homme (ODDH) pour exiger la démission du gouvernement, suite à la récente polémique autour de la publication d’un rapport de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) sur des allégations de torture lors du procès du complot contre la sûreté de l’Etat d’avril 2009, a constaté un journaliste de l’Agence Savoir News.
Partis de Bè Château, les manifestants ont parcouru certaines artères de la capitale togolaise avant de chuter à Dékon (sur le boulevard du 13 Janvier) pour un sit-in.
Le podium était installé au grand carrefour Dékon. La plupart des magasins et boutiques installés dans la zone, étaient pratiquement fermés pendant le sit-in.
Certains responsables des partis de l’opposition étaient également parmi les manifestants : Jean Pierre Fabre de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Agbéyomé Kodjo de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS) et Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson de la Convention démocratique des Peuples Africains (CDPA).
Dans la foule, plusieurs pancartes et banderoles brandies, affichaient : « exigeons la mise en application des recommandations de la CNDH sans délai », « exigeons la ratification du traité de Rome », « gouvernement Houngbo, démission » ou encore « plus d’impunité au Togo » ou encore « ensemble contre le silence coupable des violations des droits de l’Homme et des libertés ».
« Nous exigeons des mesures idoines et urgentes pour la mise en œuvre des recommandations de la CNDH. Les mesures prises par le gouvernement lors de son Conseil des ministres la dernière fois, ne sont que des mesures disciplinaires. Ce n’est pas normal, surtout pour des gens rendus coupables de tortures », a déclaré à l’Agence Savoir News Me Raphaël Kpandé-Adzaré, président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme.
« Nous allons poursuivre nos manifestations, jusqu’à satisfaction de nos revendications. Car falsifier un rapport d’une institution constitutionnelle, c’est vraiment trop grave », a-t-il souligné.
Rappelons que le gouvernement avait publié un rapport, document qu’il a indiqué avoir reçu de la CNDH. Ce rapport « conclut au rejet de l’accusation de torture ».
C’est le gouvernement qui, au lendemain de ce procès des personnes impliquées dans l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat, avait mandaté la CNDH d’ouvrir une « enquête impartiale », afin que lumière soit faite sur les faits allégués.
Deux jours plus tard, la CNDH a publié sur son site Internet, un autre rapport qualifié d’ »authentique », complètement différent de celui publié par le gouvernement.
Dans ce rapport, la CNDH « constate qu’il a été commis sur les détenus, des actes de violences physiques et morales à caractère inhumain et dégradant ».
Mercredi dernier, le gouvernement a pris plusieurs mesures. Les autorités togolaises ont invité la hiérarchie militaire à engager des procédures « disciplinaires » à l’encontre des personnes mises en cause dans le rapport de la CNDH. Le statut de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) sera également révisé. Des dispositions sécuritaires sont également prises au profit du président de la CNDH Koffi Kounté – qui s’est réfugié à Paris – et des membres de sa famille.
Junior AUREL
savoirnews.net