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Le décompte fait frémir : pour différents dossiers dans lesquels le gouvernement togolais a perdu la face, le Togo est obligé de débourser près de 50 milliards F CFA pour s’acquitter des pénalités pour abus de tout genre. De l’affaire des tortures dans le dossier Kpatcha Gnassingbé à la rupture unilatérale de contrat avec Togo Electricité en passant par l’affaire des députés bannis, la preuve est faite que le pouvoir RPT/UNIR géré depuis 2005 par Faure Gnassingbé pose des actes sur des coups de tête et pour lesquels le prix doit être payé par le contribuable togolais.
 
Affaire Togo Electricité : 29 milliards
 
Les populations togolaises ont appris par communiqué gouvernemental le 22 février 2006 que l’électricité ne sera plus distribuée au Togo par la société dénommée Togo Electricité. Le communiqué informait en substance que « face au non respect des engagements pris par le groupement Elyo et Hydro Québec International qui a cependant perçu toutes les redevances dues à leur société Togo Electricité, et en raison des dysfonctionnements multiples constatés dans l’exécution de la convention de concessions, le gouvernement n’avait d’autre choix que de mettre fin à cette expérience qui s’est avérée douloureuse pour les populations ». On y comprend que faute pour Togo Electricité de tenir ses engagements, la partie togolaise a décidé de rompre le contrat.
 
Ce que les Togolais ne savent pas, c’est que ce choix qui est présenté comme un fait d’arme coûte aujourd’hui 29 milliards F CFA au pays. En effet, ce coup de tête du gouvernement de Faure Gnassingbé a poussé la partie Elyo et Hydro Québec International à porter plainte contre l’Etat togolais. La procédure a duré toutes ces années puis enfin les deux parties conviennent que le Togo paie la somme de 29 milliards F CFA au lieu des 39 milliards F CFA décidés en premier ressort. Cette somme, une fortune, sera réglée par tranches de 9 à 10 milliards F CFA par an.
 
Face contre terre à Abuja
 
Les victimes gratuites que le pouvoir RPT/UNIR fait tous les jours peuvent pousser un ouf de soulagement sur le fait que, si la justice togolaise est plutôt un maillon de la chaîne de répression, la cour de justice de la CEDEAO est heureusement disponible à dire le droit, strictement, dans la mesure du possible. C’est sans doute pour cela que depuis quelque temps, cette cour est sollicitée par les victimes togolaises. Pour l’affaire Kpatcha Gnassingbé, pour celle liée à la tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat, les avocats des victimes ont dû se rabattre sur la cour d’Abuja pour réclamer justice.
 
Dans les deux cas, raison leur a été donné et justice rendue en leur faveur. La cour dirigée par Awa Nana a condamné l’Etat togolais aux dépens, lui enjoignant de réparer les préjudices causés et de payer des droits aux victimes. A la date d’aujourd’hui, ce sont au moins 240 millions F CFA que le gouvernement a mobilisés pour payer les frais et arriérés d’indemnités parlementaires aux députés bannis.
 
Dans le dossier des tortures à l’agence nationale de renseignements (ANR), 500 millions Francs CFA sont nécessaires pour régler les frais à payer aux victimes desdites tortures. A cela s’ajoutent les frais d’avocats et la somme de 8 millions que la cour d’Abuja a demandé à payer à Agba Bertin, détenu et maltraité dans le dossier dit d’escroquerie internationale.
Tout compte fait, c’est une fortune de près de 2 milliards F CFA que le Togo doit dépenser pour régler pénalités pécuniaires entraînées par les choix hasardeux et impertinents du pouvoir RPT/UNIR.
 
Gouverner par l’absurde
 
Peut-être à l’exception du dossier Togo Electricité où on peut supposer que le gouvernement avait vraiment l’intention d’arranger une situation- encore que l’expérience de Contour Global n’est pas exempt de critiques ni de curiosités- les affaires Kpatcha Gnassingbé, Agba Bertin et des députés bannis sont le lieu de dérives ridicules et inimaginables.
Lorsque la cour d’Abuja rendait sa décision dans le dossier des députés bannis, la pénalité pécuniaire ne représentait presque rien.
 
