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Un article de notre confrère Blaise Sallah qu’il faut lire et relire. Tout y est si celui qui peut se targuer d’être le principal parti politique de l’opposition togolaise veut comprendre et corriger ses échecs, ses erreurs,ses égarements pour mieux avancer. A bon entendeur. Merci Blaise.

 

Le Togo stagne dangereusement politiquement. Les dirigeants actuels végètent dans un amateurisme criard doublé d’une conduite a vue des affaires publiques. Les embellies-mirages qu’ils servent aux populations ne prennent que les naïfs qui veulent y prêter flanc. Plus grave, ceux qu’ils ont en face ne font pas mieux que de se complaire dans un simple rôle de contestateurs sporadiques surtout lorsqu’une échéance électorale se profile à l’horizon. A la fin donc, c’est tout le pays qui se retrouve dans cet étau qui hypothèque dangereusement son avenir alors que dans la sous région, les autres font des pas de géant.

 

Aujourd’hui, l’ANC peut s’auréoler d’une certaine adhésion populaire malgré qu’en face le pouvoir RPT-UNIR s’est taillé à l’hémicycle 62 sièges avec les dernières législatives. Tout le monde la lui reconnait mais la question est de savoir ce que l’ANC en fait, comment elle la capitalise dans la perspective d’une alternance au Togo. Les critiques en ce sens sont perçues par une certaine frange de la population comme une tentative de saborder le parti de Jean-Pierre Fabre. Il n’en est absolument rien quand on est sait qu’elles sont nécessaires et constructives.

 

Première remarque. L’ANC ne joue pas son rôle, d’abord de fédératrice de toutes les véritables forces démocratiques du pays, ensuite de s’ériger en une véritable pièce de rechange du système actuel. Elle se complait dans des agitations stériles et dans une sorte de satisfécit béat de ses acquis actuels et n’innove plus alors qu’elle doit opérer un virage nécessaire pour prendre ses responsabilités et se mettre dans son rôle de leader de l’opposition.

 

Deuxième remarque. Le regroupement politique CST dans lequel se retrouve aujourd’hui l’ANC est truffé de « repentis » du RPT ou de l’ancien système qui s’offrent une certaine virginité politique. Cela ne veut pas dire que la Coalition Arc-en-ciel est mieux lotis avec ses duplicités et ses atermoiement qui frisent la plus part du temps une certaine politique de partage du gâteau et donc, de compromission. L’ANC doit avoir le courage de se départir de ces faucons qui avaient fortifié le RPT et qui étaient tombés en disgrâce et qui se retrouve sous son ombre au CST, en prendre la tête pour faire montre de responsabilité. L’ANC n’a pas le droit de se mettre derrière des associations de défense des Droits de l’Homme pour prétendre avancer. Cela ne répond à aucune stratégie digne de ce nom. Dans cette optique, elle doit tamiser ses alliances tout en se posant en leader incontesté de l’opposition.

 

Troisième remarque. L’effacement actuel de l’ANC des grands débats de l’actualité ne peut répondre à aucune autre stratégie salutaire si ce n’est que du suicide programmé. Comment comprendre qu’à l’ANC, la communication est si nulle alors qu’il y a une ribambelle de canaux exploitables et sans frais ? On entend trop rarement Jean-Pierre Fabre parler si ce n’est pas Eric Dupuy, son chargé de communication qui de temps à autres s’émeut de quelques situations ou d’attaques contre l’ANC. Jean-Pierre Fabre ne dirige quand même pas un monastère où le silence serait la règle d’or. Il faut qu’il parle, qu’il occupe en leader le terrain médiatique, qu’il réponde aux problèmes quotidiens que pose le pouvoir aux Togolais en faisant des propositions concrètes. Cet exercice aura le mérite de l’aguerrir et de démontrer ses capacités de persuasion et d’emprise sur les enjeux actuels et futurs. Toute la semaine dernière, les émissaires du pouvoir ont fait le tour des radios de la place pour tenter de flouer les populations sur la hausse assassine du prix du carburant à la pompe. En réaction, rien à l’ANC, le parti qui peut se targuer d’être à la tête de l’opposition.

 

Quatrième remarque. L’ANC doit se départir de son penchant actuel à la professionnalisation de son statut de parti d’opposition. On ne fait pas carrière en politique en se vautrant dans un rôle d’opposant éternel. Il y a un temps pour la contestation du pouvoir, un temps pour sa conquête et au finish, son exercice. A quel niveau se trouve aujourd’hui Jean-Pierre Fabre et sa troupe après bien d’opportunités ? Leurs détracteurs diront qu’il est le Président de la page où se retrouvent tous les samedis depuis bientôt quatre bonnes années une bande de joyeux lurons fanatisés. Ici, on peut croire qu’à l’ANC, on reprocherait aux populations de ne plus trop adhérer à ce rituel des samedis. Mais qu’est-ce qu’elles y ont gagné si ce ne sont des coups de matraque, des jets de gaz lacrymogènes pour certains la prison. C’est vrai que c’est une tribune pour tenir informer les militants et sympathisants. Quid du reste de la population !

 

Cinquième remarque. L’ANC doit anticiper sur le syndrome Gilchrist Olympio. Au début des années 90 lorsque le regroupement de partis et d’associations que constituait l’UFC, l’Union des Forces pour le Changement voulait se muer en parti politique UFC, Union des Forces du Changement, certains avaient anticipé sur l’hydre qu’on voulait fabriquer en faisant de Gilchrist Olympio un mythe alors qu’il n’a de références politiques que son patronyme et le martyr de son père. Aujourd’hui, Jean-Pierre Fabre se retrouve dans quasiment la même posture auréolé de son personnage d’opposant intransigeant qui n’a pas cédé aux chants des sirènes soufflées dans une corne nommée Faure Gnassingbé dans les oreilles de Gilchrist Olympio. Comme hier, rien ne dit que face à l’usure qui s’installe grâce au manque de choix politiques avérés et de la stagnation, il ne peut pas céder lui aussi, basculer ou démissionner.

 
Fabbi Kouassi
 

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