C’est avec grand émoi que nous avions appris hier l’interdiction de la Conférence de presse que devait organiser l’Association des Etudiants Togolais (ASET) le mercredi 17 mars 2021 à l’Hôtel MUGET de Lomé. Ce qui est grave c’est que cette interdiction a été notifiée à l’ASET non pas par une autorité de l’Université ou du Gouvernement mais par les responsables de l’hôtel qui étaient supposés avoir reçu l’ordre de ne pas autoriser l’accès à la salle aux étudiants.

Selon les informations obtenues de l’ASET, l’objectif de la conférence de presse de l’ASET était d’informer la population des difficultés que les étudiants de l’Université de Lomé éprouvent avec « Moodle », l’application informatique de l’Université de Lomé pour les cours en ligne. Ils voulaient avoir recours à ce moyen de communication parce que leur correspondance adressée aux responsables de l’Université, voici plus d’une semaine, est demeurée sans réponses. De quoi s’agit-il ? En plus d’avoir des difficultés d’utilisation de l’application, celle-ci n’était souvent pas fonctionnelle en raison, notamment, des problèmes techniques. En effet, la formation à l’utilisation de l’application a été réalisée en seulement deux jours et beaucoup d’étudiants, en raison probablement de l’effectif élevé, n’ont pas été initié à son utilisation. L’inquiétude des étudiants est d’autant plus grande que c’est à partir de cette application qu’ils sont sensés transmettre leurs réponses aux devoirs et aux examens comptant pour l’évaluation de leurs connaissances académiques.

Il est dommage que les autorités de l’Université n’aient pas daigné répondre à la correspondance de l’ASET. Une réponse écrite ou une invitation à discuter aurait peut-être permis aux responsables de l’Université de Lomé de connaître les préoccupations des étudiants et leur donner éventuellement une réponse adéquate. Mais ne pas leur répondre, ne pas les recevoir et les empêcher de s’exprimer, est un comportement qu’il est difficile de comprendre et d’admettre de la part d’un service public, surtout d’une université publique. Si une conférence de presse est interdite, ce ne sera pas une Assemblée générale des étudiants qui sera autorisée.

En cette période de pandémie du coronavirus où le Gouvernement vient d’obtenir de l’Assemblée nationale la prorogation de la loi sur l’état d’urgence sanitaire, le citoyen devrait s’attendre à ce que ce même Gouvernement exige des réponses rapides des services publics aux préoccupations de la population.

En outre, tout en nous posant des questions sur l’opportunité de la prorogation de l’état d’urgence, nous ne pouvons pas comprendre cette propension élevée de l’Université de Lomé d’interdire presque systématiquement les activités des associations d’étudiants. Ce comportement d’une institution qui doit promouvoir entre autres, la démocratie et surtout l’apprentissage et la pratique des débats d’idées contradictoires, n’est pas de nature à préparer la jeunesse togolaise à privilégier le recours aux discussions pour résoudre des problèmes individuels ou collectifs qui se poseront à eux. Que dire lorsqu’ils auront à faire face à leurs camarades d’autres pays ?

Nous osons espérer que les responsables des institutions publiques d‘enseignement et le Gouvernement prendront rapidement conscience des effets dommageables que leur comportement aura sur les attitudes et les capacités de négociations/dialogues de la jeunesse.

Les Togolais en général et les professeurs, les parents et les étudiants en particulier doivent aussi se sentir interpellés par ce dérapage de négation la liberté d’expression dans l’une des plus vieilles institutions d’enseignement supérieur de notre pays. Après la quasi-suppression des manifestations publiques des organisations de la société civile et des partis politiques, après le début de l’interdiction des conférences de presse, à quoi devons-nous nous attendre demain !

Liberté N° 3351 du 19-03-21

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