Curieusement, le pouvoir RPT/UNIR avait refusé d’entendre raison. Pis, il avait eu le toupet de dire que la cour n’a jamais demandé de rétablir les députés et qu’il suffisait de leur verser 3 millions chacun pour que l’affaire soit close. Aboudou Assouma, président de la cour constitutionnelle et principal artisan de la malheureuse et ignominieuse exclusion, a poussé l’impertinence assez loin pour déclarer de façon péremptoire que la cour d’Abuja n’est pas une juridiction de recours pour la cour constitutionnelle. Politique de la méchanceté qui fait poser des actes qui tutoient les cimes de l’aveuglement, de la bouffonnerie et du grotesque.
 
Le Togo avait les moyens d’éviter que les ressources nationales soient obligées aujourd’hui de chercher 240 millions F CFA pour payer les droits des députés bannis. Il suffisait d’avoir de l’humilité, de la pertinence et de la jugeote pour ne pas refuser l’évidence.
 
Dans les deux autres affaires Kpatcha Gnassingbé et Agba Bertin, c’est la même logique morbide de refus de l’évidence qui a poussé le pouvoir de Faure Gnassingbé à trouver normal que des citoyens soient traités comme des bêtes au nom d’une volonté de conservation d’un pouvoir contesté de toutes parts. Un peu de réalisme, moins de jactance et de volonté de nuire à tous ceux qui ne chantent pas en cadence l’hymne du pouvoir éternel, auraient permis d’aborder les sujets avec sang froid et honnêteté.
 
Rien de tout cela. Tout se passe comme si le pouvoir de Faure Gnassingbé a le sentiment qu’il doit toujours avoir raison, qu’il doit toujours imposer ses opinions et ses fantasmes, même si pour cela il faut traîner l’honneur du pays dans la boue. La gouvernance de Faure Gnassingbé révèle de façon troublante un goût prononcé pour les abus, un plaisir exquis pour les violations des droits d’autrui, un instinct de tyrannie atavique, toutes choses qui font attester la possibilité d’un déterminisme du mal. On prend plaisir à refuser l’évidence, on se hâte d’en payer le prix après coup.
 
La faute aux « intellos »
 
Officiellement, Faure Gnassingbé est titulaire d’un MBA en Business et administration. Sur cette base, on peut dire qu’il n’a pas les moyens de comprendre les enjeux qui pourraient découler des choix qu’il fait et des choses qu’il fait faire au nom de la politique politicienne. Par conséquent, si le pouvoir RPT/UNIR s’autorise des hérésies juridiques et judiciaires du genre de ce qu’on a vu jusqu’ici, on est en droit de se demander à quoi servent tous ces « intellos » qui ont pris la carte de membre du parti présidentiel.
 
Ici et là pourtant, on en trouve. Des avocats, des magistrats et des professeurs d’université sont connus comme émargeant dans les registres du RPT d’hier, du parti UNIR d’aujourd’hui. De Tchitchao Tchalim à Trimua en passant Massina Palouki, Natchaba Fambaré, Douti Lardja, etc., les ressources existent a priori pour que les questions de droit soient abordées avec pertinence dans le strict respect des prescriptions nationales, régionales et internationales. Malheureusement, ce n’est pas souvent le cas. La responsabilité revient à tous ces messieurs et dames que l’on doit accuser avec raison de ne pas jouer leur rôle comme il faut.
 
Ils ne doivent pas courir uniquement après les privilèges que leur garantit l’appartenance au parti présidentiel. Leur loyauté au droit doit également être mise en avant, au service du bien général. Quelle tête font-ils en effet lorsque, hors du Togo, leurs collègues praticiens et profs de droit leur demandent ce qui se passe dans leur pays pour que des décisions soient constamment en sa défaveur à Abuja ? Le président Kérékou avait pris l’habitude de parler des « intellectuels » tarés.
 
La formule pour lui désigne tout ce beau monde autour de lui qui se montrait incapable de bien gouverner, de peaufiner la gouvernance et de mettre le régime hors des critiques justes et pertinentes. Faut-il croire dans le cas du RPT/UNIR et du Togo à l’existence de cette race d’intellos tarés ? Les concernés ne font rien pour que le président Kérékou n’ait pas raison. C’est regrettable.
 
Nima Zara
 

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