Au Togo, la chefferie traditionnelle est politisée au point  qu’aujourd’hui on se retrouve avec des chefs de plus en plus contestés dans la plupart des communautés. De jour en jour, on assiste à des conflits qui naissent des problèmes de chefferie et qui abîment considérément le tissu social. La faute sans doute aux autorités qui préfèrent placer leurs hommes sur les trônes alors qu’ils ne sont pas dans bien de cas les personnes habilitées. Aujourd’hui, le village de Byakpabe, une localité de Bassar, notamment dans le canton de Bangeli vit une situation pareille qui risque de déboucher sur une crise d’envergure.

Le problème

Depuis la nuit des temps, le choix du chef du village de Byakpabe se fait par voie électorale. L’histoire révèle que par le passé, il y a eu différents chefs natifs des quartiers Ougatabou et Napatikple. Pour exemple et par ordre d’ancienneté, Takole de Ougartabou, Pebou de Napatikple, Yagnileik de Ougartabou, Ouadjanimoua de Napatikple, Satifala de Napatikple pour ne citer que ceux-là. Selon toujours la tradition,  après le décès du chef du village, un régent est nommé et chargé de gérer les affaires courantes du village, le temps que les funérailles du défunt chef soient faits et qu’on procède à l’élection d’un nouveau.

Il se fait qu’après le décès et les funérailles du dernier chef de Byakpabe  en la personne de feu Kpagheri Satifala, certaines personnes comme  Tighanaba Kodjo et Ayindo Daniel ont manifesté leur volonté d’être candidats à la prochaine élection du nouveau chef. M.Tighanaba a rencontré des difficultés notables dans l’obtention d’un procès-verbal qui devrait être signé par l’actuel régent. M. Ayindo ayant rencontré les mêmes difficultés a décidé d’envoyer ses dossiers de candidature à la préfecture bien que n’ayant pas eu non plus la signature du régent Kpagheri Sentifala. Une fois à la préfecture, Ayindo a été informé que le régent lui-même était déjà candidat. Il est utile de souligner que la candidature du régent va à l’encontre des principes élémentaires d’une élection de ce genre  puisque selon la coutume, il est censé  organiser l’élection du nouveau chef et ne peut donc plus être lui-même un candidat. Plus grave, il se fait  que son dossier a même déjà été retenu et envoyé au ministère de l’Administration territoriale comme étant le nouveau chef choisi en commun accord avec les sages des différents quartiers du village de Byakpabe. Sans doute, on est devant un cas d’usurpation et de faux, d’autant que  les sages des quartiers ne reconnaissent pas avoir choisi d’un commun accord un quelconque chef de village et ne reconnaissent non plus avoir signé un papier de nomination. Certains avec qui nous avions pu échanger, sont prêts à témoigner et ne digèrent pas la mascarade orchestrée par le régent et ses soutiens haut-placés. Cette situation suscite beaucoup d’indignation et de frustration dans la localité et risque de prendre des tournures regrettables.

Une piste de sortie de crise

Ce sont certains cadres du quartier Ougartabou de Biyakpabe qui, conscients de la situation, ont pris sur eux de se réunir et trouver des voies et moyens pour sortir de cette crise et éviter le pire à leur village. « Les populations du quartier Ougartabou du village de Biyakpabe, par notre voix, s’indignent contre ces procédures frauduleuses et proposent les options de sortie de crise suivantes afin que la paix et la sérénité puissent continuer à régner dans le village de Biyakpabe. Parce que nous pensons que ces procédures frauduleuses orchestrées   par l’inspecteur Pebou Nasson et son protégé  Kpagheri Santifala, actuel régent du village de Biyakpabé ne seront que source de division si elles ne sont pas corrigées », ont-ils déploré.

Ils proposent ce qui suit :

–           Organiser des élections pour choisir le futur dirigeant du village de Biyakpabe ;

–           Etant donné qu’un régent est chargé d’organiser l’élection d’un nouveau chef de village après la mort de l’ancien et étant donné que celui qui organise une élection ne peut pas en même temps être organisateur et candidat à l’élection qu’il organise, nous proposons à l’actuel régent du village de Biyakpabe les alternatives suivantes : soit il choisit de demeurer régent et renonce à sa volonté d’être candidat à la future élection qu’il devra organiser dans les brefs délais, soit il démissionne de son poste de régent et pourra se présenter comme candidat à l’élection que le nouveau régent qui sera nommé par les sages des quartiers organisera. Soit l’un soit l’autre. On ne peut pas être régent et candidat à la chefferie a la fois. Cela n’a aucun sens ;

–           Que tout natif de Biyakpabe désirant être chef de village puisse se référer au chef canton de Bangeli pour constituer les dossiers nécessaires pour les déposer à la préfecture en attendant l’élection ;

Telles sont, entre autres, propositions formulées par ces ressortissants de Biyakpabe soucieux de la cohésion et du vivre-ensemble dans leur localité. C’est aussi l’occasion d’interpeller le ministre Boukpessi afin qu’une solution soit trouvée à cette situation. Il fera œuvre utile là, au lieu de continuer à demander aux préfets de lui faire la liste des projets imaginaires réalisés par le gouvernement dans les localités.

Shalom A

source : Liberté

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here