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Un homme d’Etat assis son pouvoir sur un entourage compétent et efficace. Un homme d’Etat engage ses projets sur les bases des actions de ses collaborateurs. Un homme d’Etat trouve des solutions aux crises sociopolitiques grâce au système de médiation de ses conseillers ; Malheureusement, Faure Gnassingbé n’est entouré que de personnes qui l’aident à faire persister les crises et à les aggraver. Certains les appellent les individus à la « gueule puante ». D’autres, plus durs, les qualifient d’arrogants. La plupart des Togolais les trouve tout simplement impolis et pleins de mépris envers leurs concitoyens. De qui s’agit-il ? Facile de le deviner. Il s’agit bel et bien de ces membres du gouvernement qui ne connaissent pas le langage de la diplomatie. Propos égoïstes, langage dru, blessant, et provocateur ; insultes à peine voilées et parfois mensonges, c’est par ces caractéristiques qu’on les reconnait le mieux. Conséquence, au lieu d’être des pompiers, ils se transforment en véritables pyromanes lorsqu’ils sont appelés à régler une situation de crise aussi bien sur le terrain politique que social. Des poisons, véritables venins autour de Faure Gnassingbé.

Les crises politiques successives qui sont d’ailleurs très loin d’être solutionné, ainsi que la dernière crise née de la revendication des agents de l’Etat réunis au sein de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT) ont été plus qu’illustratif de l’incapacité de certains membres du gouvernement à solutionner les problèmes au Togo.

Mieux, ces crises ont été révélatrices non seulement des limites de ceux qui sont appelés à les résoudre, mais aussi de leur manque de diplomatie face aux interlocuteurs en face. Et pour cause, ces collaborateurs du chef de l’Etat, notamment Séléagodji Ahoomey-Zunu, Gilbert Bawara, Solitoki Esso, Octave Nicoué Broohm ou encore Yacoubou Hamadou, ne connaissent qu’un seul langage : celui de l’arrogance, des insultes, des injures, du mépris, de l’irrespect et du mensonge. Loin d’eux le langage de la courtoisie qui, le plus souvent, apporte de l’accalmie.

Et pourtant, c’est à eux qu’on fait appel pour servir de facilitateurs lors des différentes crises. Et comme toujours, ils mettent les pieds dans les plates, aggravant donc la crise. Faure n’a pas malheureusement le choix. Il se contente d’eux, faute de personnes moins belliqueuses et rompues à la négociation. Voilà donc ce qui explique la persistance de la crise sur le plan politique et la tournure dramatique qu’ont pris les événements de ces deux dernières semaines consécutifs à la grève des travailleurs.

Ahoomey-Zunu ou le sens aigu du mépris



Etre diplomate ne veut pas dire se laisser marcher sur les pieds. La diplomatie suppose au contraire de garder le contrôle, dit-on souvent. Et cela commence par garder le contrôle de soi-même et ne pas se laisser aller aux réactions impulsives et épidermiques. Il s’agit de ne pas envenimer la situation par une note d’agressivité, que ce soit en action ou en parole.

Bref, le langage doit agir comme un filtre. Mais demander à Séléagodji Ahoomey-Zunu s’il connait cette définition de la diplomatie ou s’il en a une idée. Bien entendu que non. Il suffit de l’entendre parler pour s’en rendre compte. Aucun respect pour l’interlocuteur en face. Aucun pour ses adversaires politiques.

C’est par son arrogance qu’on reconnait le mieux le chef du gouvernement togolais. En dépit de son statut, Séléagodji Ahoomey-Zunu ne se comporte jamais comme tel. Ni devant ses interlocuteurs, ni devant ceux qui sont supposés être ses adversaires politiques. Il s’est toujours illustré par sa suffisance habituelle que beaucoup de Togolais lui connaissent. Une arrogance qui va bien au-delà des frontières togolaises.

Un exemple. Lors d’une récente visite en France où il était allé quémander le soutien des partenaires étrangers, Monsieur Ahoomey-Zunu s’était illustré de la plus désagréable des manières, suscitant l’indignation et la colère du Parti Socialiste français et du Parti de gauche. Il aurait déclaré à des interlocuteurs politiques en France que le Togo est un Etat souverain et n’a de leçon à recevoir d’aucune puissance étrangère. Et d’ajouter que l’opposition togolaise se réjouit de l’élection de François Hollande, issu du parti socialiste à la tête de la France, mais oublie que le parti socialiste, autant que l’UMP, ne sont pas loin des partis politiques au Togo et en Afrique, qui traînent les même crises et les mêmes tares. Il a par ailleurs soutenu son point de vue en donnant l’exemple de la dernière élection qui a eu lieu à l’UMP et dont les résultats ont provoqué des dissensions entre les candidats. Un exemple qu’il a d’ailleurs appuyé en faisant allusion aux crises répétitives qui ont lieu au sein de la gauche française. « Ce premier Ministre n’est pas à la hauteur. Il n’a rien, ni de diplomatique, ni de politique qui puisse permettre d’aller en profondeur des discussions sérieuses avec lui », a confié un politique a propos d’Ahoomey-Zunu.

