ceni_togo2013


. Un seul représentant de l’opposition a participé à la mission d’évaluation des CRV
 
L’opposition est en pleine réflexion, avec des rebondissements, sur les voies et moyens pour contourner le verrouillage certain du processus entrepris par Faure Gnassingbé. Deux questions principales la préoccupent : les réformes et la candidature unique. Mais pendant que la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) est attendue, le pouvoir continue unilatéralement les préparatifs, avec l’équipe de 2013 acquise à sa cause et remplie de spécialistes des manœuvres électorales. Et tout porte à croire que c’est fait à dessein.
 
La recomposition de la Ceni se fait toujours désirer
 
C’est un rituel à chaque compétition électorale, il est procédé à la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) assez politique au Togo (au lieu d’être technique). Et dans le cadre de l’élection présidentielle de l’année prochaine, elle devra être remodelée. C’est dans cette perspective que le président de l’Assemblée nationale, Dama Dramani a saisi en fin juillet les différents partis parlementaires afin qu’ils envoient les noms de leurs délégués. A titre de rappel, ce sont en tout cinq (05) places qui sont réservées à l’opposition parlementaire, même nombre pour le parti au pouvoir aussi, trois (03) pour l’opposition extraparlementaire, trois (03) pour la société civile et une (01) pour l’administration publique. Ce qui fait un total de dix-sept (17) membres.
 
La problématique du partage des 5 sièges de l’opposition avait été à la source d’une polémique amplifiée à volonté par l’opposant has been qui ne veut pas s’éclipser de la scène et manœuvre pour se présenter à l’élection de 2015 au nom de l’opposition. La Coalition Arc-en-ciel avait simplement exigé des clarifications sur la position réelle de l’Union des forces de changement (Ufc) sur l’échiquier, et c’est de bonne guerre, puisque ce parti a changé d’orientation politique depuis le 26 mai 2010, date de la signature du pacte de partage du pouvoir (sic) avec le régime Rpt/Unir. Cela avait servi de chou gras à certains qui ont cru y voir des divergences entre les deux regroupements de l’opposition sur le partage des 5 sièges. Certaines mauvaises langues sont allées jusqu’à raconter que l’Alliance nationale pour le changement (Anc) veut se tailler la part du lion.
 
Qu’à cela ne tienne, ces partis ont envoyé les noms de leurs représentants à titre conservatoire. Et l’Ufc de Gilchrist Olympio l’a aussi fait en tant que parti de l’opposition, arguant que c’est en cette qualité qu’elle a été saisie par le président de l’Assemblée nationale. La manœuvre vise simplement à déséquilibrer la Céni au profit du pouvoir. Mais depuis lors, le gouvernement n’a pas encore procédé à sa recomposition.
 
Un retard visiblement entretenu à dessein
 
Les entités devant être représentées à la Céni étaient dans un premier temps confinées dans un délai. Saisies fin juillet, elles avaient jusqu’au 5 août pour communiquer les noms de leurs délégués. Mais comme épris d’un humanisme subit, le pouvoir décida de la prorogation de ce délai. En lieu et place du 5 août, les partis et organisations de la société civile avaient désormais jusqu’au 8 août pour ce faire. Certains pouvaient y voir une magnanimité du régime afin de donner le temps nécessaire à l’opposition pour aplanir ses divergences. Mais c’était visiblement stratégique. Cette décision cachait simplement une manœuvre visant à repousser au maximum la recomposition de la Céni, et ainsi donner l’occasion au pouvoir d’avancer dans les mesures du possible dans les préparatifs unilatéraux, ou clandestins comme le reconditionnement secret de kits électoraux.
 
La seconde date fixée, disions-nous, est le 8 août. Aujourd’hui on en est au 19. Plus de onze (11) jours donc après la fin de cette échéance, cette recomposition de la Céni n’est pas encore faite, ou du moins annoncée. Et il faudra encore compter assez de temps, car le projet devra être adopté en Conseil des ministres, puis soumis à l’Assemblée nationale pour vote. Demain n’est donc pas la veille. Cette perte de temps est donc savamment entretenue pour permettre au pouvoir de poser les jalons du verrouillage du scrutin, loin des yeux et des oreilles indiscrets.
 
Les spécialistes de la fraude sur le terrain
 
Pendant que la recomposition de la Céni devant permettre à l’opposition et à la société civile d’avoir leur œil dans la préparation du processus se fait désirer, le pouvoir, lui, fonce dans les préparatifs unilatéraux, par l’entremise de « sa » Céni, celle de 2013 à lui acquise et remplie de zélateurs. Même si la présidente Angèle Aguigah dite « Mme affabulation » a des ennuis de santé, ses arrières sont bien assurés, avec un certain Jean-Claude Homawoo plus royaliste que les vrais représentants de l’Union pour la République (Unir) à la Céni, et d’autres membres qui monnaient leurs talents de fraudeurs contre des pécunes.
 
Depuis début août, la Céni a enclenché une mission d’évaluation des Centres de recensement et de vote (Crv) sur toute l’étendue du territoire national, qui vient de s’achever, selon les informations. « Evaluer les centres de Recensement et de vote (Crv) répertoriés en 2013 et identifier les nouveaux sites pouvant servir de Crv pour les prochaines élections de 2015 », tel est l’objectif affiché de cette mission censée permettre « d’identifier les nouveaux sites susceptibles d’être érigés en Crv en vue de désengorger, de délocaliser ou de créer d’autres Crv ». Avec des équipes de deux ou trois membres déployées dans toutes les différentes régions du pays, pour une dizaine de jours, il s’est agi de faire l’état des lieux et former les membres des Céli (Commission électorale locale indépendante) et les agents chargés de collecter les données et de superviser les opérations de collecte avec l’appui des présidents des Céli.
 
Ca, c’est le travail officiel dont sont chargés ces membres de la Céni déployés. C’est d’ailleurs un secret de Polichinelle, ces descentes sur le terrain offrent souvent au pouvoir des occasions pour formater les membres des Céli et leur confier leurs feuilles de route secrètes. L’idéal ne voudrait-il pas que pour un scrutin aussi crucial, le processus se prépare de façon inclusive et consensuelle ? Le bon sens aurait voulu que la Céni soit recomposée à temps selon la nouvelle configuration politique issue des législatives de juillet 2013 et que les représentants de l’opposition soient aussi témoins de toutes ces actions. Mais cette recomposition se fait toujours désirer, et le travail est exécuté par les seuls partisans ou admirateurs du pouvoir. A titre d’illustration, un (01) seul représentant de l’opposition a participé à cette mission.
 
S’agissant du travail proprement dit sur le terrain, il n’a pas été optimal. Selon les informations, les membres de la Céni ont manqué de moyens de déplacement pour aller dans les différents centres de vote et superviser vraiment le travail, mais aussi de communication pour l’exécution de cette mission. L’un des chefs d’équipe assure n’avoir pu parcourir à la clôture de la mission que deux (02) préfectures sur les six (06) qui lui étaient confiées. Il n’y avait pas la motivation nécessaire, puisqu’il nous revient que les membres de la Céni ont six (06) mois d’arriérés d’indemnités. La préparation du processus se fait même de façon sectaire. Il nous revient que depuis un moment, l’opérateur Zétès forme des techniciens et travaille sur des kits. Mais très souvent, les membres du bureau de la Céni ne sont même pas informés. « Tout porte à croire que les choses s’organisent quelque part, et nous on nous demande juste de valider », confie un représentant de l’opposition.
 
Nous reviendrons sur les coulisses de cette préparation.
 
Tino Kossi
 
Liberté Togo
 

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