J’ai été l’un des premiers Togolais à apprendre l’affaire des 30 000 000 FCFA reçus par les leaders de la défunte coalition C14 des mains d’Alassane Ouattara. C’est l’un des leaders de la coalition qui me l’a révélé en face-à-face, quelques jours après leur rencontre avec le président ivoirien. Malgré ses tentatives de justification (il a évoqué entre autres la nécessité de rependre les manifestations populaires alors que la coalition était complètement en manque de fonds), je ne lui ai pas caché ma totale désapprobation.

Lorsque, quelques semaines après, l’affaire avait éclaté au grand jour, j’ai décidé de garder le silence, malgré les insistances de quelques amis activistes me sommant d’en parler publiquement pour que le peuple découvre la forfaiture de nos leaders. J’ai gardé le silence jusqu’à ce que l’un des leaders reconnaisse les faits et que les autres avouent.

Je n’ai pas gardé ce secret parce que l’acte posé par ces leaders m’avait plu ou que je voulais les protéger. Je l’ai fait parce que je ne voyais pas en quoi enfoncer une opposition déjà à terre aidait la cause que nous servons. Je ne voulais pas, en cherchant à taper sur l’opposition, finir par servir la dictature.

Beaucoup d’activistes, de journalistes et de leaders d’opinion sincères gardent au fond d’eux de lourds secrets sur chacun de ces leaders de l’opposition (et aucun d’eux n’est propre !), pas parce qu’ils les aiment ou les protègent, mais parce qu’ils ne veulent pas offrir des munitions gratuites à l’adversaire.

Qu’on se le dise : le Dr Messan Agbéyomé n’est jamais entré dans mon estime. Parce que son histoire avec Eyadema et la dictature togolaise n’aide aucun Togolais de bonne foi à l’aimer. Et je ne ferai jamais partie de ceux qui aujourd’hui veulent le peindre en blanc et l’absoudre de ses péchés passés, fût-il l’élu d’un prélat.

Mais sur l’échelle de mon aversion, Faure Gnassingbé est infiniment au-dessus de Messan Agbéyomé. Donc je ne finirai pas, dans mon rejet du second, par faire le lit au premier qui reste le réel problème du Togo.

Et justement aujourd’hui, continuer à critiquer, insulter, ressasser le passé d’Agbéyomé, c’est aider Faure Gnassingbé. Et si on le fait c’est soit parce qu’on est un sombre individu qui de la main gauche lève une pancarte sur laquelle est écrite « Alternance » et de la main droite empoche les liasses de billet de la dictature, soit on est un cynique qui profite du chaos sous la casquette de militant pour l’alternance.

Le 22 Février, si, dans ces conditions opaques d’organisation, Faure Gnassingbé et son armée tribale proclament les résultats qu’ils ont déjà et que nous connaissons tous, et qu’on se retrouve avec un peuple divisé sur l’essentiel, incapable de réclamer d’une seule voix sa victoire, ce n’est pas Gabriel Messan Agbéyomé qui aura perdu, c’est nous tous qui désirons l’alternance qui auront encore perdu.

David Kpelly

KPELLY David

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