Manifestation du Collectif « Sauvons le Togo ! » : Le sit-in sévèrement réprimé au 2ème jour par les forces de l’ordre
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A l’origine étaient les adoptions du code électoral et du découpage par l’Assemblée nationale les 25 et 31 mai derniers. Et en réponse à cette forfaiture commise au sommet de l’Etat, la population a répondu à l’appel à manifester du CST par une mobilisation sans nulle autre pareille. Mais le sit-in d’hier a été sauvagement réprimé par les forces de sécurité alors que les organisateurs avaient une autorisation.
Si les éléments des forces de l’ordre dépêchés pour encadrer la manifestation devraient être évalués tout juste avant l’arrivée des manifestants, la mention très bien ne serait pas usurpée. Car depuis le marché de Bè jusqu’à la clôture de la Gendarmerie, la circulation était réglementée et la place Dékon apprêtée pour recevoir la déferlante. Ils n’étaient pas des milliers ni des dizaines de milliers, mais des centaines de milliers à envahir la place qui, très vite, se trouva débordée. Au point que l’avenue Maman N’danidaha aussi était noire de monde.
C’était saisissant et agréable à voir. Et jusque tard dans la nuit, mieux jusqu’à hier matin, tout allait bien. Sauf que selon les indiscrétions, il était décidé au niveau de l’Etat major général que l’immobilisme dans lequel la capitale était plongée mardi, écornait sérieusement l’image de pays modèle que les autorités s’efforcent de donner au Togo.
C’est ainsi que tôt dans la matinée, alors que le leader de l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement), Jean-Pierre Fabre, s’adressait à la foule qui avait passé la nuit dans les prières, soudain, comme venu du milieu de nulle part et au moment où rien ne laissait présager un tel événement, une grenade lacrymogène atterrit aux pieds du leader sur l’estrade.
La déflagration résonnait à peine qu’elle fut suivie de plusieurs autres, ce qui créa une débandade générale. Et c’était le déclic qu’attendaient les hommes en uniforme. Ceux-ci chargèrent la foule qui ne put que se disperser dans tous les sens. Les bruits des détonations en cascades et la débandade donnaient une image d’apocalypse. Du boulevard jusqu’au carrefour
Le Colonel Yark Damehane arrivé sur les lieux, n’eut que ces mots à la bouche : « Mais, sur quoi tirent-ils en réalité ? Il y a encore des têtus alors qu’il leur est demandé de cesser les tirs ». Le colonel sait bien où se sont produits ces incidents et il lui est facile de retrouver les brebis galeuses si dans son for intérieur tous ces débordements n’avaient pas été prévus. Le chanteur Ras Ly ne pense pas si bien dire quand il affirmait : « un militaire sans formation civique est un criminel en puissance ».
Au carrefour de Dékon, nous avons vu des « Ninjas » arracher des grenades des mains de policiers qui affichaient une certaine retenue, et sauter dans les fourgonnettes pour pourchasser les manifestants. Sur la voie menant à Bè tout comme dans l’enceinte de l’église Saint Augustin d’Amoutivé, des grenades lacrymogènes ont été lancées dans des écoles pendant que des enfants étaient en plein examen. C’est à cet endroit que le Secrétaire général de la LTDH, Me Célestin Agbogan, a été bastonné par une horde de forces de sécurité et embarqué dans une fourgonnette, destination camp de la Gendarmerie. Il y a été gardé pendant plusieurs heures avant d’être libéré en début d’après-midi.
Selon les informations, plusieurs jeunes ont été arrêtés ou enlevés dans la répression aveugle des forces de sécurité.
Il nous revient par ailleurs qu’un incident s’est produit au Commissariat central. Un policier aurait abattu deux officiers et blessé un autre. Il n’y a aucun lien entre cet incident et la manifestation du CST.
Godson K.
liberte-togo.com