Le même Ahoomey-Zunu s’en est pris encore une fois de plus au Parti socialiste français en fin de semaine dernière au cours d’une interview accordée à Radio France Internationale. A la question de savoir comment il réagit au communiqué rendu public par le parti de gauche français il y a deux mois, communiqué qui dénonçait la démocratie bafouée au Togo, le Premier ministre togolais a répondu en des termes presque injurieux et moqueurs indiquant que les socialises français ont suffisamment de problèmes aujourd’hui pour qu’il en rajoute.

« Ils ont un certain nombre de problèmes qu’ils règlent aujourd’hui. Vous savez, le Premier ministre français n’a pas pu assister jusqu’à la fin au Conseil national la dernière fois, en raison des problèmes sociaux. Il y a l’affaire Cahuzac… Tous ces problèmes font qu’aujourd’hui je ne voudrais pas en rajouter. Je ne réponds pas à la réaction des socialistes français », a declaré Ahoomey-Zunu. De quoi faire rougir la gauche française au pouvoir.

Il y a quelques mois, s’exprimant sur la situation de la presse dans son pays, lors d’une rencontre avec des journalistes de la sous-région, M. Ahoomey-Zunu n’a même pas daigné cacher ne serait-ce qu’un tout petit peu la haine viscérale qu’il ressent pour les journalistes togolais qui ne sont pas de leur camp. « La liberté de la presse est totalement garantie. Le Togo est un pays où l’on peut passer sa journée à insulter le chef de l’Etat sans être inquiété », disait-il avec mépris avant d’affirmer que la réflexion est lancée pour règlementer l’exercice de la profession.

« Nous avions voulu donner à la Haac la possibilité de sanctionner. Des acteurs de la presse privée s’y sont opposés. Mais nous allons rectifier tout cela. Dans les radios, des gens passent leur temps à régler des conflits personnels. Il existe une volonté de nuire à autrui, un excès de liberté. Ce qui tue la liberté. Les multiples séminaires et formations organisés à l’intention des professionnels n’ont pas servi. Pas de liberté sans responsabilité. En réalité dans notre pays, la presse est manipulée par des politiques », a-t-il laissé entendre. Malheureusement pour lui et à son grand désarroi, la tentative de musèlement de la presse orchestrée en complicité avec le ministre de la Communication et le président de la HAAC a échoué.

Et que dire de ce fameux débat organisé le 02 mai 2012 sur le plateau de la TVT avec Brigitte Adjamagbo-johnson de la CDPA et Jean Kissi du CAR. Débat au cours duquel Ahoomey-Zunu a démontré toute son impolitesse et sa suffisance.

A ce comportement très peu courtois, s’ajoutent les mensonges grotesques étalés par le Premier ministre sur la place publique. Toujours dans l’interview de Rfi, à la question de savoir si le mouvement des fonctionnaires n’est pas le signe d’un ras-le-bol, le chef du gouvernent répond que l’Etat n’a cessé d’augmenter le salaire des fonctionnaires depuis 2007. Que cherchent encore ces fonctionnaires à travers des mouvements de grève si tant est qu’on augmente leur salaire chaque année de façon significative. Et par-dessus tout, au lieu de reconnaitre l’échec du gouvernement, l’ancien militants de la CPP trouve que les manifestations du monde scolaire observées la semaine passée et surpassée sont le fait de personne mal intentionnées qui ont voulu utiliser les élèves pour faire des réclamations qui ne sont pas les leurs. Une insulte à peine voilée à l’intelligence des Togolais. A croire que ces derniers ne sont pas suffisamment éclairés pour savoir quoi revendiquer si les choses ne vont pas bien.

Voilà la raison pour laquelle on peut dire sans le risque de se tromper qu’Ahoomey-Zunu a échoué sur tous les fronts. Aussi bien sur le front social que politique. Il a sans doute déjà échoué dans la mission que lui a confiée le chef de l’Etat en le nommant en juillet 2012. Entre autres celui de relancer et d’approfondir le dialogue démocratique et de protéger les citoyens togolais contre l’insécurité. Il ne peut en être autrement. Car, l’histoire retiendra que c’est quand il était à la primature que deux pauvres élèves ont été assassinés par les forces de l’ordre.

Gilbert Bawara : la boîte à injures



On le voit rarement sur le front social. C’est en politique que l’actuel ministre de l’Administration territoriale se fait sentir le plus. Et comment ? A travers ses fréquentes et maladroites diatribes qu’il envoie à l’opposition.

