Les élections générales américaines, surtout la présidentielle, de ce début de novembre 2020, ont passionné les dictateurs africains voleurs d’élections, lesquels se sont bousculés pour féliciter le vainqueur Joe Biden, au grand étonnement de leurs compatriotes qui les subissent depuis une éternité. On apprend que certains dictateurs de pacotille ont même veillé toute la nuit pour suivre les premiers résultats du dépouillement.

Aux États-Unis et en Europe, quel Chef d’État sensé peut-il se permettre de passer une nuit blanche pour nos conneries électorales organisées par des débiles mentaux ?

L’Afrique de l’ouest qui avait pris un départ encourageant dans la démocratisation, est en train de régresser partout avec le parjure du troisième mandat en violation des constitutions démocratiques de départ qui ont érigé en dogme la règle des deux mandats.

Un chef d’État qui se parjure n’est pas digne de la fonction du fait de l’exemplarité morale qui l’accompagne. La politique ne peut pas être le domaine du mensonge, de la roublardise et de la manipulation. L’homme politique est un éducateur de la nation, dans l’idéal. Mais s’il choisit d’être un renégat, un gangster, un voleur de la République et un assassin, cela pose aux Africains un problème capital d’éthique, surtout à ceux qui font le choix intéressé ou familial ou tribaliste ou régionaliste d’accompagner et de soutenir des crapules.

Un peuple, cela s’éduque, surtout dans des pays jeunes comme les nôtres dont le devenir passe nécessairement par l’édification d’une nation. Une nation, cela s’éduque. Et cette éducation conforte et crée des valeurs qui vont servir de tuteurs à l’émergence des nouvelles générations.

Soutenir des dirigeants sanguinaires et kleptocrates, est un acte de complicité par rapport aux tourments infligés aux citoyens qui se désolidarisent de la politique du ventre et de la barbarie. Dans ces régimes criminels, point n’est besoin d’être coupable avant d’être brimé ou violenté en toute impunité. Même les membres du système scélérat marchent sur des œufs, car ils savent que le monstre qu’ils servent peut les dévorer à tout moment, car le mensonge et la délation fonctionnent à plein régime en leur sein. Des carrières se bâtissent sur le mensonge, la délation et les sales boulots qui souillent les mains du sang des martyrs. Plus on  vole, plus le peuple crève de misère. Des milliardaires sortis de nulle part exhibent avec niaiserie des fortunes miraculeuses. La honte n’existe même plus, car ils n’ont pas reçu une bonne éducation ou y ont renoncé à des fins de prédation.

Revenons aux États-Unis où le cancre perclus de préjugés débiles, Donald Trump, a perdu la présidentielle et prétend faire de la résistance juridique. A la place du clown Trump, mettons un tyranneau africain. Que va faire cet histrion contre le vrai vainqueur ? Il va déclencher la machine répressive contre le candidat qui l’a vaincu. Le vainqueur sera encerclé à son domicile ou jeté en prison pour sédition. Il peut essuyer des fusillades avec ses militants au siège de son parti. Ses militants qui luttent pour récupérer leur victoire volée seront massacrés, estropiés, jetés massivement en prison. Les dirigeants du parti du vainqueur devront entrer en clandestinité pour échapper à l’assassinat ou à l’arrestation et à la torture. Le vainqueur peut aussi prendre les devants en empruntant les routes épineuses de l’exil amer. Pour permettre aux voleurs d’élections d’opérer dans le cafouillage, le peuple est privé d’internet, de téléphone, de radios et télévisions indépendantes. Pendant l’opération de banditisme politique, les délégués de l’opposition sont chassés des bureaux de vote, des militaires volent des urnes sous la mitraille, des urnes sont bourrées de bulletins fictifs jusqu’à la gueule. Ailleurs, dans des hameaux reculés, des chefs traditionnels stipendiés et voyous confisquent les bulletins de vote des paysans et se permettent d’introduire les bulletins dans les urnes à la place des votants. Pendant ce temps, des centaines de milliers d’électeurs ne trouvent leurs noms sur aucune liste électorale puisqu’on les y a supprimés sciemment pour les empêcher d’accomplir un acte civique de souveraineté.

Après les élections frauduleuses, vient le temps de la vengeance : des enseignants, des fonctionnaires sont mutés, sanctionnés ou licenciés; des activistes de l’opposition sont traqués par des meutes de tueurs en uniforme et de miliciens recrutés dans la pègre.

Les violations massives des droits humains dans tout le pays ou dans les fiefs de l’opposition constituent le décor de fond des mascarades électorales africaines dont le Togo semble détenir jalousement le brevet.

Si les élections américaines ou françaises sont si captivantes pour les tyranneaux africains, pourquoi n’imitent-ils pas ce qui leur apparaît comme un modèle ? Nous ne sommes pas Américains mais en tant que citoyens d’un continent dominé et encore colonisé, tout ce qui se passe chez les puissants de ce monde impacte notre continent. Il y a une leçon à tirer pour nous de la présidentielle américaine. Cette leçon vaut autant pour le citoyen lambda que pour les dirigeants politiques. Pour commettre des crimes au niveau de l’État, les dirigeants ont besoin de complices civils et militaires; sans complices, ils ne pourraient pas régner dans la souillure et la crapulerie. 

C’est dire que chaque individu a des responsabilités vis-à-vis de son peuple et de son pays. L’édification d’une nation ne peut faire l’économie des valeurs. Les droits n’excluent pas les devoirs. Souvent, les dictateurs, lorsqu’ils veulent remanier leur gouvernement de merde, essuient des refus de cadres dignes qui n’acceptent pas de copiner avec une tyrannie, conscients qu’ils sont qu’une dictature ne doit pas être accompagnée mais détruite.

Si des despotes africains étaient à la place du clown Trump, les États-Unis seraient transformés en fleuves de sang au moment du contentieux électoral.

Honte aux dictateurs africains et à leurs complices éhontés !

Ayayi Togoata APEDO-AMAH

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