Feu Edouard Edem Kodjo a été inhumé hier. Une messe a été organisée en son honneur à la Cathédrale Sacré-Cœur de Lomé. Faure Gnassingbé y était absent, confirmant l’indifférence qu’il a affichée depuis la mort de l’ancien Premier ministre.

Suite à son décès le 11 avril 2020 à l’Hôpital Américain de Paris en France, la dépouille de l’ancien Premier ministre Edouard Edem Kodjo a été rapatriée au Togo pour son enterrement. Bien avant, une messe de requiem pour le repos de son âme a eu lieu le samedi 08 août 2020 en l’Eglise de la Madeleine à Paris. Au Togo, les cérémonies funéraires ont été organisées en deux phases. La première a eu lieu mardi dans l’Avé, préfecture d’origine du défunt, et la seconde, hier jeudi à la Cathédrale Sacré-Cœur de Lomé.

Pour l’occasion, certaines artères menant au Grand Marché de Lomé ont été bouclées pour assurer le bon déroulement des cérémonies. Au cours de la messe, l’oraison funèbre a été prononcée par le ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey. «La nation toute entière rend ici hommage à un héros national disparu. Homme d’Etat, la recherche du compromis a été pour lui une valeur politique cardinale », a-t-il déclaré.

Des officiels dont la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Tsegan, et le Premier ministre, Sélom Klassou ont été aperçus au cours de la messe. C’est d’ailleurs ce dernier qui a déposé une gerbe devant le cercueil, au nom du chef de l’Etat. Sur la gerbe, on pouvait lire : « Repose en paix », avec la signature : « Le président de la République ». Il faut noter aussi que le cercueil a été porté par des corps habillés.

C’est tout ce qu’il convient de retenir en termes d’hommages rendus à Feu Edem Kodjo. Une situation difficile à comprendre quand on revisite le passé du défunt et son parcours politique. En effet, feu Edem Kodjo a exercé les fonctions de Premier ministre à deux reprises, après celles du président de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) devenu plus tard Union africaine (UA). A ce titre, il mérite tous les honneurs dignes d’un homme d’Etat. C’est tout le contraire qui a été observé. Le gouvernement n’a pas organisé des cérémonies d’hommage national. A aucun moment, le drapeau n’a été mis en berne et tout porte à croire que le gouvernement n’a pas non plus organisé les offices religieux en hommage au disparu, même si le Premier ministre et les autres membres du gouvernement ont juste participé à la messe, histoire de faire acte de leur présence.

Mais l’absence qui frise le mépris et l’indifférence envers feu Edem Kodjo, mais aussi envers tous les Togolais, c’est celle de Faure Gnassingbé. En fait, cette absence était prévisible puisque depuis l’annonce du décès de l’ancien Premier ministre, le chef de l’Etat a gardé un silence qui le déshonore. Lui qui est prompt à faire des tweets et adresser des messages à travers le monde s’est refusé tout commentaire sur la disparition de celui-là même qui fut un de ses soutiens dans des moments où il était isolé politiquement. D’ores et déjà, nous soulignons que l’argument du sommet virtuel des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO tenu ce jeudi sur le Mali ne tient pas. D’autres présidents dont le Ghanéen Nana Akufo-Addo ont délégué des collaborateurs pour suivre les séances. Faure Gnassingbé aurait pu consentir à ce sacrifice, vu que sa présence et son absence à ce sommet s’équivalent.     

Si Faure Gnassingbé s’est refusé de rendre hommage à feu Edem Kodjo, il n’a pas affiché pareille attitude lors du décès en juillet dernier du Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly. Déjà à l’annonce officielle de son décès, il a tweeté, le 08 juillet 2020 : « J’ai appris avec une immense tristesse le décès de M. Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre, chef du gouvernement de Côte d’Ivoire, un homme d’Etat et un ami du Togo. Puisse-t-il reposer en paix ! », avant de présenter ses condoléances à sa famille et au peuple de Côte d’Ivoire. Son amour pour tout ce qui vient de l’extérieur est si grand qu’il s’est rendu aux obsèques de l’ex-Premier ministre ivoirien à Korhogo au Nord de la Côte d’Ivoire, s’affichant avec l’une de ses plus proches, la Béninoise Reckya Madougou. Il a pris l’avion aux frais du contribuable togolais pour aller rendre hommage à un étranger et s’est offert le luxe de boycotter les cérémonies d’un fils du pays, qui a eu l’honneur de présider l’OUA.

Malheureusement, Faure Gnassingbé ne s’est pas inspiré du « vieillard d’Abidjan » qui a déployé tous les moyens pour honorer son Premier ministre et l’accompagner à sa dernière demeure.

source : G.A. / Liberté Togo

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