Le débat sur cette question des coups d’État mobilise beaucoup d’énergie ces derniers temps et c’est à raison. Ce fléau en vérité avait semblé avoir été estompé depuis que le blanc a dit avoir amené dans nos pays, ce qu’il appelle la démocratie et l’État de droit qui garantiraient un mieux-vivre ainsi que les conditions optimales d’épanouissement effectif des peuples.

Malheureusement, plus le temps passe, mieux l’on découvre que les démocraties ainsi vantées sont réduites à la seule formalité de l’élection qui, elle aussi, subit des contorsions et des cambriolages qui finissent par faire émerger une classe de dirigeants peu efficaces et moins portés sur les défis qui se présentent quotidiennement à leurs peuples.

Ils sont si attachés au pouvoir, au fauteuil douillet et aux inouïs avantages matériels que celui-ci fournit qu’ils n’ont point d’énergie véritable pour servir décemment et convenablement la cause de leurs peuples.

Ainsi se multiplient des plaintes et des complaintes légitimes des populations qui ont le net sentiment, très souvent, d’être trahies par leurs propres dirigeants qui, au lieu de se mettre résolument à leurs services, s’acoquinent plutôt avec le colon d’hier pour piller et détourner les ressources disponibles.

Et comme si cela ne suffisait pas, le fléau terroriste monté de toutes pièces et entretenu exprès par des mains noires en rajoute aux peines des populations déjà contraintes à l’impasse.

Dans un tel contexte où les dirigeants donnent l’évident sentiment d’avoir démissionné de leur mission sacerdotale, les hommes en armes désireux de se faire valoir sur les fronts, se révoltent et s’immiscent dans le champ politique en déchargeant les dirigeants supposés être élus de leur responsabilité.

Il s’agit bien là des actes qui rendent compte de l’affaissement évident des valeurs démocratiques tant recherchées, mais en même temps d’un besoin pressant de réorganisation des systèmes de gouvernance dans cet espace communautaire de l’Afrique francophone.

Il est logique que des opinions divergent à propos de ces coups d’État, mais l’histoire retient en effet que pour l’essentiel, les militaires qui souvent ont une culture de résultats, sont ceux-là qui ont permis à plusieurs États dans le monde de se construire.

Partons d’abord de De Gaulle, un vrai putschiste qui, après avoir renversé le régime de Vichy en France, a largement œuvré pour donner à ce pays une grandeur dont se vantent les français aujourd’hui. Rawlings au Ghana a fait la voie à la démocratie, tout comme Sankara a su organiser la révolution burkinabé ayant permis de forger l’intégrité qui identifie le peuple burkinabé.

L’on peut certes constater le recul de nos États par rapport à la démocratie, mais au regard de la faillite des dirigeants actuels, ces renversements peuvent être considérés comme un pas que nos pays pose en arrière pour immanquablement mieux sauter.

L’enjeu reste donc double: que les officiers ayant confisqué les pouvoirs fassent preuve de pragmatisme pour asseoir les balises d’un renouveau pour leur pays et que les dirigeants élus apprennent, à partir de tout ce qu’ils observent aujourd’hui, à ne point dévier de leur mission et encore moins, à renoncer à leur responsabilité qui est de travailler inlassablement pour épanouir leurs peuples.

Ceci leur conférera une légitimité auprès de leurs peuples de sorte que si un militaire ose un projet de coup d’État, le peuple lui-même le mettra devant le fait accompli par une opposition farouche, contrairement à ce qui se note aujourd’hui où, dans l’ensemble, les populations acclament en guise de soulagement, la chute précipitée des régimes supposés être élus

Ce n’est qu’à ce prix que cette spirale de révoltes qui prête le flanc à des renversements de pouvoirs par les militaires pourrait prendre opportunément fin.

Luc Abaki

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