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Sur les cartons d’invitation adressés à tous les invités pour prendre part à la cérémonie de la rentrée solennelle de la Cour Suprême, son nom était bien mentionné.
 
Dans le programme, il était prévu qu’il prononcerait un discours révolutionnaire, ou plutôt un discours de rupture qui va trancher d’emblée avec les pratiques moyenâgeuses que l’on observe encore dans le fonctionnement de la justice togolaise.
 
Mais, à l’ultime minute du début de cette cérémonie qui a eu lieu ce jeudi dans les locaux de la Cour Suprême, Faure Gnassingbé a fait un faux bond, tout à fait magistral.
 
Les magistrats de cette cour tout comme l’ensemble des sommités juridiques ainsi que les ambassadeurs et cadres de l’administration présents à cette cérémonie ont vite fait de constater, de guerre lasse, le vide laissé par le chef de l’Etat.
 
Ni lui, ni son Premier Ministre n’était donc présent à cette cérémonie combien capitale pour la justice togolaise. Seul le garde-des-sceaux et certains de ses collègues étaient là.
 
Le cas du Premier Ministre est tout à fait tolérable, car depuis sa sortie hasardeuse et hâtive pour présider la cérémonie du bilan de l’ITIE avec partenaires et où il a présenté une voix de crapaud et l’image d’un homme suffisamment déchargé, il dû comprendre par lui-même ou sur conseil des gens, qu’il doit se replier et faire un service minimum en attendant de retrouver toutes ses facultés après la terrible maladie qui l’a mis à terre trois mois durant.
 
Mais personne ne peut comprendre l’absence du Chef de l’Etat à cette cérémonie d’autant qu’il avait marqué son accord de principe pour patronner cette cérémonie et le comité d’organisation lui avait déjà fait l’ébauche du fameux discours révolutionnaire qu’il était censé prononcer à cette occasion.
 
Qu’est-ce qui a pu se passer pour que le fils du père ait été obligé de briller par son absence à cette rentrée solennelle des juges de la Cour Suprême du Togo en ce moment crucial où le besoin pour lui de se faire entendre sur les questions de justice reste entier ?
 
A-t-il eu honte de se faire ridiculiser par un discours instructif, alors que tout le monde au Togo a su, que le palais qu’il dirige a eu, des mois durant, à manigancer et ficeler des dossiers signalés pour contraindre les juges à opérer des déviations juridiquement et moralement insoutenables et qui ont fini par plonger la justice dans l’abîme et l’opprobre ?
 
A-t-il eu peur de dire des choses qui vont finir par le rattraper à nouveau lorsqu’il sera obligé par la force des choses de demander, encore une fois, des services viles à cette justice ?
 
Personne ne peut réellement répondre à ces questions si ce n’est Faure Gnassingbé lui-même.
 
Mais il y a une certitude et le HCDH l’a clairement dit dans son rapport thématique de décembre, la justice togolaise souffre des manquements et dysfonctionnements graves et même intolérables dans un Etat qui se dit démocratique.
 
Il faudra impérativement corriger toutes ces tares et ces pratiques immorales et irresponsables dont notre justice se rend de fait coupable. Mais qui va les corriger si ce ne sont les initiateurs et pilotes des dossiers signalés qui font des pressions monstres sur les juges ? Et bien entendu, tous les togolais savent d’où viennent ces dossiers qui mettent constamment mal à l’aise les juges qui sont pourtant formés pour dire le droit. Quelle honte !
 
Voilà pourquoi c’est avec beaucoup de pitié que les togolais suivent Koffi Esaw, le nouveau garde des sceaux qui, pour sauver la face, ne manque pas d’occasion pour faire sa prêche aux juges leur demandant, par pure forme, de laisser Dieu les guider dans les décisions qu’ils sont appelés à rendre au nom de Dieu et du peuple…C’est à croire qu’il est naïf, mais en réalité c’est plutôt un hypocrite…
 
En réalité les togolais ne demandent pas le ciel ou la lune à leurs dirigeants. Simplement qu’ils fassent le bilan de leur fameux programme de modernisation de la justice.
 
Qu’ils fassent le bilan des nombreux discours qui étaient prononcés déjà en 2005 et qui promettaient une révolution systématique dans le corps judiciaire.
 
Et dire qu’à la sortie du rapport thématique du HCDH sur la justice togolaise, des âmes légères ont encore cru devoir rappeler aux togolais, tous ces vœux pieux, parfaitement illusionnistes pour tenter de se défendre !!! Vraiment le ridicule ne tue pas dans notre pays.
 
Mais soyons au moins honnêtes pour reconnaître qu’à 85%, les problèmes du pouvoir de Faure Gnassingbé viennent fondamentalement de la manière légère et hideuse avec laquelle ce pouvoir contraint la justice togolaise à fonctionner.
 
En ce XXI ème siècle, la question des droits de l’homme et de la justice est primordiale dans toute République. Et malheur à tout Chef d’Etat qui se trompe d’époque pour initier encore ces pratiques que l’on observe permanemment dans le fonctionnement de notre justice.
 
togoinfos
 

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