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Le Togo traverse la crise politique et sociale la plus aigüe de son histoire, ainsi qu’en portent témoignage les récurrentes ébullitions du front social et l’impasse politique consécutive à la crise institutionnelle majeure, née de la fin légale de la durée du mandat de l’assemblée législative depuis le 11 novembre 2012. Le tout sur fond de violation massive des droits humains et des lois de la République !
 
Sur le front social, la situation demeure incertaine ; en effet, l’organisation syndicale Synergie des Travailleurs du Togo (STT) avait décidé fin avril 2013 de rompre les négociations entamée avec le gouvernement pour dénoncer par ce geste, le retard qu’accuse le gouvernement relativement au paiement des salaires des fonctionnaires et pour également fustiger, la mesure de rétorsion mise en œuvre par le gouvernement tendant à des prélèvements opérés sur le salaire de tous les fonctionnaires ayant pris part à la grève. Les points d’achoppement se focalisent sur la revalorisation de la valeur indiciaire, l’adoption d’une nouvelle grille salariale ainsi que le paiement des arriérés d’allocations familiales.
 
Les étudiants du Mouvement pour l’Epanouissement des Etudiants (MEET) de l’université de Lomé ont observé le 08 mai dernier, un sit-in devant la Primature, pour réclamer le paiement de plusieurs mois d’arriérés d’aides scolaire et de bourses.
 
Sur le front politique le Collectif SAUVONS LE TOGO et la Coalition ARC-EN-CIEL maintiennent leur demande d’un dialogue franc, sincère, complet et honnête avec le pouvoir en place préalablement à l’organisation des élections législatives.
 
L’assassinat le 15 avril 2013 du jeune élève âgé de 12 ans, Anselme Gouyano SINANDARE et le décès au Centre hospitalier régional (CHR) de Dapaong le 17 avril dernier des suites des voies de fait exercées sur la personne du jeune Douti SINANLENGA, collégien âgé de 22 ans, apportent la démonstration de la pratique courante au Togo que constitue l’usage disproportionné de la force.
 
S’agissant des incendies à caractère criminel des grands marchés de Kara et de Lomé, le rapport des experts français missionnés par le gouvernement togolais a clairement établi que leur origine et leur propagation tirent leur source de l’usage du Kérosène produit exclusivement utilisé dans les milieux aéroportuaires. Or à ce jour, pour des motifs que ne résistent pas à l’analyse, le gouvernement refuse de rendre public ce rapport que le peuple togolais attend avec impatience et continue d’aveugler l’opinion publique et de maintenir arbitrairement en détention les responsables du CST dont Monsieur Gérard ADJA, Premier Vice-Président de la formation politique OBUTS.
 
Au plan de la procédure judiciaire enclenchée de façon irrégulière, sous instrumentalisation politique et bringuebalante, la rétractation du principal accusateur dont les aveux fondent la procédure judiciaire pendante, ne semble pas avoir couvert d’opprobre ceux qui en coulisse tirent des ficelles devenues trop grosses. L’incompréhensible maintien en détention arbitraire des leaders de l’opposition faussement accusés, a pour conséquence ce 10 mai 2013, le décès de l’inculpé Etienne YAKANOU, membre de l’ANC, arrêté en janvier 2013 qui rendit l’âme, victime d’une non-assistance à personne en danger, faute de soins médicaux appropriés.
 
Cette situation n’est que le prolongement de la faillite morale du régime de monsieur Faure GNASSINGBE. C’est pourquoi, la libération immédiate et sans condition de tous les détenus dans cette affaire d’incendies, devient un impératif au plan de la justice et de la morale républicaine.
 
Dans le même temps se poursuit la conduite unilatérale du processus électoral, en violation des pertinentes dispositions de la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest- CEDEAO (voir article 2 du protocole a/sp1/12/01 de la CEDEAO) relatives à la démocratie et la bonne gouvernance.
 
S’agissant du recensement électoral qui vient de s’achever le 30 avril 2013, il est loin d’être incontestable en raison des nombreux cas de fraudes avérées, notamment, l’enregistrement de mineurs et de ressortissants étrangers, le refus d’enrôler des électeurs présumés hostiles au pouvoir, des doubles, triple voire multiple inscriptions d’électeurs présumés proches du pouvoir ainsi qu’en atteste le contenu circonstancié du mémorandum sur les irrégularités ayant entachées le recensement. Tout ce qui précède n’augure rien de bon en termes de transparence électorale et de vérité des urnes lors des prochains scrutins législatifs et locaux prévus pour se tenir coûte que coûte cette année 2013.
 
