Voici la réponse de l’ANC au courrier d’invitation du gouvernement pour un dialogue inclusif


 
A
Monsieur le Ministre
de l’Administration Territoriale,
de la Décentralisation
et des Collectivités Locales
 
Lomé, le 25 Février 2011
 
Monsieur le Ministre,
 
Nous accusons réception de votre lettre référence 0020/MATDCL-CAB en date du 24 février 2011 par laquelle vous nous transmettez une invitation du chef de l’Etat à le rencontrer.
 
Vous faites état dans cette lettre de la volonté de M. Faure Gnassingbé « de maintenir avec l’ensemble de la classe politique et des forces vives de notre pays, un dialogue inclusif et permanent ».
 
Dans un pays où la Constitution et les lois de la République sont respectées, dans un pays où la volonté exprimée par le peuple à travers les consultations électorales est scrupuleusement respectée, une rencontre entre le pouvoir en place et les représentants des forces politiques est tout à fait normale.
 
La situation ci-dessus décrite n’est malheureusement pas le cas au Togo. Nous le déplorons
 
Notre pays est en effet un Etat atypique dans lequel l’autorité qui vous transmet une invitation du chef de l’Etat à le rencontrer pour dialoguer est la même qui interdit des activités régulières de votre parti notamment les marches et les meetings à l’intérieur du pays ainsi que les manifestations publiques en semaine (lettre n°0019 /MATDCL/ MSPC/ CAB). C’est tout le paradoxe de votre gouvernance.
 
Des dialogues, notre pays en a connus.
 
En nous référant à ce que votre parti et l’Etat que vous contrôlez depuis plus de quarante (40) ans ont fait des décisions de ces dialogues, il ne nous est pas possible de répondre favorablement à votre invitation sans un certain nombre de préalables, notamment :
 
– la mise en œuvre de l’APG et des recommandations des Missions d’Observation Electorale de l’Union Européenne des législatives de 2007 et de la présidentielle de mars 2010 ;
 
– le respect de la Constitution et des lois de la République par le retour à l’Assemblée nationale des députés arbitrairement exclus et ainsi privés de leur mandat ;
 
– la reconnaissance de l’existence du groupe parlementaire ANC;
 
– le respect des droits et libertés des citoyens par la cessation des entraves aux activités des partis politiques à Lomé et à l’intérieur du pays, y compris les jours ouvrables ;
 
– le respect des droits et libertés de la presse par la levée des interdictions abusives et arbitraires qui frappent les médias privés, en l’occurrence, les radios X Solaire, Metropolys et Providence et le journal Tribune d’Afrique ;
 
– la libération sans conditions des personnes arbitrairement détenues dont un député encore protégé par son immunité parlementaire;
 
– la restitution ou le remplacement de tous les matériels, documents et sommes d’argent ainsi que des motos et vélos saisis à Lomé, à Sokodé et dans d’autres localités.
 
– le désarmement et le démantèlement des milices RPT récemment réactivées pour semer la terreur ;
 
Si ces préalables sont satisfaits, l’ANC est disponible pour engager un dialogue portant notamment sur les reformes politiques et institutionnelles de même que sur le contentieux électoral né de la présidentielle du 04 mars 2010.
 
Votre gouvernement doit faire la preuve de sa volonté d’avoir avec nous un dialogue franc et sincère. L’ANC vous observe et demeure attentive à vos actes.
 
Elle vous demande de transmettre fidèlement au chef de l’Etat le contenu de la présente lettre.
 
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération distinguée.
 
Jean-Pierre Fabre

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