La première cible de Gilbert Bawara a été Gilchrist Olympio. Au moment où ce dernier n’avait pas encore rejoint le pouvoir et était le président de l’UFC d’antan, la vraie. Après l’avoir traité de « contrebandier », l’ex-ministre de la Coopération traitera le leader de l’UFC d’ « amnésique ». Sans compter les autres propos désobligeants qu’il a tenus à l’endroit de celui qui est devenu aujourd’hui leur ami politique. Gilchrist Olympio était devenu le cure-dent qu’il mâchait à longueur de journée. Mais aujourd’hui, ils sont dans le même camp. La politique est ainsi faite.

Une autre cible régulière et privilégiée du natif de Siou est le « Collectif Sauvons le Togo » dont il a qualifié les sympathisants de « badauds » l’année dernière au cours d’une sortie médiatique qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Monsieur Bawara n’était pas content de la démonstration de force de ce Collectif dans les rues de Lomé alors qu’il était nouvellement crée. Alors que beaucoup de Togolais épris du changement se reconnaissent dans ce Collectif, monsieur Bawara estime pour sa part qu’il ne représente rien.

Aventuriers politiques, semeurs de troubles, tels sont entre autres les termes que ce ministre des dernières heures aime utiliser pour qualifier ses adversaires qu’il ne traite avec aucun égard. C’est pourquoi il est devenu, à son tour, l’homme politique le plus insulté de la République. Cible à la fois de la société civile, de la presse, des partis politiques, des manifestants et même des membres de son propre camp, M. Bawara n’est, d’après certains, pas digne de faire parti d’un gouvernement qui dit vouloir réconcilier les Togolais. C’est sans doute à cause de ses errements et de son manque d’égard que le dialogue tant souhaité par l’opposition avant les prochaines législatives a du mal à démarrer.

Solitoki, Hamadou et Broomh



Le premier, Esso Solitoki, aurait dû rester secrétaire général de son RPT. Car, il a sans nul doute fait un passage raté à la tête du ministère de la Fonction publique et des Réformes administratives. Le temps passé avec ce portefeuille ne lui a permis d’améliorer ni les conditions de vie, ni les conditions de travail des agents de l’administration publique. Aujourd’hui, ils en sont encore à revendiquer des choses qu’on devait en principe leur donner depuis. Avec toutes les conséquences que cela engendre.

Par ailleurs, les quelques mois que le ministre Solitoki a fait à la tête du ministère des Enseignements primaire et secondaire ne sont pas plus reluisants. Réformes difficile à faire ou mal opérées et décisions hasardeuses ou à la sauvette en constituent le terreau.

Quant aux deux autres, les ministres Hamadou et Broohm, ce sont des transfuges de la société civile devenu aujourd’hui plus zélés que les RPTistes pure souche.

Octave Nicoué Broohm n’est pas lui aussi des plus diplomatiques. On sent en lui une certaine suffisance. Même s’il est loin d’égaler son patron le Premier ministre. On se rappelle encore de ses propos très peu respectueux tenus en début d’année 2012 lors des négociations avec les travailleurs en vue de la revalorisation de leur salaire. Il était alors ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. « Les travailleurs doivent savoir que le Togo n’est pas un pays pétrolier pour augmenter les salaires n’importe comment », avait-il dit, soulevant l’indignation des agents de l’Etat. Pour un ancien syndicaliste, c’est plutôt étonnant.

Même si Hamadou Yacoubou est beaucoup plus posé, il n’est pas non plus des plus saints. Il a raté le coche la fois dernière lors du mouvement de grève initié par la Synergie des Travailleurs du Togo en affirmant qu’ils ne négocieront jamais avec cette dernière. Mais en fin de compte, il a fini par se faire à l’idée que la STT était le seul interlocuteur crédible avec qui négocier pour mettre un terme au mouvement de grève des travailleurs.

Voilà autant d’hommes qui entourent Faure Gnassingbé, mais qui ne lui sont pas si utiles parce que n’usant pas de bonne manières dans leur comportement. Sinon, une solution aurait depuis longtemps été trouvée non seulement aux crises politiques que connait le pays, mais aussi aux crises sociales qui le paralysent.

La diplomatie repose majoritairement sur la connaissance et l’écoute que l’on a des autres. Elle nécessite une vraie empathie mais aussi une bonne compréhension de comment ils fonctionnent. La diplomatie est utile lorsque l’on cherche à créer ou à maintenir des relations saines entre les individus, mais aussi lorsque l’on souhaite revenir à des relations normales après un conflit. Car une communication réussie, c’est la possibilité de développer une relation de confiance et donc de gagner en efficacité. Lorsque votre interlocuteur se sent écouté et respecté, il sera naturellement plus enclin à répondre favorablement à une demande, être réceptif à un argument.

Mais quand à la place de cette diplomatie, on instaure le langage de l’arrogance, de l’irrespect, de l’impolitesse et du mépris pour les autres, cela ne peut qu’engendrer des conséquences tragiques à l’instar de celles qu’on a eues lors du mouvement de grève des travailleurs. Ces hommes sont des poisons qui empêchent Faure Gnassingbé de mener une bonne politique.

Rodolph TOMEGAH

L’Indépendant express N° 252 du 23 avril 2013

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