Bientôt tous les frais inhérents à la gestion de la pandémie de la Covid-19 au Togo seront à la charge des patients. 500.000 FCFA pour la mise en quatorzaine et 65.000 FCFA pour le dépistage de la maladie. L’Etat togolais emprunte la voie du désengagement.

La pandémie n’est pas encore derrière nous. Ce constat, personne ne peut le nier. Du chef de l’Etat au Togolais lambda en passant par les responsables du comité de gestion de la riposte de la Covid-19 ou des structures sanitaires en charge du suivi des patients, tous s’accordent à dire qu’il faut continuer à être vigilant. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le gouvernement a intensifié, à travers les forces de sécurité, le contrôle du port de masque dans les lieux publics. Des contraventions de 3.000 FCFA ont été même délivrées à ceux qui y dérogent. Et la « chasse » se poursuit.

Dans le même temps, et cela s’observe depuis la fin du mois de juin 2020, le gouvernement se désengage de l’accompagnement des populations pour une meilleure lutte contre la Covid-19. Sans vouloir rappeler la fin de la distribution du fonds de solidarité Novissi, il y a lieu de constater que la procédure de mise en quatorzaine et le dépistage des cas suspects sont pratiquement abandonnés.

Le 30 juin 2020, l’ambassade du Togo en France informe les candidats au rapatriement qu’ils auront à s’acquitter des frais de prise en charge lors de la mise en quatorzaine. « L’Ambassade de la République Togolaise en France rappelle à l’attention des candidats au rapatriement sur les vols spéciaux à destination de Lomé, au Togo, dans le contexte de la pandémie de la Covid-19, que les voyageurs seront soumis, jusqu’à nouvel ordre, à la procédure d’observation d’une quatorzaine dès leur entrée sur le territoire togolais. Le Gouvernement togolais assure une prise en charge partielle des frais inhérents à l’accueil et au séjour dans des hôtels dédiés à cette quatorzaine. Par conséquent, un forfait de cinq cent mille (500 000) francs CFA, soit 762,24 euros, sera supporté par chaque personne majeure durant la quatorzaine », indique le communiqué qui précise que « tout voyageur devra signer une fiche d’engagement relative aux dispositions susmentionnées avant son embarquement à l’aéroport de départ ».

En effet, cette disposition ne concerne pas que les compatriotes résidents en France ou dans les autres pays d’Europe. C’est une mesure applicable à tous ceux qui rentrent sur le territoire togolais. Le 26 juin 2020, une note du ministère des Affaires étrangères, adressée à toutes les missions diplomatiques et consulaires du Togo informait « qu’un forfait de cinq cent mille (500 000) francs CFA par personne sera facturé par  la coordination nationale de gestion de la riposte à la Covid-19, pour la période de quatorze (14) jours de mise en quarantaine ». Un communiqué publié le 02 juillet par le ministère de la Sécurité et de la Protection civile renchérit : «Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, tient à rappeler à tout personne qui se rend dans un pays limitrophe, pour diverses raisons, surtout non officielles (enterrement, mariage etc.) qu’elle sera soumise aux mesures de confinement de 14 jours, à ses frais, dès son retour au pays ».

Point n’est besoin de polémiquer sur le coût excessif de cette mise en quatorzaine dont très peu de Togolais peuvent s’acquitter. La consigne est donc claire : que celui qui ne veut pas payer 500.000 FCFA ne sorte pas du pays, peu importe la raison.

Mais la décision curieuse qui accompagne celle du paiement des frais de mise en quarantaine est le fait que les analyses soient rendues payantes en cas d’ouverture des frontières. La raison est qu’il y aurait beaucoup de demandes. « Tout est gratuit jusqu’à maintenant pour identifier le maximum de cas, les confiner et les traiter. Avec l’ouverture prochaine des frontières, il y aura beaucoup de demandes. Les tests devront être facturés », a indiqué Mme Wembo Halatoko, directrice générale de l’Institut national d’hygiène (INH), rapporté par republicoftogo.com. Ceux qui seront testés vont devoir payer 65.000 FCFA. A peu près deux fois le SMIG au Togo. Cette annonce ne doit pas être faite par l’INH qui n’est qu’un prestataire. C’est à la Coordination nationale de gestion de la riposte de la faire.

En réalité, ces mesures qui sont a priori légales tendent à créer une situation insoutenable dans le pays. Cumulées, ces nouvelles dispositions auront incontestablement une incidence majeure sur la lutte contre la propagation du virus dans le pays. Les gens seront contraints de rentrer dans la clandestinité pour échapper aux frais de mise en quatorzaine et ceux qui sentent le besoin de se faire dépister ne le feront pas. Ceux deux catégories de potentiels porteurs du virus vont se mélanger à la population. Ils contamineront d’abord leurs proches qui à leur tour vont contaminer d’autres personnes. Le pays se retrouvera alors dans une situation de propagation accélérée de la contamination à la Covid-19. Un scénario à éviter à tout prix.

Mais le mal, c’est que le gouvernement ne communique pas assez sur les montants engagés dans la lutte contre la propagation de la maladie dans le pays. Outre le fameux Novissi, personne ne sait ce que coûte réellement la gestion de la riposte.

G.A. / Liberté Togo

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