Or, l’histoire politique mouvementée du Togo est essentiellement liée aux consultations électorales. Celles-ci débouchent fréquemment sur des affrontements entre les partisans de l’opposition et ceux du pouvoir en raison de la non-transparence dans la conduite du processus électoral qui n’a de cesse de passer la vérité des urnes à la trappe.
 
De la récurrence de la contrevérité des urnes au Togo, il résulte a des conséquences préjudiciables à la cohésion nationale, au développement du Togo et à la prospérité partagée.
 
Dans le contexte actuel de crise sociale aggravée, sur fond d’impasse politique et de violation massive des droits humains avec une propension manifeste au bafouement de la dignité humaine, il urge que soient réunies les conditions qui garantissent la justice, la transparence électorale et la paix sociale au Togo, antérieurement à toute nouvelle consultation électorale.
 
Sur le plan institutionnel le mandat de la Chambre Parlementaire a expiré depuis le 11 novembre 2012, cependant celle-ci se maintient illégalement en s’octroyant un bail à durée indéterminée poursuivant son rôle de législateur en violation des dispositions constitutionnelles.
 
Le carcan politique dans lequel se trouve plongé le Togo ainsi que la grave crise de confiance et d’avenir qu’il connaît, ne peuvent trouver d’issue qu’à travers la tenue d’un dialogue politique sérieux, franc, sincère et fructueux.
 
C’est pourquoi, le dialogue politique que le Collectif SAUVONS LE TOGO et la Coalition ARC-EN-CIEL appellent de leurs vœux doit s’ouvrir dans les meilleurs délais au Togo afin de rendre aisée la mise en place d’un gouvernement de mission avec comme feuille de route trois (3) priorités essentielles :
 
1) Apaiser le climat sociopolitique en vue du retour de la confiance ;
 
2) Mettre en œuvre les réformes institutionnelles et constitutionnelles dans la droite ligne de l’Accord Politique Global (APG) signé le 20 août 2006 et celles du cadre électoral suivant les pertinentes recommandations des missions d’observation électorales de l’Union Européenne (UE) ;
 
3) Conduire consensuellement le processus électoral conformément aux dispositions la -Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest- CEDEAO (voir article 2 du protocole a/sp1/12/01 de la CEDEAO) relatives à la démocratie et la bonne gouvernance), en vue de garantir la transparence des prochains scrutins et la vérité des urnes s’y rattachant.
 
La responsabilité de prévenir l’exacerbation des tensions semble dès lors, à tout point de vue, de bonne inspiration afin que soient évités des lendemains électoraux apocalyptiques avec en toute vraisemblance, un énième empilement de morts comme ce fut déjà le cas en avril 2005 lors de l’accession éminemment controversée au pouvoir de monsieur Faure GNASSINGBE.
 
Ces faits post-électoraux tragiques furent dûment attestés par plusieurs organisations de défense des droits humains ainsi que par une mission spéciale des Nations Unies. Il résulta du contenu des conclusions respectives de ces missions d’enquêtes, la signature le 20 août 2006 de l’Accord politique global (APG) et la mise en place de la Commission Vérité Justice Réconciliation (CVJR) au Togo.
 
Les inquiétudes légitimes et angoisses des togolaises et Togolais font écho au-delà de nos frontières nationales. En témoigne la déclaration de monsieur Patrick Spirlet, Chef de la Délégation Permanente de l’Union Européenne au Togo, le 09 mai 2013 à l’occasion de la commémoration de la journée de l’Europe ; déclaration qui se déclina comme suit (sic) : « l’UE a décidé de rester en dehors du processus électoral en attente d’une approche consensuelle … ».
 
Le pouvoir en place au Togo ne peut plus s’obstiner à organiser les élections sans utilement œuvrer à contribuer à l’apaisement social par un dialogue politique ouvert à tous les acteurs sociopolitiques.
 
La présente pétition est constitutive d’un véritable cri d’alarme ayant pour objet d’attirer l’attention de tous les partenaires au développement et de la communauté internationale sur la gravité de la situation sociopolitique actuelle au Togo afin que soient activés de façon proactive les leviers diplomatiques adéquats en vue d’une rapide sortie de crise heureuse et pacifique au Togo.
 
Il convient d’aider le Togo et le peuple togolais à préserver la paix pendant qu’il est encore temps, en exigeant du pouvoir en place, qu’il recouvre la raison et le souci de l’intérêt général.
 
Fait à Genève le 10 Mai 2013
 
Dr Edem Atsou KWASI
Coordinateur International
 
Sylvestre APEDO
Secrétaire International
 
Dr Agbéyomé Messan KODJO
Coordinateur National
 
 

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